HAY   PELAGOS AuX GALÁPAGOS !

le 23/06/2017 publié dans le N°273 de Subaqua
CROISIERE GALAPAGOS 273-UNE
Vincent Maran
par Vincent Maran

Les Galápagos, patrimoine mondial de l’UNESCO… J’en ai rêvé pendant des années, et quand vient le jour où l’avion se pose sur le tarmac de l’archipel, je porte en moi une sourde inquiétude. Et si, au moment de concrétiser mon rêve, à force de trop espérer, j’allais au-devant de quelques désillusions ? L’avenir me prouvera très rapidement que mes craintes étaient inutiles ! Par Vincent Maran. Photos de l’auteur.

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Une équation en Équateur

L’équation à résoudre se présente ainsi : vous prévoyez une croisière plongée et vous avez deux fois plus de personnes intéressées par ce séjour que de places disponibles sur le navire ! Comment faire quand la quasi-totalité de ces personnes, essentiellement des amis, a répondu en un temps record à une proposition qui est, il faut le reconnaître, des plus alléchantes ? Il s’agit d’un séjour aux Galápagos qui est proposé à un prix très attractif et avec des objectifs bien précis : un maximum de plongées à Wolf et Darwin, les sites les plus originaux de l’archipel, en compagnie de plongeurs pour un bon nombre très curieux de vie marine et intéressés par les prises de vues subaquatiques… Après un petit moment de réflexion l’équation a été résolue ainsi : ne pas proposer un mais deux séjours, et se « sacrifier » pour encadrer soi-même chacune des croisières ! Il faut près de deux jours entre le moment où on quitte la France et celui où on arrive à bord du navire de plongée ancré devant les quais de Puerto Ayora, la principale ville de l’île de Santa Cruz, au cœur de l’archipel des Galápagos. Le trajet aérien n’étant pas particulièrement bon marché, il peut être évidemment tentant de profiter d’un séjour plongée pour réaliser ensuite un circuit naturaliste « terrestre » ou même pour refaire une autre croisière… Chaque croisière comportant 19 plongées, il y a déjà de quoi avoir un très bel aperçu des fonds et de la faune particulièrement diversifiée des Galápagos, et ceci peut très bien suffire à faire largement le bonheur des plongeurs les plus exigeants !

Réadaptation avec ailerons

On nous avait prévenus : il ne faut pas hésiter à charger la ceinture de plombs… Nos blocs sont en alu, et nous avons pour la plupart des combinaisons de 7 mm d’épaisseur de Néoprène car certains courants peuvent nous amener à rencontrer des eaux plutôt fraîches, même sous l’équateur. Les gros plombs qui nous sont fournis sont marqués de chiffres qui surprennent certains plongeurs : « 4 », désignant 4 livres, et non pas 4 kilogrammes ! La grande majorité des plongeurs, malgré l’avertissement, reviendra à la « panga », le nom local du Zodiac, pour ajouter des plombs à la ceinture au début de la plongée de réadaptation. Sitôt le canard effectué, deux requins croisent notre route le long d’un petit tombant ! Il ne s’agit « que » de requins à pointes blanches, mais leur accueil est apprécié. D’autres plongeurs auront même droit à la visite, relativement furtive durant cette plongée, d’une otarie des Galápagos. Les fonds observés durant notre première immersion sont très originaux pour une plongée de type « tropical ». Dans une eau d’une visibilité assez réduite (nous aurons bien mieux par la suite), nous découvrons des éboulis rocheux assez peu colonisés par la vie fixée mais abritant une belle variété de poissons qui nous sont quasiment tous inconnus. Enfin, j’ai le plaisir d’avoir en face de moi des bancs de chirurgiens de la famille des Prionurinés, caractérisés par la présence de plus de deux scalpels de chaque côté du pédoncule caudal, alors que les chirurgiens et les nasons n’en ont qu’un ou deux.

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Ces poissons, nommés « chirurgiens queue de scie » sont très rares dans d’autres mers, mais ce sont ici les chirurgiens les plus abondants. Il s’agit de l’espèce simplement nommée chirurgien barbier – deux métiers autrefois exercés par la même personne ! (Prionurus laticlavius). D’une taille supérieure à la moyenne de leurs proches cousins, ils évoluent en petits groupes à proximité des fonds où se développent les algues qu’ils broutent quasiment en permanence. Prenant davantage de profondeur, nous voyons les algues devenir plus rares. De place en place, quelques éponges, des petits madréporaires, des mollusques et des vers fixés, mais en quantité modeste. On remarque très vite et avec plaisir de superbes poissons anges à barre blanche nommés en français aussi, et de manière trompeuse, « demoiselles royales » (Holacanthus passer). Il ne s’agit pourtant pas de demoiselles mais bien de poissons anges, ils sont d’ailleurs assez peu farouches et nous découvrirons par la suite qu’ils jouent un rôle original et très intéressant dans l’écosystème de l’archipel. De nombreux labres, parfois de belle taille, évoluent à proximité du fond. Certains, les labres mexicains (Bodianus diplotaenia) sont très bossus frontalement, tout comme certains gros perroquets rapidement nommés « perroquets à bosse » alors qu’ils appartiennent à une espèce différente de celle qui peut être observée dans la partie ouest de l’océan Indien et qui a été bien popularisée sous ce nom. Ici, il s’agit des perroquets bossus (Scarus perrico), moins volumineux que leurs proches parents, mais assez impressionnants toutefois. Parmi les autres poissons que nous découvrons durant cette plongée, l’un d’eux nous intrigue particulièrement. Il s’agit d’un poisson très massif, posé sur le fond, et à la robe particulièrement chamarrée comme le sont les soieries persanes. Il n’est pas trop farouche et on peut l’approcher d’assez près. Je serai étonné de découvrir, grâce à la documentation que nous avons emmené, qu’il appartient au groupe des poissons faucons, tant sa taille et son allure sont différentes de celles des poissons faucons que nous connaissons déjà. Ce géant dans son groupe est nommé poisson faucon hiéroglyphe (Cirrhitus rivulatus).

Danse avec les otaries

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À Cousin’s rock, première escale après la plongée de réadaptation, notre immersion commence par une rencontre avec une raie aigle puis par deux survols de petites escadrilles de raies mobulas… Bon début !

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 273 Abonnez-vous

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