Sipadan, les plus belles plongées du monde ?

le 24/03/2015 publié dans le N°259 de Subaqua
SIPADAN 1
Fred Di Méglio
par Fred Di Méglio

Au large de Bornéo, Sipadan est une île unique dans les eaux de Malaisie avec son mélange d’espèces océaniques et de poissons de récif. L’île aux tortues est un spot de plongée de renommée mondiale, au cœur du triangle du corail et de la biodiversité. « Une œuvre d’art intacte » disait Cousteau et un mythe à découvrir sans modération avec le navire Célèbes Explorer. Un reportage de Fred Di Méglio. Photos de l’auteur.

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Né au sommet d’un ancien volcan éteint sous-marin l’îlot océanique de Sipadan s’est formé au fil de la croissance corallienne. Des variations du niveau de la mer et de ces mouvements tectoniques océaniques du Pliocène naquit ainsi cette île à la limite de la mer des Célèbes et de la mer de Sulu. Elle se situe juste à 5° degré nord de l’équateur, au large de la côte est de Sabah (province malaisienne de Bornéo). Comme une colonne jaillissant des profondeurs océaniques, situées 600 mètres plus bas, le récif vivant de corail en occupe les cinquante derniers mètres. Un immense platier corallien entoure l’île et les tombants colorés tout autour sont verticaux. Les nombreuses autres îles malaisiennes de Bornéo sont à l’inverse sises sur l’étroit plateau continental peu profond, ainsi elles n’ont pas une telle clarté d’eau et si elles possèdent bien la toute petite vie du récif en abondance (belles muck dives en perspective) elles n’ont pas du tout cette exubérance corallienne et la richesse pélagique de Sipadan.

SIPADAN PERROQUETS BOSSE

  • Autrefois, cette destination était connue des seuls pêcheurs traditionnels locaux en particulier pour le ramassage des œufs de tortues. Aujourd’hui, elle a une réputation mondiale dans la communauté des plongeurs. La prise en compte de la protection environnementale marine, managée par les « Sabah Parks » et les « Fisheries Departments », est une réalité pour conserver ce que Cousteau en 1988 lors du passage de la Calypso qualifiait d’objet d’art : « J’ai déjà vu des endroits comme Sipadan, mais c’était il y a 45 ans. Ce que nous avons là, c’est une œuvre d’art intacte ». La plongée a commencé à apparaître vers cette époque sur ce site. Ici le tourisme nature contribue à l’essor économique de cette nation avec une approche rationnelle du développement durable pour conserver cet héritage.

  • L’île et son parc marin sont classés en réserve depuis 2009. Un long conflit juridique international avec l’Indonésie voisine s’est terminé fin 2002 sur la propriété de cette île, date à laquelle Sipadan fut attribuée officiellement à la Malaisie. En raison de ce litige et en raison d’un attentat avec kidnapping de plongeurs sur Sipadan par un groupe terroriste philippin en 2000 (souvenez-vous des otages français de Jolo), l’île est depuis sous haute surveillance. C’est pour cela que ce coin est étiqueté « en orange » par notre quai d’Orsay. À Sipadan, chaque visiteur plongeur doit débarquer en tout début de journée et signer le registre des permis préétablis avant de pouvoir plonger ou nager. Chaque bateau reçoit alors un fanion pour la journée au petit poste militaire de l’île. Une image en soi insolite mais non contraignante que celle de ces militaires armés près de la plage.

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Depuis 2005, les hébergements touristiques ont été démontés pour une meilleure protection des écosystèmes de l’île, tant pour les oiseaux que pour les pontes de tortues. Et il n’est plus ainsi possible de rester sur l’île et de se promener sur les plages.

De même, plonger tous les jours à Sipadan est une gageure…

Le quota de plongeurs y est limité à 150 par jour et il faut être inscrit bien en amont pour les autorisations. Les speed boats venant des resorts touristiques des îles de Mabul, et de Kapalai, voire du port de Semporna, n’autorisent réglementairement sur un séjour d’une semaine qu’une ou deux journées de plongée à Sipadan. Seule une croisière sur le navire Célèbes Explorer (seul navire de croisière autorisé sur place) vous permettra cinq jours de plongées sur six à Sipadan, au rythme de 4 plongées sur la journée. Une bonne gestion des immersions limitées dans leur profondeur, une décompression en sécurité sur le platier et des plongées au nitrox vous permettent un séjour inoubliable.

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En termes de diversité, plus de 3 000 espèces de poissons et des centaines d’espèces de coraux y ont été classifiées.

Partons à la rencontre des plus célèbres résidents permanents de ces eaux : le célèbre nœud en tourbillon de barracudas, les nuées gigantesques de carangues à gros yeux, les innombrables tortues vertes ou imbriquées qui viennent ici se reproduire et pondre leurs œufs, et surtout les grands troupeaux de perroquets à bosse débonnaires qui ont fait de Sipadan un must de la plongée mondiale.

Un rêve éveillé

SIPADAN GALERIE 10Départ de l’île de Mabul où nous avons passé la nuit car nul ne peut mouiller autour de Sipadan. Il est 5 heures 30 du matin, le jour se lève. Le Célèbes Explorer quitte son mouillage. Nous nous hâtons avec lenteur pour un trajet qui dure plus d’une heure avec notre navire de croisière, là où les speed boats mettent moitié moins de temps. Réveil à mi-chemin, petit briefing sur la journée, un thé avec quelques biscuits puis le temps d’enfiler nos combinaisons tropicales, de préparer le matériel photo sur le pont arrière et nous voilà arrivés. Au programme quatre immersions. Sipadan resplendit sous sa chevelure verte, cernée d’un liséré de sable blanc. Nous sommes à mi-marée descendante. L’eau émeraude du platier n’a aucune ride, calme plat. C’est toujours aussi magique, même au bout de plusieurs jours. Les bouteilles de plongée équipées de notre matériel sont à poste dans l’embarcation de plongée collée au navire. L’équipage est très efficace. Arrivé à trois cents mètres du rivage nord, le Célèbes Explorer casse son erre. Il est 6 h 45, nous montons dans l’embarcation pour aller à la séance de signature des permis au ponton d’accueil au nord de  l’île, seule zone qui est quasi directement au bord du mur vertical du tombant même à marée basse. Notre proue s’échoue sur la plage et nous sautons les pieds dans l’eau tiède. Des traces sur le sable, fraîches de la nuit, montrent que des tortues y sont venues pondre…

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 259 Abonnez-vous

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