BASE FÉDÉRALE DE TRÉBEURDEN UNE FORMATION UNIQUE EN FRANCE

le 26/03/2015

TREBEURDEN 3La base fédérale nationale de Trébeurden forme, depuis début janvier, des scaphandriers en Classe 2 Mention A avec un titre professionnel agréé par le ministère du Travail. C’est le seul centre en France à proposer cette formation.

Le samedi 31 janvier, lors de l’assemblée générale du comité interrégional de Bretagne Pays de Loire qui se déroulait au Pôle Phoenix de Pleumeur-Bodou en présence de Jean-Louis Blanchard, l’occasion a été donnée de présenter aux acteurs régionaux de la FFESSM, la nouvelle formation, les nouveaux locaux du CAP ainsi que les outils et moyens mis en place par la base fédérale de Trébeurden.

Première plongée en carrière

Température de l’eau 7 °C, température extérieure, guère plus… Dans la carrière gérée par le CAP Trébeurden, c’est la première grosse plongée pour les douze stagiaires de la première promotion de scaphandriers de la base fédérale. Pas d’appréhension mais de la concentration.

Depuis plus de deux heures, l’équipe de quatre formateurs, dont Gérard Gourlay le coordonnateur de la formation, est à pied d’œuvre. La mise en place est lourde. Plusieurs camionnettes de matériel, un stock de bouteilles tampons, des dizaines de mètres de narguilé, de câbles, des combinaisons étanches, des casques intégraux, des postes de réception des images envoyées par chaque plongeur. Bientôt des véhicules « Régie » viendront étoffer le parc.

Un métier qui fait rêver

TREBEURDEN 2Assis sur d’imposantes chaises métalliques, les premiers plongeurs se préparent. L’époque n’est plus à la représentation du scaphandrier à la Jules Verne avec d’énormes équipements. Les bottes plombées sont toujours là, mais une combinaison étanche en matière souple a remplacé l’équipement épais et encombrant. Seul le casque reste vraiment impressionnant ; il est aujourd’hui plus petit mais équipé d’une caméra et d’un projecteur, il pèse tout de même 10 kg ! Trois personnes préparent le plongeur : « Lors d’un vrai chantier, chaque plongeur tourne sur chaque poste ; l’un assure la sécurité, l’autre plonge et le troisième réceptionne les images tout en guidant le plongeur. » Une solidarité de corps s’installe aussi. Le métier reste dangereux malgré les avancées technologiques. « Pour autant, c’est un métier qui fait toujours rêver », souligne Gérard Gourlay.

Unique en France

Depuis le 5 janvier, les stagiaires sont en préparation du diplôme de scaphandrier à Pleumeur-Bodou dans les locaux du CAP au Pôle Phoenix. Cours théoriques alternent avec la pratique. « Nous sommes aussi en relation avec des lycées de formation professionnelle, car ces scaphandriers doivent aussi savoir travailler à couler du béton ou souder en profondeur. C’est la particularité de ce diplôme, et nous sommes les seuls à le préparer en France » souligne avec fierté et raison, Laurent Boyer, le directeur du CAP. Les seuls aussi à être reconnus par le ministère du Travail.

Jusqu’en 2012, uniquement l’INPP à Marseille préparait au CAH Classe 2 Mention A. Cette formation additive représentait une niche que les responsables du CAP ont voulu conquérir. Deux ans de dossiers et de rencontres pour enfin obtenir, en juillet 2013, l’agrément. Ce qui fait du CAP Trébeurden, le seul centre à valider ce diplôme en plus du certificat de scaphandrier, et à préparer à la formation de toutes les disciplines subaquatiques : de la plongée loisir (du baptême au MF2) à la plongée professionnelle en passant par la formation d’état des moniteurs de plongée.

Dans les grands fonds

Scaph-2Il y a quelques années, la base fédérale s’était déjà distinguée dans la formation des plongeurs pêcheurs de coquilles Saint-Jacques, ou encore récemment avec la formation de scaphandriers spécialisés dans la recherche archéologique en collaboration avec l’Adramar. Cette fois, c’est plus technique encore.

Les sociétés de travaux publics et du bâtiment cherchent des personnes spécialisées. La demande est là, même si pour les travaux dangereux des grands fonds, les robots ont bien souvent remplacé l’homme ; mais pour tous les travaux d’entretien et de précision, il faut des plongeurs spécialisés. D’où la nécessité de bien les préparer et de leur donner une formation complète et améliorer ainsi leur employabilité et leur sécurité. Une formation qui coûte à chaque stagiaire environ 13 500 €. Pour le CAP Trébeurden, cela a représenté un investissement de 350 000 € en matériel et l’embauche de quatre formateurs spécialisés. Ils ont pour deux d’entre eux, dirigé l’école des travaux sous-marins de la Marine nationale, et ont tous une grande expérience du terrain (il y a quelques mois, ils étaient encore sur des missions…) ; rien que du haut niveau. Des investissements importants dont notamment, un caisson de décompression de six places (qui servira également comme outil pédagogique à nos plongeurs fédéraux). « Tous ces investissements doivent permettre de toujours améliorer nos prestations, qu’elles soient professionnelles ou fédérales ; les dix salariés à temps plein de la base fédérale ont cette mission » rappelle Frédéric Cuisance, le président de l’association CAP Trébeurden.

Un diplôme d’état

Soutenus par l’agglomération, Lannion Trégor Communauté, par la mairie de Trébeurden, le GRETA des Côtes d’Armor, Laurent Boyer et toute l’équipe ont été un peu partout, défendre le projet. Un résultat payant malgré toutes les embûches glissées sous leurs pieds.

Les bâtiments et travaux publics, les champs pétroliers offshore, mais aussi et surtout les environnements difficiles comme les stations d’épuration, les barrages ou les centrales nucléaires, ont besoin des services de scaphandriers formés aux travaux sous-marins. C’est ce qui attend les douze stagiaires venus de toute la France et même de l’étranger. Leur formation va durer trois mois avant d’être les premiers à décrocher leur titre de scaphandrier (diplôme d’État) et leur CAH Classe 2 Mention A.

Pour le CAP Trébeurden, c’est un gros investissement qui s’avère probant. Les trois prochaines sessions affichent quasiment complet avec une forte demande, alors que la première n’est pas terminée ! Preuve qu’il manquait dans le panorama de la plongée professionnelle un vrai diplôme qualifiant et réalisé par des formateurs expérimentés.

La FFESSM, par l’intermédiaire de la base fédérale nationale de Trébeurden, et la Bretagne, a désormais le centre de préparation à tous les métiers de la plongée le plus performant de France.

Christophe Ganne

Commentaires

Aucune commentaire actuellement

Écrire un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *