HS-5
Édité par les Éditions Arc-en-Ciel pour le compte de Subaqua, revue de la FFESSM. Format 170 x 240 – 224 pages + 4 pages de couverture
Hors-Série
N°5

À la découverte de la plongée souterraine

Placé sous la direction de Jean-Pierre Stéfanato, coordonné par Marc Douchet. Travail collectif de la Commission nationale de plongée souterraine.
Prix public : 29€
Jean-Pierre Stefanato
par Jean-Pierre Stéfanato

Il aura fallu trois ans pour passer de l’intention au résultat et que cet opuscule voie le jour. Je tiens donc à rendre hommage à Marc Douchet, vice président de la commission nationale de plongée souterraine de la FFESSM et coordonnateur de ces travaux, pour sa constance à relancer les auteurs parmi lesquels je ne fus pas le plus précoce, loin s’en faut.

La fédération et la revue Subaqua nous ont fait confiance et en ont permis la parution : j’espère qu’elles ne seront pas déçues par le résultat.

Cet ouvrage est un travail collectif où chaque rédacteur a su apporter sa contribution au résultat final. En ce sens il est représentatif d’un engagement fédéral sincère où chacun contribue à son niveau à un objectif qui, pour être commun, n’est pas banal. Je remercie donc l’ensemble des auteurs, qu’ils soient rédacteurs ou photographes, pour leur indispensable et précieuse contribution.

La plongée souterraine, issue de l’union passionnelle de l’exploration spéléologique et de la plongée autonome, est une discipline récente. Quelques-uns des pionniers sont encore là pour témoigner. Beaucoup nous ont quittés, parfois en pratiquant leur passion. Ils ont construit ce laboratoire technique et humain qu’est encore la plongée souterraine et j’espère qu’elle le restera longtemps. Ce livre est donc à plusieurs titres une oeuvre collective : l’œuvre visible de l’équipe qui lui a donné naissance et l’oeuvre fondatrice de ceux qui en ont posé les bases et poli les concepts au fil de leurs succès et de leurs échecs, grâce à leurs enthousiasmes et à leurs engueulades, portés par la joie des découvertes et surmontant la douleur des disparitions. Nous nous sommes efforcés de montrer beaucoup de facettes d’une activité très riche afin de tenter de partager avec le lecteur un peu de la flamme qui anime, chacun à son niveau et chacun dans ses domaines de prédilection, les passionnés de ce monde souterrain immergé.

Pourtant, comme souvent dans ce type d’ouvrage, la focale est restée réglée sur la technique et sur les actions de haut niveau. Rien ou presque n’apparaît du plan large des nombreux plongeurs qui visitent les sources juste pour le plaisir de l’eau claire, des sculptures de la roche et du soleil de midi qui, de l’autre côté de la surface, découpe la sortie dans un contre-jour annonciateur de retrouvailles. Il faut pourtant se rendre à l’évidence : si les explorateurs ne sont guère plus nombreux qu’il y a une vingtaine d’années, en revanche lesplongeurs de loisir se sont multipliés et fréquentent les sites les plus agréables et les plus facilement accessibles. De véritables “spots” sont apparus où l’anglais des siphons devient le nouvel espéranto des plongeurs venus de toute l’Europe.

Assurer la formation et la sécurité de ces usagers, garantir la pérennité des

accès aux sites, mettre en place une structure d’intervention efficace et adaptée à ces nouveaux “risques” (comme disent les assureurs) sont les défis dans lesquels la fédération s’est déjà impliquée et qu’elle devra mener à bien dans les années qui viennent. Je vous souhaite une agréable lecture.

Jean-Pierre Stéfanato, président de la CNPS

23 • Le milieu

Des paysages magnifiques / Le creusement des siphons / Monde souterrain et archéologie / Y a des bêtes ?

43 • Les techniques

Généralités / Le concept de l’ARA / La plongée fond de trou / Les scooters en plongée souterraine / La gestion du froid / Les cloches de décompression / Stress et plongée souterraine / L’équilibrage

89 • Le Tek

Les plongées / La décompression / Les recycleurs / La redondance appliquée aux recycleurs / L’ordinateur multigaz / Fabrication des mélanges en continu

135 • Les grandes explorations de la FFESSM

La rivière sous-marine de Port-Miou / Le gouffre du petit Saint-Cassien / L’évent de la Coudoulière / La source de Thouriès / Le réseau Sapoie-Lougres

169 • Les classiques

La rivière du Bestouan / Les gouls de Tourne

181 • Les secours

Les secours en plongée souterraine

189 • Incidents et anecdotes

Coudoulière : la cool des miracles / Atmosphère viciée / Il ne faut pas “a-buser” / Où il y a de la chaîne, il y a du plaisir !

