SENSATIONS BLEUES POUR UN STAGE BIO

le 25/08/2017 publié dans le N° 274 de Subaqua
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Jacques Dumas
par Jacques Dumas

Pourquoi ne pas aller plonger à Marseille ! C’est peut-être dans la région de cité massaliote que la Méditerranée est sinon la plus riche, peut-être la plus belle. L’eau y est souvent d’un bleu profond et peu chargée en particules, le coralligène certainement le plus exubérant, et les paysages sous-marins sont le prolongement de la splendeur des roches des calanques. C’est pour cette raison que j’avais choisi d’organiser mon stage de biologie dans la région phocéenne avec un accès facile au parc national des Calanques, et donc à l’archipel de Riou et aux îles du Frioul. D’ailleurs la commission biologie Île de France ainsi que les commissions départementales y organisent chaque année des formations. Pour un bon stage de biologie, il faut aussi un centre de plongée qui favorise l’exploration, ce qui veut dire qu’il n’hésite pas à rechercher les sites les plus diversifiés et laisse le temps aux plongeurs de les explorer. Pour cela, notre ami Sylvain Champion n’a pas d’égal, comme son staff de Sensations bleues. Texte et photos, Jacques Dumas.

Marseille

Une petite discussion avec notre pilote afin de choisir ensemble le site en fonction certes de l’idéal météo (sécurité oblige) mais aussi d’exploration. Pour les médisants qui penseraient que les plongeurs bios s’accommodent de tout site aussi vilain soit-il, qu’ils se détrompent, certes sur un site médiocre nous arriverons quand même à trouver plein de vie pour montrer aux stagiaires, mais un beau site reste un beau site, ce sont à la fois le paysage et la biodiversité qui nous attirent. Le gros autant que le petit. Alors quand il s’agit de plonger aux Moyades, aux Impériaux, au Tiboulen du Frioul ou aux Farillons, ne nous y trompons pas, la biologie est à son sommet. D’ailleurs c’est par les Moyades que nous avons attaqué notre stage au début octobre. Il s’agissait pour nous d’éduquer nos élèves à la reconnaissance des animaux fréquents mais délicats à discerner, éponges et cnidaires. Indispensable selon moi qu’ils les reconnaissent sans hésitation, et aussi par la même occasion qu’ils apprennent des signes leur correspondant. Nous n’en dédaignons pas pour autant les mérous nombreux, les dentis aux belles quenottes, et les sérioles et barracudas de tailles respectables.

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Pas plus que nous ne laissions de côté les quelques langoustes, mostelles, chapons et autres nombreux habitants de la zone. Un excellent début pour passer de la petite flabelline à la sériole, afin que l’œil s’habitue… Mais je ne comptais pas en rester là, et la deuxième balade prévue n’était autre que les Impériaux. Quel pied, d’autant plus que nous étions à peu près seuls dans la zone comme cela avait été le cas avec les Moyades ! Après deux plongées nos stagiaires étonnés de la richesse et des couleurs flamboyantes des sites, pour peu qu’on les éclaire un peu… et oui un peu de lumière est indispensable. Pas 500 watts, j’ai dit un peu… pas la peine de cramer les limaces ou les yeux des poissons, ils n’aiment pas plus que nous le phare dans les yeux.

Après un autre site à tombant, au Frioul, il me fallait leur faire découvrir une grotte sans laquelle la revue de faune et d’habitats serait par trop incomplète. Nous décidons alors de tenter la grotte à Perez, sachant que la tranquillité était probablement finie vu que c’était le week-end, et qui plus est possiblement l’un des derniers vraiment beaux de la saison. Il est vrai qu’avec une eau de surface vers 21 degrés tout le monde a envie de tremper les palmes.

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Pas étonnant qu’il y ait autant de grottes dans les Calanques car la particularité géologique fait que le calcaire des roches accumulé au fond des mers il y a plus de 65 millions d’années est particulièrement sensible à l’érosion et aux variations de niveau de la mer dans les millions d’années qui nous ont précédé. Ainsi des canyons se sont dessinés et des cavités se sont creusées.

Les premiers à l’eau directement sur la grotte, cela nous a permis d’avoir cet aperçu d’obscurité profonde voir envahissante, et soudain à la lueur du phare, voir apparaître les gorgones et éponges de bordure, puis flamber les couleurs chaudes du corail rouge entouré d’une cohorte d’éponges orange, jaunes. C’est en quittant la grotte à Perez après avoir balayé cette belle caverne de la lampe afin de se remplir les yeux des images de l’abondance d’éponges, bryozoaires, coraux rouges et gorgones, que mon œil est subitement attiré par une masse plus lumineuse entre branches de corail rouge et gorgones violettes…

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 274 Abonnez-vous

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