Rétrospective du bulletin de liaison de 1958 au 300e numéro de Subaqua de 2022

le 23/12/2021 publié dans le N°300 de Subaqua
COUV-300-700px
Olivier Clot-Faybesse
par Olivier Clot-Faybesse

La revue de la FFESSM peut être qualifiée de vénérable. Le titre Subaqua existe, en effet, depuis 1988, soit 34 années de parution ininterrompues. Un record dans la presse subaquatique. Pourtant, ce parcours-là ne représente qu’une partie d’une histoire tourmentée, dont les racines remontent à 1956. Par Olivier Clot-Faybesse, rédacteur en chef. Images collection FFESSM.

couv 100-200-300 copie

Non, ne cherchez pas ! Il n’existe pas de Subaqua n° 1. Pas plus qu’à ce jour, on ne trouvera 300 exemplaires aux couvertures estampillées « Subaqua », rangés sagement dans l’ordre chronologique sur les étagères d’un collectionneur obsessionnel (pléonasme ?). Pas plus d’ailleurs que sur celles de la rédaction. En fait, l’exemplaire que vous tenez entre vos mains n’est pas le 300e mais seulement le 204e du titre Subaqua.

La réponse à cette énigme a été livrée il y a quelque temps déjà par mon prédécesseur, Pierre Martin-Razi (lire son témoignage par ailleurs). En l’occurrence dans un article que ce vétéran de la revue fédérale (134 Subaqua réalisés, soit du n° 149 au n° 283) a écrit pour un précédent numéro anniversaire, le n° 200, sorti en mai 2005. Après avoir passé au crible les archives de la fédération et grâce à un travail de synthèse à faire pâlir un historien émérite, Pierre était arrivé à retracer pas à pas le long et chaotique chemin ayant abouti à la revue telle que la connaissez présentement. Dans ce long article(1), Pierre revenait, avec force détails et images d’époque à l’appui, sur la création par la FFESSM d’un bulletin qui allait devenir revue. Il n’oubliait pas non plus de citer les différentes personnalités ayant, au fil du temps, joué un rôle clé dans la publication fédérale. Nous ne reprendrons pas dans ces pages des propos, complets et bien formulés. Simplement un résumé dont tout le mérite par conséquent lui revient, ainsi qu’une chronologie présentée plus loin.

/// D’un bulletin à une revue

1.ESSM 1 copieÀ la suite d’une conception largement supérieure à 9 mois (l’idée d’une publication fédérale remonte à janvier 1956), le tout premier bulletin trimestriel de la FFESSM, baptisé Études et Sports sous-marins, sort en avril 1958. Bizarrement, la numérotation n’apparaît pas sur la couverture. Pour la connaître, il faut consulter le sommaire, qui indique aussi que ce numéro inaugural, totalisant 48 pages, est essentiellement constitué de comptes rendus de l’assemblée générale annuelle (AG), tenue en début d’année.

5-1. copieL’austérité de la couverture, un même logo décliné sur un fond d’une couleur parfois différente, parfois identique cède la place à une photographie à partir du n° 15 (février 62). Tout comme est élargi le contenu (arrivée de sujets en lien avec l’archéologie, la biologie, les matériels et techniques, la médicale…). Après 20 numéros, une nouvelle formule est néanmoins actée en 1964. Fini le bulletin, place à une revue à part entière. C’est ainsi qu’Études et Sports sous-marins devient Plongées (ou plutôt plongées car écrit en couverture en minuscules). Afin de marquer sa continuation, cette nouvelle publication, outre son format compact similaire (24 cm x 17 cm), va indiquer pendant un temps en sous-titre la mention Études et Sports sous-marins, et conserver la numération en cours. Le premier numéro de Plongées sera donc le 21.

/// Une longue période de mécontentement

À partir du n° 50, Plongées prend des dimensions supérieures (27 x 21 cm). Un « embonpoint » qui n’empêche pas, en octobre 1969, le comité directeur national (CDN) de la FFESSM d’afficher son désaccord face à l’évolution du contenu rédactionnel. Aux yeux des membres du comité, la revue devient trop axée motonautisme et, par conséquent, s’éloigne de la philosophie fédérale.

7-2. copieUn changement de contrat est entériné et un nouveau nom, Sub, décidé. À noter que Plongées continuera sa carrière mais en dehors du giron de la FFESSM.

