Raja Ampat Sirènes pour quatre rois !

le 22/12/2016 publié dans le 270 de Subaqua
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Vincent Maran
par Vincent Maran

Situé en Indonésie, l’archipel des Raja Ampat est formé d’une multitude d’îles de toutes tailles, parfois simples îlots, parfois grandes îles comme les quatre qui lui ont donné son nom : Misool, Waigeo, Batanta et Salawati. À l’ouest de la partie occidentale de l’Iryan Jaya, cet archipel offre une très belle diversité de sites de plongée où on peut alterner rencontres pleines d’émotion avec le « gros » et plaisir toujours renouvelé de découvrir la riche variété du « petit » ! Lors d’une croisière, « Bio et photos sous-marines », à bord de l’Aurora, Vincent Maran a eu le plaisir de découvrir les géants et les pygmées du sud au nord des Raja Ampat.

Les Raja Ampat, c’est un peu le bout du monde, et c’est une des plus belles destinations en plongée sous-marine, sinon la plus belle d’entre elles en ce qui concerne la vie marine tropicale. On ne peut envisager d’en découvrir les richesses qu’à bord d’un bateau de croisière conçu pour la plongée. C’est un voyage à programmer suffisamment tôt, voire un an à l’avance, et il faut savoir que les places à bord sont limitées…

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Les requins wobbegongs

Le nom des requins wobbegongs est déjà tout un dépaysement, une invitation au voyage. J’avais mis dans leur rencontre beaucoup d’espoir, et les dieux de la mer indonésiens ont exaucé mes vœux ! Le plus souvent, ces requins de fond se tiennent tapis sous des surplombs ou dans de petites grottes, il faut savoir les trouver… Il faut donc tout le talent et la patience de nos guides pour réussir à repérer dans son abri un de ces wobbegongs (Eucrossorhinus dasypogon). Un plongeur européen « non initié » pourrait passer à côté de ce sélacien sans le voir, malgré sa taille. Cette espèce peut atteindre la longueur respectable de 3 mètres, mais la plupart des individus que nous avons rencontrés faisaient plutôt 1 à 2 mètres de long. La tête du wobbegong est spectaculaire : sa bouche largement fendue est terminale, ce qui est rare chez les requins (elle est d’ordinaire ventrale) et sur les mâchoires supérieure et inférieure, cette bouche est précédée d’une dentelle de digitations cutanées qui, conjuguée aux teintes « camouflage » de son corps, a pour résultat de le rendre extrêmement discret tant il se fond dans la variété des formes coralliennes.

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C’est un chasseur à l’affût qui ouvre une gueule démesurée quand une proie passe à sa portée, l’avalant en aspirant l’eau et la victime en même temps, d’un mouvement d’une grande rapidité pour un animal qui semble pourtant bien placide. Les plongeurs doivent s’en méfier : ses petits yeux ne lui permettent qu’une vision limitée et la main d’un plongeur peut être considérée comme un en-cas très acceptable. Il est capable d’avaler des proies de grande taille, voire d’autres wobbegongs ! Ses proies sont le plus souvent des poulpes ou des poissons nocturnes qu’il chasse après le coucher du soleil, mais également de jour, quand ceux-ci ont la mauvaise idée de se réfugier dans la même cavité que lui ! Il s’agit entre autres des poissons écureuils, des poissons-soldats ou des poissons-hachettes.

Des forêts de gorgones… et leurs hôtes !

Sur la majorité des sites des Raja Ampat, les gorgones sont les reines. Nulle part ailleurs j’ai pu observer une telle diversité de formes et de couleurs. Le photographe bio est bien en peine d’en faire un inventaire ! Il faudrait leur consacrer toute notre attention et il y a tant à voir aussi autour d’elles… L’ambiance devient souvent magique, irréelle. Ce type de paysage sous-marin, on ne le voit qu’ici. Sur certains sites, l’impression qui peut se dégager est celle que l’on peut percevoir dans une forêt primaire. En effet, ainsi que des arbres vénérables couverts de mousses et abritant des fougères dans le creux de leurs branches, on voit d’immenses gorgones sur lesquelles se sont installées de singulières ascidies coloniales, de grandes huîtres recouvertes d’éponges et des multitudes de crinoïdes plus colorés les uns que les autres. Sur les rameaux des gorgones, les poissons-faucons, comme des oiseaux sur leurs branches, guettent les petites proies de passage. Un certain nombre de ces gorgones, ainsi que des hydraires, hébergent selon leur espèce, des hippocampes pygmées extrêmement appréciés des plongeurs curieux de vie marine et des photographes qui composent notre petit groupe d’une quinzaine de plongeurs. Pas moins de trois espèces d’hippocampes pygmées ont été vues et photographiées durant le séjour, dont une particulièrement originale et jamais observée auparavant par chacun de nous.

croisiere-270-3En bonus, la variété jaune d’Hippocampus bargibanti et le « Santa Claus Pigmy Sea Horse », la variété rouge de l’hippocampe pygmée de Denise. Là aussi, il a fallu le talent et la persévérance de nos guides pour trouver certains individus dont la taille, queue enroulée, ne dépasse pas le demi-centimètre… On ne dira jamais à quel point la qualité des guides est fondamentale dans un environnement aussi différent de ceux que nous connaissons sur nos côtes. Dans ces circonstances, le plongeur naturaliste européen peut ainsi se mettre dans la peau d’un « débutant » en observations sous-marines !

Mantas et corail

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Momox, notre directeur de croisière et l’un de nos guides pour les dix jours, nous avait mis en garde : « Surtout, ne vous mettez jamais au-dessus des raies mantas »…

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 270 Abonnez-vous

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