Le projet VAHINE ou quand les microalgues fertilisent les déserts océaniques

le 23/06/2017 publié dans le N°273 de Subaqua
FOCUS 273-UNE
Stephan Jacquet
par Stephan Jacquet

L’ensemble des travaux du projet VAHINE (pour VAriability of vertical and tropHIc transfer of diazotroph derived N in the south wEst Pacific) a été récemment publié dans un volume spécial de la prestigieuse revue Biogeoscience. Sophie Bonnet, océanographe à l’IRD et coordinatrice du projet, interrogée pour l’occasion, nous en dit un peu plus. Crédits photos : J.-M. Boré & Eric Folcher, IRD.

SBNous autres plongeurs sommes habitués à voir beaucoup de vie au cours de nos excursions subaquatiques car nous fréquentons les eaux côtières, généralement riches en nutriments qui alimentent les premiers maillons de la chaîne alimentaire et entraînent toute la vie qui va y être associée, libre ou fixée. Il faut savoir toutefois que les « déserts océaniques » occupent 80 % de la surface de l’océan mondial. On parle de déserts car ici, dans ces vastes zones, les premiers maillons de la chaîne alimentaire marine, les microalgues (ou phytoplancton), s’y font rares du fait de la faible teneur en éléments nutritifs, notamment l’azote qui est un nutriment nécessaire à la vie (et souvent limitant en mer).

Le sud-ouest Pacifique – incluant l’ensemble des archipels allant des îles de l’Australie à Tonga – est un de ces déserts océaniques mais il présente une singularité : il est aussi le siège des plus fortes abondances de microalgues fixatrices d’azote de l’océan mondial (Figure 1). Ces microalgues captent l’azote de l’air en étant capables de réaliser la fixation d’azote, un processus permettant de fertiliser les eaux de surface et ainsi potentiellement de soutenir la vie dans ces déserts ainsi que la séquestration de CO2 atmosphérique, mais cela a été très peu étudié à ce jour. Pour étudier ce phénomène, une équipe de chercheurs a déployé au large de la Nouvelle-Calédonie trois « mésocosmes », des sortes de tubes à essai géants (d’énormes sacs transparents contenant jusqu’à 50 000 litres d’eau emprisonnés pour l’occasion) qui permettent d’étudier dans des conditions optimales et presque naturelles les premiers maillons de la chaîne alimentaire marine : le plancton.

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Il faut savoir que l’installation de ces mésocosmes a nécessité l’intervention de 5 plongeurs professionnels qui se sont relayés pendant un mois pour la mise en place de ces structures flottantes et la collecte des échantillons (Figure 2).

Et les résultats ont été à la hauteur des hypothèses des chercheurs.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 273 Abonnez-vous

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