Cette remise en cause, pas plus que la nouvelle appellation, ne portera pas chance à la revue fédérale. Ainsi, en janvier 1973, contrarié (entre autres) par une périodicité fantaisiste (ou aléatoire), le CDN dénonce les accords liant la fédération à l’éditeur, extérieur à la FFESSM. Le comité adopte la proposition d’une conception en interne de la revue. Elle sera assurée par Guy Mauriès, secrétaire général adjoint de la FFESSM. Avec à la clé, évidemment, un changement de nom. Ou plutôt le retour à un précédent puisque la revue fédérale s’appellera à nouveau Études et Sports sous-marins. Décision radicale, la numération ne sera pas poursuivie mais repartira du dernier numéro d’Études et Sports sous-marins publié, c’est-à-dire le n° 20 sorti début 1964 ! Un trait est ainsi tiré sur la cinquantaine de publications se réclamant revue de la FFESSM, soldant par là même une parenthèse de près de dix ans. Parenthèse commencée en 1967 avec Plongées puis Sub et, plus tard, les variantes Sub-Océans et Océans.

// Naissance de Subaqua

9.Subaqua 97 copieAprès enfin une longue période de (relative) stabilité et de régularité (75 numéros d’Études et Sports sous-marins parus), se pose en 1987 la question de rajeunir l’image fédérale. Ce qui évidemment concerne aussi la revue fédérale. Repensée (mise en page et contenu), elle va adopter un titre plus court, plus moderne. Ce sera Subaqua, dont la paternité du nom pour la petite histoire, revient à André Védrines. Pour sa sortie l’année suivant, Subaqua ne débutera pas par un n° 1 inaugural, mais prolongera la numérotation actuelle. Qui en est à 96. Ce chiffre correspond aux 20 numéros sortis lors la première génération d’Études et Sports sous-marins (n° 1 à n° 20 publiés entre 1958 et 1963), suivis des 75 numéros de la seconde génération (n° 21 à n° 96, publiés entre 1973 et 1988). Le premier numéro de Subaqua (mars/avril 1988) à débouler dans les kiosques à journaux et les boîtes aux lettres des abonnés sera donc le n° 97.

Restons quelques instants 34 années en arrière pour examiner ce premier Subaqua, officiellement n° 97. En couverture, une plongeuse tout de rose (peu) vêtue et un titre jaune fluo. Des couleurs très années quatre-vingt et un logo inspiré d’un tag, à l’image des ceux précurseurs outre-Atlantique vus sur les rames du métro new-yorkais. Plusieurs graphismes se sont succédé depuis, et la couleur du logo Subaqua a parfois changé d’un numéro à l’autre dans un souci, on imagine, « d’harmonisation » avec l’image choisie pour faire la couverture.

/// Des sujets et des images

Ouvrons maintenant notre exemplaire 97 pour se plonger dans son contenu. En préambule, il est précisé que « cette nouvelle revue se veut le miroir du monde sous-marin et de toutes les activités qui s’y déploient. Sa formule magazine entièrement en couleur explique et illustre la plongée dans toutes ses applications en mer, en eaux douces, en eaux vives. » L’énoncé est un peu ampoulé certes mais, sur le fond, ce cahier des charges est encore valide. D’ailleurs, l’article d’ouverture sur la danse relaxation subaquatique (« Procurée par l’apesanteur, la détente musculaire est immédiate ») aurait pu être repris dans le récent dossier « Palmer pour son bien-être et sa santé » (Subaqua 298). Place ensuite à la photo sous-marine, avec un article intitulé « Conseils pour la photo rapprochée » (le terme ancêtre de la macro). Il débute par ces quelques mots, eux aussi toujours d’actualité en 2022 : « La photo sous-marine est un art difficile. »

On découvre ensuite des rubriques classiquement présentes dans la revue fédérale (certaines depuis quasiment l’origine comme écrit précédemment), tels que Matériel, Archéologie sous-marine, Chrono (futur Côté Sports), Infos clubs ou encore À lire. Des rubriques toujours au sommaire de Subaqua, même si fond et forme ont évolué.

En fait, ce qui a vraiment changé n’est pas à aller chercher du côté du texte mais de l’image.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 300 Abonnez-vous

Commentaires

Aucune commentaire actuellement

Écrire un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *