QUE MANGENT LES VEAUX MARINS EN BAIE DE SOMME ?

le 22/12/2015 publié dans le N°264 de Subaqua
INFOS RECHERCHE 264-UNE
Stephan Jacquet
par Stephan Jacquet

Jérôme Spitz est un jeune chercheur travaillant à l’Observatoire PELAGIS (université de La Rochelle/CNRS) dédié à la conservation des populations de mammifères et oiseaux marins. À la fin de l’année dernière, il a publié avec 4 autres collègues une étude portant sur le régime alimentaire du phoque veau marin (Phoca vitulina) et de sa relation avec les poissons en baie de Somme. Au-delà du résumé de cette étude, je lui ai aussi demandé de nous présenter ce magnifique animal. Ce qu’il a accepté de faire pour notre plus grand plaisir.

 

SPITZ JEROMEManger pour vivre. La quête de nourriture est l’un des premiers objectifs de toutes les espèces vivantes. Pour chaque organisme l’alimentation doit ainsi couvrir ses besoins pour la croissance, la reproduction, le bon fonctionnement des organes au quotidien et l’ensemble de ses activités (déplacement, recherche de l’alimentation, fuite devant les prédateurs…). Dans les écosystèmes marins, les relations entre proies et prédateurs sont souvent complexes et les pressions actuelles, qu’elles soient d’origine humaine ou environnementale, tendent à modifier la distribution et l’abondance de nombreuses espèces marines. Ces changements, même lorsqu’une seule espèce est affectée, peuvent entraîner des effets en cascade impactant tous les niveaux trophiques d’un écosystème, de la production primaire ou prédateurs supérieurs. Un seul domino tombe et ce sont toutes les chaînes alimentaires qui s’effondrent.

INFOS RECHERCHE 264-1

Dans les écosystèmes côtiers, les phoques sont des prédateurs supérieurs importants qui peuvent parfois être en interaction, opérationnelle ou biologique, avec les pêcheries. Les interactions sont opérationnelles lorsqu’elles ont lieu durant les opérations de pêche et conduisent à des dommages sur le matériel, des prélèvements de proies par les phoques directement dans les engins de pêche mais aussi à des blessures ou de la mortalité accidentelle ou intentionnelle chez les phoques. Les interactions sont biologiques lorsque phoques et pêcheurs ciblent les mêmes espèces proies et rentrent ainsi directement en compétition pour la ressource, la compétition peut être aussi indirecte si la pression de prédation d’un de ces deux prédateurs vient à déséquilibrer le fonctionnement global de l’écosystème exploité. Les interactions biologiques peuvent aussi concerner la dispersion de parasites de poissons ou encore le dérangement des phoques dans des zones ou lors de périodes sensibles comme lors de la reproduction ou la mise bas.

En Europe, deux espèces de phoque : le phoque gris (Halichoerus grypus) et le phoque veau marin (Phoca vitulina) résident de l’Islande aux côtes françaises. Les populations totales à l’échelle européenne sont évaluées à environ 150 000 individus pour le phoque gris et 130 000 pour le phoque veau marin. Le cœur de la distribution de ces deux espèces se situe en mer du Nord. Les colonies britanniques (Royaume-Uni et Irlande) totalisent près de 60 % des effectifs européens de phoques. Les colonies françaises sont à la limite sud de l’aire de distribution de ces deux espèces et représentent moins de 0,4 % des effectifs de phoque à l’échelle européenne. Cependant, la population totale de phoques veaux marins décline en Europe depuis les années quatre-vingt-dix. Les principales causes de ce déclin seraient liées à des restrictions alimentaires dues à l’effondrement des stocks de lançons en mer du Nord causé par la surpêche.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 264 Abonnez-vous

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