Plongée Bio à Saint-Malo

le 02/03/2014 publié dans le N°253 de Subaqua
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Jacques Dumas
par Jacques Dumas

Saint-Malo cité corsaire de légende, berceau de tant de grands navigateurs de tous les temps, offre des sites de plongée dont la majorité des plongeurs retiennent le nom des épaves. Des navires militaires de la Seconde Guerre mondiale comme le Walter, le RO21, le V213 ou le M4600, aux épaves plus récentes avec le Fetlar que tous les plongeurs connaissent ou bien le Laplace, l’histoire des naufrages domine la plongée de la côte d’Émeraude. De tout temps les plongeurs ont été fascinés par les épaves, les histoires qu’elles racontent, témoins d’épisodes de vie intense, dramatiques… Elles inquiètent et font rêver… On en oublierait vite que les fonds de la Manche offrent une biodiversité intéressante, aussi bien dans les zones rocheuses que sur le sable. Par Jacques Dumas. Photos de l’auteur.

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Bien sûr les frileux ne connaîtront jamais la frissonnante rencontre aquatique avec la faune de la Manche en ces eaux parfois troubles et peu accueillantes. Un stage bio en St Malo ?

Il n’y a bien que les bios pour oser explorer ces eaux froides, soumises au rythme des marées et des courants. Seuls les plus curieux s’aventurèrent dans notre stage bio du mois de mai. Il est vrai que la constance de température, 15 °C en surface et 15 °C au fond, motive moins que les eaux tropicales. Mais les plongeurs biologistes ont, chevillés à la palme, la curiosité, la fascination pour le monde animal et l’amour sans limite des habitants des mers et océans…

Une première plongée sur une épave, le RO21, qui reliait les îles anglo-normandes, et qui se brisât sur les rochers de Courtis en 1943 alors qu’il quittait le port par temps de brume. Le décor est planté, nous voilà partis à la rencontre de la faune qui a colonisé les débris de tôles éclatés… Mais avant même de rejoindre l’épave elle-même il faut bien descendre le long du mouillage pour ne pas perdre ses repères.

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Et là, première surprise, une petite roussette placide nous attend, posée au milieu de bouquets de mirabelles de mer et d’algues brunes. Cliché de dessus, de face, de profil, zoom sur son œil si particulier…

  • L’envie de lui pincer un peu la queue pour s’assurer que sa placidité n’est pas le fait d’un jouet en plastique mais bel et bien celle d’un animal vivant. Un contact de la main sur sa peau, ne laisse pas de doutes sur la particularité des squales, avec ces denticules. 

  • Il est vrai que « Nini peau de chien » que nos anciens chantaient en chœur, utilisait pour récurer les gamelles de la peau de roussette appelée aussi chienne de mer. Aussi résistante et efficace que la toile émeri… 

J’avoue avoir eu un peu de mal à quitter ce docile petit requin… Il finit souvent dans l’assiette de nos cantines sous le nom plus commercial de saumonette avec une bonne douzaine de ses congénères requins…

Quelques petites roches chargées de vie, accaparent alors mon intérêt pour leurs ascidies nombreuses, avant de rejoindre les vestiges du naufrage. Quelques belles vieilles, lieux, coquettes… se faufilaient furtivement aux détours des débris métalliques couverts de concrétions, ascidies, algues diverses dont quelques belles laminaires… En y regardant de plus près, de beaux tourteaux et quelques non moins imposantes araignées y ont élu résidence…

Très rapidement je m’étonnais de voir les tôles recouvertes de balanes, tout comme les roches… Mais plus encore que les araignées et ascidies en soient aussi ornées les unes sur leur carapace et les autres sur leur tunique.

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Il est vrai que ces étranges « cuirassés » que sont les balanes affectionnent nombre de supports et prolifèrent d’autant que le plancton est abondant. Mais cela restera certainement un élément marquant dans ma mémoire, à quel point ces petits crustacés fixés abondent partout.

Au fil de ma promenade je m’attarde à taquiner quelques belles araignées craintives mais vindicatives. La grande araignée de mer Atlantique, Maja brachydactyla, peut atteindre 25 cm de long, et certains spécimens rencontrés ne devaient pas en être bien loin. Savez-vous que c’est une espèce différente de celle de Méditerranée, Maja squinado, avec qui elle était confondue il y a encore une quinzaine d’années seulement.

La forme de sa carapace est plus large et plus ovale pour l’espèce Atlantique. Ce sont toutes deux des espèces commerciales dont la taille de pêche est réglementée à 12 centimètres minimum. Camouflage volontaire ou fixation passive, force est de constater que les carapaces étaient souvent décorées d’algues, d’hydraires, de balanes, d’anémones…

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Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 253 Abonnez-vous

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