
Bien que j’aie déjà eu plusieurs fois l’opportunité de plonger aux Maldives, impossible de ne pas apprécier le fait de tremper à nouveau mes palmes dans ces eaux fertiles. D’autant qu’ici, il s’agit d’aller à la découverte de nouveaux itinéraires. En effet, cap sur l’équateur avec au programme les atolls de Laamu, Gaafu Alifu et Seenu, ainsi que l’île de Fuvammulah.
Sur place, je rejoins Steven Surina (voir encadré), fondateur de Shark Education, présent en tant que guide conférencier dans le cadre d’un séminaire requin. Rapidement, il me dessine les contours du grand sud maldivien et du circuit qu’il a mis en place en partenariat avec Seafari. L’objectif ? Optimiser nos rencontres avec les seigneurs des mers.
LE BONHEUR EST DANS LA PASSE

Les plongées s’effectuent principalement dans les passes, ces chenaux naturels reliant le lagon à l’océan, appelés kandu en maldivien. Pour jauger le courant, nous faisons confiance aux moniteurs locaux expérimentés, Ahmed et Beybee. Avant chacune de nos immersions, ce sont eux qui se mettent à l’eau pour en mesurer l’intensité et la direction.
La tête de passe, véritable garde à manger pour nombre de (gros) prédateurs, se situe souvent à une profondeur de 30 mètres environ. C’est l’endroit idéal lorsque le courant est entrant pour l’observation des pélagiques. Les requins gris de récif (Carcharhinus amblyrhynchos) parfois escortés d’une escadrille de raies aigles, effectuent d’incessants va-et-vient devant nos masques. Tout comme les énormes thons à dents de chien ou encore cet espadon voilier venu chercher sa part du festin. Les fusiliers, chassés par les carangues, virevoltent au-dessus de nos têtes dans une chorégraphie parfaitement orchestrée.

Le retour vers la surface s’effectue en se laissant dériver à l’intérieur de la passe. Ici démarre la valse des tortues vertes et imbriquées. Étalés sur le fond, les requins corail (Triaenodon obesus) narguent le photographe. Les coquins n’hésitent pas à se rapprocher pour… s’éclipser juste avant d’être immortalisés. Heureusement, les raies pastenagues sont plus coopératives et dociles, autorisant plus de proximité. Sur le dessus du récif, les pointes noires (Carcharhinus melanopterus) rôdent au milieu des poissons cochers et chirurgiens. Au final, chaque plongée réserve son lot de surprises : les plus chanceux croisent la route d’un requin-baleine (Rhincodon typus), d’autres celle d’un grand requin-marteau (Sphyrna mokarran) ou encore tombent sur une très rare raie guitare à bouche recourbée (Rhina ancylostoma). D’autres encore ont la chance d’interagir plusieurs minutes avec un requin nourrice (Ginglymostoma cirratum) ou encore avec un photogénique requin zèbre (Stegostoma fasciatum).
DES REQUINS TISSERANDS AUX MALDIVES
Ma fascination pour les requins grandissant, j’espérais depuis de nombreuses années photographier l’élégant requin tisserand (Carcharhinus brevipinna). Je pensais que j’aurais plus de chance de réaliser mon souhait en écumant les côtes de l’ancien Transkei en Afrique du Sud lors d’un sardine run. Pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, il existe bel et bien un spot à tisserands autour de l’équateur. Ce site de plongée atypique se situe dans l’atoll de Gaalifu Alifu, à proximité d’une pêcherie. Voici quelques années, lors de conversations avec les pêcheurs locaux, Nicolas et Barbara, nos deux guides francophones, ont eu connaissance de la présence de grands requins. En 2016, ils ont fait découvrir ce spot à Steven car jusqu’ici un doute subsistait sur la nature de ces grands requins. Requins bordés ? Requins cuivre ? Requins soyeux ? Finalement, grâce aux images réalisées, doublées de l’expertise de Steven, le doute est levé : il s’agit bien de requins tisserands.
Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 280 Abonnez-vous
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