Laurent Ballesta « une crainte irrationnelle »

le 22/10/2015 publié dans le N°263 de Subaqua
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Pierre Martin-Razi
par Pierre Martin-Razi

Dans notre numéro 262 de septembre-octobre, Jean-Marc Belin évoquait la plongée de Laurent Ballesta de 24 heures à 20 m, réalisée au milieu des requins de la passe sud de Fakarava dans le cadre du tournage d’un documentaire sur la reproduction des mérous marbrés. D’un point de vue purement technique, il abordait la délicate et astucieuse procédure de décompression. Cet article passionnant nous a cependant laissés sur notre faim… La plongée possédait en effet beaucoup d’autres facettes qui ont justifié quelques questions au plongeur lui-même. Propos recueillis par Pierre Martin-Razi.

_MG_5218 - copieSubaqua : On peut s’interroger sur les motivations à l’origine de cette plongée de 24 heures à 20 m. Quelles étaient-elles vraiment ?

Laurent Ballesta : Elles étaient multiples en effet. Il y avait d’une part la vision du biologiste. On ne possède pas le même regard d’une plongée à l’autre et l’idée d’observer un cycle complet au fil des différentes marées et des changements de courants, de constater de visu les modifications comportementales des poissons sans sortir de l’eau était le premier des moteurs. Après, bien sûr, il y avait le challenge technique et humain. Avec Jean-Marc Belin, nous y pensions depuis des années. Nous ne voulions pas que sur les 24 heures, une large part d’entre elles se passent au palier. L’idée simple mais géniale de Jean-Marc d’une déco à l’héliox puis à l’air pur a permis de limiter le problème et cela nous a incités à tenter l’aventure à Fakarava…

Subaqua : Pourquoi Fakarava ?

Laurent Ballesta : Je ne suis pas le premier plongeur qui a passé 24 heures dans l’eau. Mais nous voulions une vraie plongée saturante qui débouche sur de l’observation. J’aurais pu passer 24 heures dans une fosse mais quel intérêt pour un naturaliste ? Je ne suis pas certain que l’ennui ne m’aurait pas gagné dans un tube de béton… À Fakarava, j’ai vécu 24 heures de pure fascination. C’est un lieu idéal, complexe, changeant, d’une richesse inouïe. Et nous commençons à peine à en comprendre les mécanismes.

Subaqua : L’opération était risquée… Dans quel état d’esprit l’as-tu abordée ?

Laurent Ballesta : Pas très bon je dois l’avouer. Il y avait des risques bien sûr mais ils étaient parfaitement circonscrits. Avant de m’immerger à 15 heures, j’ai fait une sieste dont je suis ressorti pétri d’angoisse avec un mal de dos inhabituel, une migraine et un torticolis terribles.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 263 Abonnez-vous

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