St Pierre-et-Miquelon Balades Bio… réales !

le 22/02/2017 publié dans le 271 de Subaqua
BIOLOGIE 271-UNE
Jacques Dumas
par Jacques Dumas

Le plus souvent, quand on rêve de plongées fabuleuses, ce n’est pas spontanément vers les eaux froides (ou gelées) que nos rêves nous mènent ! Et quand on évoque Saint-Pierre-et-Miquelon, ce sont avant tout les timbres-poste et la pêche à la morue qui viennent à l’esprit. Pourtant l’archipel américain possède bien des atouts qui font accepter la combinaison étanche et ont séduit puis converti Jacques Dumas. Photos de l’auteur.

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Quand il y a un couple d’années, je fus approché par Stéphane Salvat pour envisager un stage de formation bio en ces terres lointaines, je n’y vis qu’un accord de principe ne me sentant personnellement pas concerné et imaginant déjà d’autres formateurs plus aguerris aux climats extrêmes. Un peu plus tard les articles parus dans les colonnes de Subaqua commencèrent à m’intriguer. La curiosité du biologiste sans doute…

Et quand l’hiver dernier Stéphane Salvat, président du club nautique de St-Pierre-et-Miquelon me contacta pour m’expliquer son projet de former les moniteurs techniques à la biologie, je n’hésitai pas longtemps à m’engager personnellement. Il faut dire qu’entre-temps le projet fédéral d’un grand évènement plongée bio et audio à SPM avait fait son chemin et s’il n’avait pas encore abouti, avait largement préparé le terrain. « Non, non je ne regrette rien » et dans ces quelques lignes je partagerai avec vous mes étonnements et moments forts pour un biologiste ou tout simplement un plongeur curieux.

Quelques réflexions préliminaires sur l’équipement, indispensable pour affronter le challenge des eaux froides annoncées à 2 °C, et qui finalement poussèrent même des pointes à 1 °C. Début septembre c’est au premier abord déconcertant quand on revient de quelques semaines en Côte d’Azur avec des plongées en vêtement humide à 18 °C au plus froid…

Avec mes petits gants de 3 mm, moi qui n’en porte jamais, je me croyais armé, quelle erreur ! La première plongée à la basse du Colombier me mit tout de suite au parfum. Une sauvage morsure du froid à chaque main eut rapidement raison de mes capacités à gérer une exploration pédagogique et mon appareil photo. Conséquences côté photo pas mal de déchets, flous, réglages approximatifs, cadrages moyens. Côté pédagogie, je me contentais du débriefing au sec.

Première plongée dans la zone des 30 mètres, eau à 2 °C, la bonne nouvelle est la très bonne visibilité et la richesse des fonds rocheux. Dans la zone des 20 mètres le premier étonnement est l’abondance d’échinodermes et les « bancs » de moules servant à la fois d’abri aux ophiures et de garde-manger aux étoiles de mer. BIOLOGIE 271-4Peu de poissons, mais arrivé dans la zone des 30 mètres, la morsure du froid se faisant plus intense, vive la combi étanche ! Ce sont les anémones, les hydraires et les limaces de mer qui motivèrent mes inclinaisons photographiques. Quelle abondance de nudibranches hérissés avec de beaux spécimens aux variations de jaunes, en période de reproduction sur des hydraires. Les beaux nudibranches à crinière et Doris rugueux, ne manquent pas non plus. Mon œil est aussi instantanément attiré par des gros bouquets d’hydrozoides desquels dépassent les crinières de flabellines ainsi que les tortillons de leurs pontes. Autre sujet de satisfaction, les belles étoiles soleil à épines ou lisses. Les énormes holothuries Cucumaria, Cucumaria frondosa, ici vagabondent un peu partout.

Les premiers poissons rencontrés, même si peu abondants, m’étaient tous inconnus, qu’il s’agisse de l’hémitryptère, du chaboisseau, de la stichée arctique ou de la gonelle. Quelques premières morues de roche fuyantes.

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Mais notre ami Stéphane m’avait encore réservé des surprises : la première est cette anémone jaune jamais vue et dont les ouvrages ou sites Internet consultés ne faisaient pas état. Un challenge à relever sur lequel je reviendrai plus loin. J’étais prévenu, certes que les étoiles de mer et ophiures étaient abondantes et les premiers passages sur les moulières l’avaient confirmé tant elles sont nombreuses gesticulant de leurs bras au-dessus des moules et de chaque anfractuosité, mais je ne m’attendais pas non plus à voir autant de grands gorgonocéphales…

Dommage que le site soit aussi grand et ma consommation d’air aussi inhabituellement élevée… je pense qu’il faudrait bien une bonne dizaine de plongées pour explorer efficacement les différentes facettes.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 271 Abonnez-vous

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