Multiples formations à l’école de plongée de la Marine Nationale

le 02/05/2014 publié dans le N°254 de Subaqua
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Pierre Martin-Razi
par Pierre Martin-Razi

Située sur la presqu’île de Saint-Mandrier, cerclée par deux bâtiments dont les coques grises solidement mouillées protègent le bassin d’entraînement des vents dominants, l’École de plongée de la Marine nationale est l’un des hauts lieux français de la plongée sous-marine. C’est ici, sur un site de taille somme toute assez modeste, que sont formés chaque année près de huit cents stagiaires, toutes spécialités confondues, parmi lesquels une dizaine constitue l’une des élites de la profession : les fameux nageurs de combat. Ajoutant son nom à une liste prestigieuse initiée par le commandant Philippe Tailliez, Frédéric Morio, actuel commandant de l’école, nous a reçus en toute cordialité. Propos recueillis par Pierre Martin-Razi.

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Subaqua : Pour le profane, l’École de plongée de la Marine nationale représente un des lieux phares de la formation des plongeurs même s’il s’y rattache une impression d’élitisme et, disons-le, de secret. Peut-on avoir une idée de ces formations ?

Frédéric Morio : Nous formons ici, à Saint-Mandrier, le personnel aux opérations militaires subaquatiques, y compris au génie sous-marin, et aux opérations de neutralisation d’engins explosifs en plongée et en milieu atmosphérique.

Le côté élitiste que vous évoquez vient de la formation exigeante et physique qui y est délivrée pour faire face à toutes les missions dans toutes les conditions. Le côté secret de l’école vient sans doute du mystère qui entoure les nageurs de combat. Ils ne représentent pourtant qu’une toute petite partie de nos stagiaires…

Moins d’une vingtaine sur un total de 750 répartis dans les 45 formations annuelles pour lesquelles on comptabilise environ 30 000 plongées… Une petite centaine de permanents, dont 70 plongeurs, assure le bon fonctionnement de l’école.

F. M. Nos cursus commencent par un niveau de base, le « plongeur de bord » dont les stages sont organisés six fois par an sur une durée de 5 semaines. Ils s’adressent aux trois armées, Air, Terre et Marine ainsi qu’à la Gendarmerie maritime.

Les plongeurs de la Gendarmerie nationale sont, quant à eux, issus du Centre national d’instruction nautique de la gendarmerie d’Antibes. Le taux de réussite des stages plongeurs de bord oscille autour de 80 %.

L’objet de cette formation, qui accepte les candidats au niveau 0 est une autonomie à l’air jusqu’à 35 m pour l’exécution de recherches et de travaux sous-marins simples.


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Plongeur de bord est un intitulé qui ne s’accorde guère aux plongeurs en dehors de la Marine et de la Gendarmerie maritime… 


F. M. Dans la Marine, le plongeur de bord est destiné à être embarqué sur un bâtiment pour y effectuer des visites de coque, des travaux élémentaires et, plus spécifiquement, du sauvetage dans les unités de l’aéronautique navale (il s’agit alors de plongeurs d’hélicoptère).

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Le plongeur de bord n’est pas une fonction à part entière, les titulaires de ce certificat ont une spécialité, un métier qui justifie avant tout leur emploi dans leur unité. Mais ils peuvent choisir de devenir plongeur d’hélicoptère ou plongeurs d’armes, c’est-à-dire plongeurs démineurs ou pourquoi pas nageurs de combat.

De même, les certifiés plongeurs de bord des autres armées, Terre et Air, poursuivent leurs propres cursus de spécialisation qui correspondent aux besoins spécifiques de leur armée. Par exemple, pour les plongeurs de combat du Génie, les actions complémentaires de formation de ce cursus se déroulent aussi bien à Saint-Mandrier qu’à l’École d’application du génie d’Angers, mais toujours sous ma responsabilité.

Cette mise en commun des moyens de formations offre de multiples avantages. Elle réduit les coûts grâce à une mutualisation des moyens, elle permet surtout un échange constant interarmées avec des attentes et des points de vue différents qui enrichissent considérablement nos approches technique et pédagogique.

J’ajoute pour conclure sur cette formation plongeur de bord qu’elle s’adresse également aux services de santé des armées ainsi qu’aux militaires étrangers.

 

Revenons sur les plongeurs démineurs. Quel est leur profil et quelles sont leurs principales missions ?


F. M. Les plongeurs démineurs sont exclusivement des marins, préalablement certifiés plongeurs de bord. La sélection est autant physique et aquatique que liée à un profil psychologique.

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La formation dure 10 mois avec un taux de réussite de 75 %. Outre les techniques de plongée à l’air jusqu’à 60 m et aux recycleurs à mélange jusqu’à 80 m, la formation inclut les techniques de recherche et d’identification des mines ou engins explosifs immergés ou en milieu atmosphérique. Les plongeurs démineurs apprennent ensuite à les neutraliser ou les faire exploser dans un périmètre sécurisé.

Une fois formés, les plongeurs sont affectés dans un des trois groupes de plongeurs démineurs (GPD) basés à Cherbourg, Brest et Toulon ou sur un chasseur de mines. Chaque groupe possède ses propres spécialités : travaux en eaux polluées et récupération de mines inconnues, intervention sur munitions spéciales et dépiégeage dans le cadre de la lutte contre le terrorisme maritime ou encore travaux sous-marins d’ampleur et préparation aux débarquements amphibies.

Les missions sont militaires, bien sûr, et dans ce cas l’anticipation prime très souvent, elles peuvent être également effectuées en totale interaction avec les autorités civiles, préfectures ou municipalités, notamment dans le cas de déminage d’engins des Première ou Seconde Guerres mondiales découverts fortuitement sur les plages ou découverts en mer par des plongeurs ou parfois remontés dans les filets des bateaux de pêche.

Les plongeurs démineurs sont également formés à la photo et à la vidéo utilisées dans le cadre d’expertises ou d’enquêtes, au déblaiement des obstructions sous-marines et aux travaux sous-marins divers tels que la soudure, le découpage ou le relevage… C’est à ce titre que plusieurs d’entre eux ont participé à une mission d’entraide internationale après le passage du cyclone Katrina à la Nouvelle Orléans en 2005…

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 254 Abonnez-vous

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