Histoires de Crénilabres

le 02/11/2016 publié dans le 269 de Subaqua
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Vincent Maran
par Vincent Maran

Notre muse Doris m’a dit que les plongeurs bios avaient la réputation de parfois délaisser les poissons pour s’intéresser surtout aux divers organismes plus ou moins fixés ou rampants sur les fonds marins et les tombants rocheux. Pourtant, les plongeurs curieux de vie marine peuvent avoir d’autres centres d’intérêt ! Quiconque a appris à reconnaître le comportement « normal » des poissons pourra réaliser de belles observations dès qu’il saura remarquer des situations originales.

Le crénilabre ocellé et ses mystères

Plongée bio. Je m’emploie à trouver des sujets intéressants à montrer aux plongeurs qui m’accompagnent. Il n’est pas toujours facile d’être original et je m’y efforce comme je peux ! Nous sommes au printemps, par petits fonds.

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Au début de cette plongée, je cherche et trouve un joli crénilabre ocellé mâle à côté de son nid. De chaque côté de la tête il présente un cercle coloré, ou ocelle, de teinte particulièrement vive, comme il se doit en période de reproduction. Je le montre à mes compagnons de plongée et je désigne le nid en leur présentant ensuite mes mains jointes en creux pour leur désigner ce dont il s’agit. Je remarque soudain un étrange individu : il ressemble à un mâle mais ses teintes sont plus orangées, son ocelle est singulier et sa nage inhabituelle. Il semble conserver assez souvent les nageoires plaquées contre le corps. Étonnamment, il n’est pas chassé par le mâle constructeur du nid, alors qu’en général ces labridés sont très territoriaux. Je vois même ce mâle « orangé », après avoir quitté la zone proche du nid, y revenir avec deux femelles avant d’être rejoint par le mâle constructeur. Je ne comprends pas grand-chose à ce que j’observe mais je prends néanmoins toute une série de photos. C’est même, depuis des années, devenu un principe ! Je me dis que tout ce que j’observe d’étrange est potentiellement intéressant à photographier. En effet.

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Deux jours plus tard, je sors de ma bibliothèque un fascicule assez ancien mais très complet au sujet du comportement des Labridés de Méditerranée*. Je découvre alors, car j’ignorais tout à ce sujet, que le mâle orangé est un type de mâle bien particulier chez les crénilabres ocellés. Il est nommé « helper » ou « mâle aidant » car il aide le mâle dominant à attirer les femelles, ce qui permet à celui-ci de les féconder.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 269 Abonnez-vous

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