Secrets dE BIRMANIE l’archipel des Mergui

le 26/10/2017 publié dans le N°275 de Subaqua
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Fred Di Méglio
par Fred Di Méglio

Embarquez au Myanmar pour une destination insolite en mer d’Andaman avec pour guide le Smiling Seahorse sur son M/V Thaï Sea. L’archipel birman des Mergui compte huit cents îles et récifs peu explorés et à l’écart des routes touristiques. Au programme de cet archipel Mergui : couchers de soleil flamboyants, baies paradisiaques, gitans de la mer, crinoïdes et coraux mous, hippocampes jaunes tigrés, grottes et tombants sous-marins, lutjans et raies.
Un reportage de Frédéric Di Méglio.

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Nous sommes à Ranong, port thaï sur la frontière à l’ouest entre la Thaïlande et la Birmanie, pour embarquer sur le M/V Thaï Sea, un ancien bateau de pêche de 30 mètres de long, transformé depuis 2010 en bateau de plongée et repensé pour 12 plongeurs, 4 guides de plongée francophones et 6 membres d’équipage. Nous franchissons la baie de la rivière Packchan accompagnés de quelques « longtails boats », pirogues pétrolettes à longue perche motorisée à l’arrière. Direction de l’autre côté, le Myanmar et le petit port birman de Kotong. Formalités de douane à bord par les autorités en une heure, taxes de 220 dollars par personne, pour avoir le permis d’accès à l’archipel, avec des coupures de billets neufs obligatoires… Tout est géré efficacement par Franck qui dirige le centre de plongée The Smiling Sea Horse. Un observateur birman reste à bord pour surveiller cette semaine de safari plongée à venir. Ok, nous avons le sésame pour partir découvrir les eaux birmanes de l’archipel.

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Nous sommes ici sous le dixième parallèle au-dessus de l’Équateur. Les premières îles sont plantées au loin, tandis qu’un soleil rouge s’enfonce sur l’horizon. L’avant de notre navire est décoré de rubans traditionnels colorés et de fleurs, emblèmes censés protéger le bateau des fureurs de la mer. Nous irons jusqu’à cent milles nautiques plus au nord au fil de notre périple de sept jours dans l’archipel Mergui, bourlinguant le plus souvent de nuit. Les lueurs vertes des nombreux chalutiers qui pêchent les calamars au lamparo de nuit sous les étoiles accompagneront nos sommeils. Personne par contre sur la mer en journée, pour plonger nous sommes seuls. Le marnage est réduit cette semaine, histoire de lune, ainsi le courant nous embêtera peu. Tant mieux car certaines fois le flux peut être fort et délicat en raison des faibles profondeurs du plateau continental entre les îles sur tout l’archipel (70 mètres au maximum). L’excellente connaissance des lieux que possède Franck, le directeur de plongée français qui a créé ce safari croisière et qui en est à sa sixième saison, facilite grandement ce programme exclusif. Saison météo exclusive qui va d’octobre à fin avril. Ensuite les mois de mousson sur la mer Andaman la rendent peu ou non praticable.

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L’eau la plus claire c’est plutôt de février à avril. Nous sommes à l’extrême sud du Myanmar (Birmanie), l’archipel Mergui a été préservé des péripéties de l’histoire et de la géopolitique. Un ensemble d’îles quasiment inhabitées, saupoudrant un archipel longtemps fermé à toute visite extérieure dans un pays qui était lui-même peu accessible. Pénétrer dans cet archipel des Mergui est un peu comme un privilège, une ouverture encore limitée de nos jours.

Un pays de traditions

Le nouvel an bouddhique est célébré à la pleine lune du mois d’avril, c’était le jour de notre arrivée à Ranong, en provenance de Phuket. De nombreuses célébrations sont alors reliées au thème de l’eau. La date de ce festival des eaux est basée sur le calendrier lunaire, une fête sous le nom de Songkran en Thaïlande et de Thingyan en Birmanie. Chaque année c’est entre le 12 et le 15 avril. Traditionnellement, les gens rentrent dans leur famille et font acte de respect envers leurs aînés en leur versant un peu d’eau parfumée sur les mains. L’eau est alors considérée comme un instrument de purification, éloignant les esprits malins de celui qui est aspergé. Dans une ambiance bon enfant, les gens s’aspergent alors dans les rues pendant ces journées de célébration et déposent des fleurs et des palmes devant leurs maisons.

Mais revenons à notre croisière. Ici, le clapot asperge d’écume les roches brunes. Voici Dragon Rock Island, une de nos premières plongées birmanes après l’habituelle plongée de réadaptation sur High Rock. La forme de l’îlet lui a donné ce surnom de dragon. Dans le récif, poisson crapaud, hippocampes, nudibranches, crevettes et poissons fantômes sont à découvrir pour la vision macro. Bancs de lutjans jaunes, ombres et lumières de deux grands canyons en tunnel couverts d’éponges avec armada de glass-fishes pour l’ambiance. Requin nourrice ou requin bambou dans des recoins. Les fusiliers jaunes ou bleus explosent comme des feux d’artifice. Dans les colonies de corail, de nombreux petits mérous à lignes bleues Cephalopholis formosa s’éclipsent à notre approche. Par contre, les petits mérous nid d’abeille Epinephelus tauvina ou spilotoceps n’hésitent pas à poser pour la photo. Voici quelques magnifiques poissons anges annelés reconnaissables avec leur robe jaune orangée et leurs lignes courbes bleues. Mais c’est surtout l’anneau bleu au-dessus de l’opercule qui individualise ce spécimen, d’où le nom commun anglais de bluering angelfish pour ce Pomacanthus annularis. Symbiose d’un milieu toujours plein de découvertes entre poisson clown et son anémone, entre crinoïdes et gorgones, entre crabes et concombres de mer, entre crevettes et étoile de mer, entre nudibranches et éponges…

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Palette du créateur. Éternelle magnificence des chromodoris, ces gastéropodes brillamment colorés qui ont une potion magique contre leur éventuel prédateur en raison de leur sécrétion d’acide toxique par les cellules épidermiques de leur manteau, ce à partir des substances issues des éponges qu’ils broutent. Défense chimique et beauté insolente !

Les gitans de la mer

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Les gitans de la mer, ces seuls habitants indigènes de ces eaux de la mer Andaman sont les Mokens, anciens nomades sur leurs frêles bateaux maisons qui sillonnaient depuis des siècles l’archipel en vivant de cueillette mais qui tendent à se fixer maintenant, par obligation. Un peuple, le peuple de la mer, au départ condamné à vivre sur l’eau selon la légende.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 275 Abonnez-vous

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