Des bijoux dans leur écrin !

le 03/01/2014 publié dans le N°252 de Subaqua
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Yves Thévenet
par Yves Yves Thévenet

Dans le monde merveilleux des coquillages, les porcelaines dépassent de loin tous les autres. Rencontrées d’abord dans les vitrines des marchands ou des collectionneurs, l’envie vient ensuite de les retrouver vivantes dans leur milieu naturel. Alors, on s’aperçoit, en plus de la coquille splendide, que l’animal déploie un superbe manteau digne des plus grands couturiers. Observant encore davantage, on finit par découvrir des porcelaines immobiles, drapées dans leur manteau, leur pied largement déployé. Et, sous ce pied, comme une dentelle, d’autres joyaux : leurs œufs ! Un reportage d’Yves Thévenet. Photos de l’auteur.

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Arrivé en Nouvelle-Calédonie en 1984, j’ai tout de suite été saisi par la beauté des devantures des curios, ces boutiques spécialisées qui vendent des souvenirs typiques du Caillou* et parmi eux les merveilles prélevées du lagon.

La diversité des coquillages qu’on y trouve y est frappante, au rang desquels, des porcelaines particulièrement splendides. Très vite, la fascination que j’ai éprouvée pour elles m’a amené à vouloir toutes les posséder, tant les dessins, les coloris rivalisaient d’originalité et de splendeur.

La Calédonie compte environ 70 espèces, plus ou moins rares, différenciables par la variété des tailles, des coloris, et des robes. Les porcelaines se distinguent des autres coquillages par la brillance exceptionnelle de leur coquille.

En retournant ce qui est en fait l’exosquelette de l’animal apparaissent deux rangées de dents, élément fondamental pour affiner la différentiation entre deux espèces proches. J’ai voulu savoir si son nom porcelaine était lié à sa fragilité et son aspect lisse et brillant. Mais l’origine du mot est moins poétique : cela vient du latin porcella qui signifie truie. La forme du coquillage porcelaine ressemble à la vulve de la truie.

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Quant à l’origine du mot porcelaine (de Limoges, de Sèvres…), elle provient du coquillage porcelaine. Quand les premiers vases en porcelaine arrivèrent de Chine, les Européens pensèrent (à tort) qu’ils étaient fabriqués à partir de coquillages (porcelaines) broyés. Donc c’est le contraire de ce qu’on aurait pu croire !

 

Un défilé de mode subaquatique

Après avoir fréquenté les magasins spécialisés et les collectionneurs, j’ai voulu les récolter moi-même. Mais où les trouver ? La Nouvelle-Calédonie qui possède le plus grand lagon du monde est une terre de coquillages. On les trouve un peu partout, reste à déterminer leur biotope.

Les porcelaines sont des mollusques gastéropodes, donc assimilées à des escargots, qui vivent dans la mer, souvent à faible profondeur. Elles sont cachées sous les cailloux ou dans les récifs où elles attendent la nuit pour se déplacer discrètement. On peut les ramasser en soulevant les pierres dans l’eau, ou hors de l’eau à marée basse.

L’euphorie de la première découverte passée, on s’aperçoit qu’il y a un animal, qu’il faudra tuer et sortir de la coquille sans abîmer celle-ci. Commence alors l’apprentissage de méthodes plus ou moins efficaces, plus ou moins malodorantes. La collecte peut aussi se faire en apnée, muni d’un masque et d’un tuba.

Les porcelaines sont généralement herbivores, certaines mangeant des éponges et même des crustacés. Pour les découvrir, j’ai donc appris à observer leurs mœurs et leur alimentation. J’ai alors découvert un animal vivant pour lequel j’ai éprouvé de plus en plus d’intérêt. Mes collectes se sont faites de plus en plus rares et les clichés que j’ai pu réaliser ont peu à peu remplacé les trophées. Ma collection est devenue alors photographique.

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D’observations en photos, je me suis aperçu que la beauté de la coquille de l’animal n’était rien comparée au manteau sous lequel il se cache habituellement. Normalement, le gastéropode recouvre entièrement sa coquille avec son manteau et possède un pied puissant. Lorsqu’on le touche, il se rétracte, pied et manteau, pour se protéger dans sa coquille.

 

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 252 Abonnez-vous

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