le 22/10/2021 publié dans le N°298 de Subaqua
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Camille Heitz
par Camille Heitz

Passionnée très tôt par la nage avec palmes (NAP), Camille Heitz est devenue une championne hors norme, à la fois par son palmarès et par sa longévité au plus niveau. Tout en menant parallèlement une carrière professionnelle réussie, avec des études d’ingénierie, pourtant pas vraiment compatibles avec la vie d’une sportive membre de l’équipe de France. Pour Subaqua, elle revient sur son parcours, détaillant en toute sincérité comment la pratique de la NAP de compétition a transformé sa vie, sans occulter quelques passages difficiles.

Quelques mots de présentation et sur tes études ?

OLYMPUS DIGITAL CAMERAJe m’appelle Camille Heitz et j’ai 35 ans. Je suis originaire de Saint-Raphaël dans le Var. C’est là que j’ai commencé à nager et suis tombée sous le charme de la NAP, avec cette sensation de légèreté ressentie dans l’eau, de vitesse et de plaisir de glisser. Très vite, dès l’âge de 13 ans, je suis passée de la pratique loisir à la compétition. J’ai quitté ensuite Saint-Raphaël après le bac pour rejoindre l’INSA à Toulouse pour intégrer un cursus spécifique permettant aux sportifs de haut niveau de suivre une formation d’ingénieur. Diplôme d’ingénieur en génie civil en poche en 2009, je me suis installée dans la capitale pour effectuer mon stage de fin d’études dans une entreprise spécialisée dans les monuments historiques. J’y suis en fait restée dix ans avant de quitter Paris pour revenir dans le Sud, à Antibes où je vis depuis bientôt deux années. Étudier puis travailler tout en s’entraînant en piscine régulièrement, sans compter les déplacements lors des compétitions, n’a évidemment pas été facile à concilier. Mais j’ai constaté que pas mal de grands champions avaient eux aussi comme point commun d’avoir des agendas très remplis. Je pense que mener plusieurs projets de front permet d’avoir une vie plus saine, qu’une vie tournée exclusivement sur le sport.

Tu as arrêté ta carrière sportive en 2015 à 29 ans, soit après 16 ans de compétition au plus haut niveau. Ton palmarès sportif doit être conséquent, non ?

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J’ai, en effet, pratiqué la nage avec palmes pendant 16 ans dont 14 en équipe de France. J’ai à mon actif plusieurs titres de championne de France, deux titres de championne d’Europe, deux titres de vice-championne du Monde et deux médailles aux Worldgames dont une en or. J’ai détenu huit records de France senior dont cinq sont encore actifs, sans oublier un record d’Europe que j’ai conservé pendant dix ans. Je tiens à préciser que c’est grâce à l’équilibre que j’avais établi entre le sport et ma vie socio-professionnelle que j’ai pu rester aussi longtemps une compétitrice. Bien que, comme je l’ai souligné précédemment, il n’ait pas été pas toujours simple de jongler entre les études et le sport de haut niveau. Avoir intégré un cursus d’ingénieur adapté m’a permis de m’offrir un emploi du temps sur mesure, et partager la vie d’athlètes qui ont fait les mêmes sacrifices que moi, avec le double objectif de la réussite scolaire et sportive.

Outre toutes ces récompenses, peux-tu, avec le recul, détailler ce que la pratique de la NAP t’aura apporté de bénéfique ?

Tout d’abord, je dirais qu’avant ma découverte du sport de haut niveau, j’étais assez introvertie, timide, sûrement un peu effacée. Aujourd’hui, ma personnalité est quasiment à l’opposé de la personne que j’ai été. Et ceci, en toute objectivité, je le dois principalement au sport et à la compétition. Ensuite, la NAP m’a aidée à m’assumer. Ado, j’étais complexée car en léger surpoids. Être tout le temps en maillot m’a appris à m’accepter, à diminuer mes complexes. Ce qui ne m’a pas empêchée, cependant, d’être la victime de remarques déplacées sur mon physique. Des jalousies suscitées notamment lorsque je montais sur les podiums, et j’ai eu la chance d’en gravir quelques-uns dans ma carrière ! Enfin, pratiquer la NAP régulièrement et avoir des objectifs de performance m’ont appris la rigueur, le goût de l’effort et le dépassement de soi, ainsi que l’ambition et l’humilité.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 298 Abonnez-vous

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