MOALBOAL UN P’TIT COIN DE PARADIS

le 27/08/2015 publié dans le N°262 de Subaqua
PHILIPINNES 262-UNE
Henri Eskenazi
par Henri Eskenazi

Comme Pierre Aronnax dans « Vingt mille lieues sous les mers » le pense, est-il vrai qu’il est impossible de transcrire les beautés du paysage sous-marin ? « Quand le pinceau lui-même est inhabile à rendre les effets particuliers à l’élément liquide, comment la plume saurait-elle les reproduire ? » Peut-être avec la photographie ?
C’est ce que tente de faire Henri Eskenazi de retour des Philippines… Photos de l’auteur.

Parfois les voyages s’oublient alors que d’autres nous captivent. Quelquefois, nous partons sans savoir, sans trop connaître mais là, je sais ce qui m’attend. Aux Philippines, je me retrouve dans un pays lointain et proche à la fois. Pays des îles, du vent et de la mer…

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Intenses impressions philippines à seulement cinq minutes de ma chambre à la décoration exotique, sur le récif de « Dolphin House », le long du tombant qui plonge lentement jusqu’à une trentaine de mètres, limite de nos explorations. Un peu plus au large, au milieu du détroit de Tanyon, les profondeurs avoisinent les cinq cents mètres. Ce n’est pas pour nous ! Un peu plus au sud, le bateau stoppe au lieu-dit « Sardines point », juste au bout de la jetée du village de Panagsama. Et pour cause, à peine immergés, nous rencontrons un immense banc de sardines qui évoluent entre 0 et 10 mètres de profondeur. Elles sont étalées par millions, sur une centaine de mètres. Mise à part la quasi-absence de prédateurs ici, c’est presque plus impressionnant que le « Sardine run » en Afrique du sud ! La lumière du soleil ne passe plus entre les poissons tellement leur densité est importante. Seules les bulles des plongeurs les dérangent un peu, créant un véritable ballet d’ombres et de lumières qui se reflètent sur leurs écailles. Quelques carangues se régalent toutefois de cette fabuleuse et, a priori, inépuisable manne. Le son dû à ces innombrables sardines qui se déplacent rapidement en un seul et même mouvement, tel le feulement d’un lion, reste gravé dans les mémoires.

PHILIPPINES 262-1Cette plongée pourrait, à elle seule, justifier le voyage mais ce serait sans compter les nombreux animaux qu’il est possible de rencontrer et donc de photographier : crevettes, poissons crapauds, poissons feuilles, crabes chevelus, nudibranches, hippocampes pygmées ou autres bizarreries, blotties dans les riches anfractuosités des innombrables coraux que seule la nature sous-marine peut nous réserver.

Alcyonaires et gorgones s’étirent dans le courant léger, rivalisant de couleurs chatoyantes avec le substrat corallien.

Deux plongées quotidiennes

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Bi quotidiennement, notre bateau se trouve au-dessus de nos bulles après soixante minutes de plongée et un palier de sécurité de trois minutes à trois mètres. C’est la procédure à respecter ici et c’est bien. Des plongées sans saturation, sans surprise, nonobstant les multiples animaux rencontrés, pas de très gros mais des curieux. Les poissons se prennent pour des feuilles et les feuilles ressemblent à des poissons. Que du plaisir. C’est presque un rituel avec deux départs à 9 h 30 et à 14 heures, donc tout le temps nécessaire pour désaturer et déjeuner ou bien le soir pour l’apéro ou un massage relaxant. En plus, le fait de ne pas porter les blocs (remerciements de mes vertèbres !), l’unité de lieu (bungalows, restaurant, club de plongée) couplés à des sites très proches (entre 5 et 30 minutes) font de cette destination un voyage peu fatiguant. Pour les plus paresseux, il est toujours possible de découvrir toutes les merveilles sous-marines après seulement deux minutes de palmage car le tombant est très proche de « Dolphin House ». Quand le trop-plein d’azote se fait sentir ou que les oreilles rappellent à la raison, la randonnée subaquaquatique devient une possible évasion, au gré du léger courant. De la mer au ciel, l’esprit hésite entre les coraux multicolores et les nuages blancs. La tête près de la surface, on se plait alors à croiser les bancas, barques traditionnelles des pêcheurs locaux qui avancent lentement avec une palme au pied gauche, tout en pagayant avec la main droite, à la recherche de quelques poissons assurant leur pitance quotidienne. L’un d’eux me gratifie d’un large sourire, avec ses yeux rieurs, à travers ses petites lunettes de plongée. Je perçois les sons sous-marins, sortes de crépitements caractéristiques de la vie récifale ou le chant plus classique et lointain de quelques coqs qui se parlent. Peut-être avant leur prochain combat du dimanche soir ?

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 262 Abonnez-vous

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