WADI LAHAMI MER ROUGE LA SAISON DES AMOURS

le 27/04/2018 publié dans le N°278 de Subaqua
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Jacques Dumas
par Jacques Dumas

Quand, au mois de mai, les plongeurs du club des Marsouins rencontrent les dauphins à Wadi Lahami, dans le Sud égyptien, Jacques Dumas a toutes les raisons de se réjouir. Mais quand, au hasard des plongées, ils découvrent de nombreuses autres espèces en pleine période de reproduction, le bonheur du biologiste est total. Photos de l’auteur.

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Dès la première immersion à Lahami il apparaît que quelque évènement important va se dérouler sous nos yeux. Des balistes affairés à creuser leur nid pour la ponte, des chromis défendant avec véhémence le périmètre de leur ponte, une certaine forme d’agitation et des regroupements de poissons par couples attirent notre curiosité. Ébahis par les couleurs de la mer et par les virevoltants poissons autour des coraux exubérants, je suis attiré par une tortue qui longe le récif, trop rapidement pour moi, je me résigne à ne la suivre que des yeux, lorsque soudainement une autre tortue arrivée de la pleine eau fond sur elle. Alors s’engage une sorte de danse qui me semble tourner à la violence : l’une d’elles pinçant de son bec le cou de l’autre qui paraît vouloir se dégager…

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Ce n’est qu’au bout de deux bonnes minutes que les choses deviennent limpides alors que ventre contre ventre nos deux protagonistes s’enlacent de leurs pattes antérieures. En suivant nos deux tortues imbriquées, qui portent alors bien leur nom car le mâle pince le cou de la femelle tout en la bloquant contre lui à l’aide de sa queue, à fleur d’eau l’accouplement se déroule sous nos yeux. Un film X se déroule alors pendant de longues minutes devant nous, surpris par la violence apparente de cet ébat « amoureux ». La belle du jour ira pondre ses œufs sur une plage voisine si aucun malheur ne lui arrive, après quoi, deux mois plus tard, durant une nuit, une centaine d’œufs écloront pour perpétuer l’espèce. Notre couple se retrouvera-t-il, se reformera-t-il chaque année au même endroit ? Combien de bébés tortues survivront ? Probablement autant de questions en suspens… À moins qu’elle n’aille pondre au sultanat d’Oman ou sur l’île de Masirah voisine. Rappelons que toutes les espèces de tortues sont protégées (sur la liste rouge de l’Union internationale de la conservation de la nature, UICN).

LA MANGROVE DE WADI LAHAMI

Peut-être ne la savez-vous pas mais à Wadi Lahami, sur la côte égyptienne, il y a une mangrove. Il s’agit d’une côte vaseuse permettant la pousse de palétuviers, générateurs de matière organique et zone de protection et de croissance pour les alevins et juvéniles. Le manque d’oxygène de la vase amène les palétuviers à faire remonter leurs racines de la vase (racines creuses afin que l’air pénètre vers les racines). Ces arbres brisent l’action des vagues protégeant ainsi la côte de l’érosion. Zone de prédilection des crabes violonistes dont le mâle arbore une pince énorme et menaçante. À Wadi, je suppose les palétuviers être ceux dits « blancs » (Sonneratia alba) vu la présence d’excroissances verticales des racines. C’est aussi une zone de reproduction du dugong et, au moins, un havre de sécurité pour lui, car la protection de la mangrove est engagée.

C’est avec un œil préparé que nous arborons les plongées suivantes. En effet, Michel, formateur de biologie, avait pris soin d’éveiller notre curiosité avant de partir en voyage par une présentation bien documentée sur les juvéniles. Nous savions alors que les poissons juvéniles peuvent parfois arborer des livrées très différentes de leurs parents. Ainsi des black snappers (lutjans), Zembra, coffres… comme peuvent en attester nos clichés…

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Mais, c’est un fait, la saison des amours bat son plein, les couples se font la cour, se frottant sous nos regards. Même les poissons ballons et les carangues Bajad sont prises de cette frénésie sexuelle.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 278 Abonnez-vous

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