L’étonnante histoire d’un poisson nettoyeur…

le 07/12/2018 publié dans le N°281 de Subaqua
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Vincent Maran
par Vincent Maran

Après, dans deux précédentes chroniques, avoir passé en revue les crevettes nettoyeuses de nos côtes ainsi que leurs cousines tropicales, nous allons nous intéresser ici aux poissons nettoyeurs. Dans un premier temps, nous allons nous pencher sur l’histoire des relations que leurs ancêtres ont pu avoir avec les poissons « nettoyés » afin de comprendre comment ils ont pu être amenés aujourd’hui à avoir ce comportement si particulier.

Il y a nettoyeur et nettoyeur

Comme bien d’autres enfants ayant passé beaucoup de temps le nez collé contre des vitres d’aquariums, le terme de poisson nettoyeur ne m’était pas inconnu, mais il désignait uniquement des poissons d’eau douce très appréciés des aquariophiles. Parmi eux, des poissons ayant la bouche en ventouse, capables de faire le ménage sur les vitres des aquariums pour les débarrasser des organismes qui peuvent s’y fixer, et d’autres, vivant sur le fond et se nourrissant essentiellement des déchets qui peuvent y tomber.

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En exploration sous-marine, on remarque aussi  l’étrange manège des poissons qualifiés également de « nettoyeurs ». Dans la plupart des mers du globe, on peut voir en effet des poissons, généralement de petite taille, pouvant passer beaucoup de temps à côté de poissons souvent bien plus gros qu’eux, parfois prédateurs féroces, sans se faire manger par ceux-ci. Ces petits poissons ne sont pas des proies potentielles car ils ont vocation à se nourrir des parasites des autres poissons et à les débarrasser de leurs peaux mortes. Ils ont également un rôle « vétérinaire » en nettoyant les plaies des poissons blessés. Si on supprime d’un récif tous les nettoyeurs, poissons et crevettes (des scientifiques l’ont fait !) il en résulte une baisse du nombre de poissons et un nombre plus élevé de poissons en mauvaise santé… Des biologistes ont étudié le comportement de nettoyage en détail et, en regardant également le comportement d’espèces plus ou moins proches de celles des poissons nettoyeurs, sont arrivés à une hypothèse très originale en ce qui concerne l’histoire de la mise en place de ce comportement.

Une étude approfondie

C’est essentiellement à partir d’études réalisées sur le labre nettoyeur commun (Labroides dimidiatus) qu’une hypothèse évolutive surprenante a été proposée. Ce petit poisson bleu et blanc d’une douzaine de centimètres est rencontré facilement en mer Rouge et dans l’essentiel du domaine indo-pacifique. Tout d’abord, il est important de bien observer le comportement habituel de ce labre. Il nage souvent en couple sur une petite surface déterminée du récif, à faible distance du fond. Régulièrement, on peut voir des poissons s’approcher de l’endroit où se tient ce couple et adopter une attitude d’acceptation pour « implorer » le nettoyage, souvent le corps penché, les opercules écartés et les nageoires dressées.

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Les opercules sont les « couvercles » mobiles qui recouvrent les branchies. En les écartant, ces branchies, organes fragiles très riches en vaisseaux sanguins, deviennent accessibles aux poissons nettoyeurs afin qu’ils puissent les inspecter pour en ôter les éventuels parasites. Lorsque les nageoires sont dressées, il se passe la même chose : les poissons nettoyeurs peuvent accéder dans le même but à toute la surface de ces nageoires. Il s’agit donc ici de ce que certains peuvent appeler une symbiose dans le sens où nous avons une association à bénéfices réciproques. Le poisson nettoyeur peut se nourrir des parasites et des débris de peau. Le poisson nettoyé est débarrassé de tout ce qui peut nuire à sa santé.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 281 Abonnez-vous

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