197 • Enseignement

La commission nationale de plongée souterraine / Les formations fédérales en plongée souterraine

211 • Annexes

Petit lexique jurassico-spéléonautek / Les siphons les plus profonds / Les siphons les plus longs

Il ne faut pas se fier aux apparences : le casque ne fait pas l’homme des cavernes, pas plus que la redondance des détendeurs ne garantit la compétence ! Ainsi, le portrait que vous avez sous les yeux est-il celui d’un plongeur (moi…) qui n’entend pas grand-chose au sujet de ce cinquième hors-série de Subaqua : la plongée souterraine. Pour reprendre une définition de Marc Douchet et Jean-Pierre Stéfanato (spécialistes garantis pur jus et chefs d’orchestre du présent opus), je me classe dans la catégorie des stygoxènes… Autrement dit : je dois y aller, j’y vais.

Sans crainte particulière peut-être, mais avec en permanence l’arrière-pensée que faire des bulles, alourdi d’un équipement écrasant, avec des tonnes de roches au-dessus de la tête, ce n’est tout de même pas dans la nature humaine… Jusqu’à ces dernières semaines, avant de mettre en route ce hors-série, j’éprouvais donc une espèce d’admiration dubitative pour ces types qui passent leurs week-ends et une large partie de leurs vacances à trimbaler des scaphandres, des scooters, des sacs de plongée, des kilos de plomb, des cloches de décompression, de l’éclairage, des vivres — que sais-je encore ? — dans des endroits mal pavés, humides, glissants, souvent étroits et, de surcroît, toujours noirs… Pourquoi ? Pour aller au bout de tunnels noyés dont tout le monde (sauf eux !) se contrefiche… La raison est suffisante pour voir dans cette débauche d’activité, une gratuité doublée d’un masochisme évident dont seuls trois ou quatre avantages peuvent, à mes yeux, justifier la pratique : le plus souvent, l’eau y est douce, ce qui pourrait faciliter le rinçage du matériel s’il n’y avait l’argile (bonne pour la peau…) et l’on y évite les coups de soleil. Autre point positif qui ravira les plongeurs sujets aux naupathies : les grottes inondées, beaucoup plus exotiques que les piscines, s’avèrent tout aussi stables. Ça peut aider… Enfin et surtout, les réseaux de téléphonie mobile y sont inopérants ! Voilà, grosso modo, ce que représentait pour moi cette école de maîtrise, jugée extrême. J’avais tort…

Au fil (d’Ariane) de la mise en forme de l’ouvrage, au fil de mes modestes incursions, l’admiration dubitative s’est doucement transformée en une solidaire et aimable compréhension. Le moral comme la bonne humeur étant nécessaires à la pratique, l’entrée des grottes se situant le plus souvent dans des régions à la gastronomie roborative et aux distillats soignés, le mélange plongée-gadoue-boyaux-siphons donne, en général, de solides gaillards animés d’une joyeuse philosophie… Quand j’y pense, Rabelais n’aurait détesté ni les lippées d’après plongées, ni l’énergie, ni le langage de ces hommes (et de ces trop rares femmes) qui se collettent avec des matières brutes et primordiales : l’eau, la roche, la glaise, la sueur… Ces hommes et ces femmes qui, en retour et sans le percevoir, sont modelés par elles. Grande initiatrice de techniques dont les plongées de loisir ou sportive bénéficient désormais (nitrox, trimix et recycleur…) mais consciente de son caractère jusqu’alors élitiste, la commission nationale de plongée souterraine de la FFESSM négocie aujourd’hui un virage radical. Ce virage, elle le prend pour des plongeurs comme vous et moi : au-delà des exploits réservés à des “spéléonautes” exceptionnels, il existe maintenant une pratique “contemplative”, ouverte à toutes et à tous, plus simple, plus abordable, tout en demeurant sûre. La plongée souterraine possède en effet une qualité que je n’ai pas encore évoquée : elle offre au regard des décors d’une beauté sidérante et une capacité de dépaysement inégalée. Stricto sensu : un autre monde sur notre petit globe qui, mondialisation oblige, en compte de moins en moins. Nul besoin pour cela des cénotes du Yucatán, des trous bleus des

Bahamas ou des dédales néo-calédoniens… La beauté souterraine est à deux pas. Un petit coup de voiture et, hop !, vous êtes ailleurs : la calcite est un joyau, stalactites et stalagmites font des cathédrales et vous pouvez toujours espérer, au plus secret de vos fantasmes, déboucher sur une salle exondée, visitée voici 270 siècles par un lointain cousin qui y aura abandonné quelques traces de lui-même. Après tout, cela s’est déjà vu…

C’est précisément cette démarche d’accueil qui a prévalu chez tous les plongeurs qui ont contribué à la rédaction de l’ouvrage afin de nous emmener “À la découverte de la plongée souterraine”. La clarté du propos, le souci permanent de simplification et de pédagogie, le goût de l’exemple et la beauté des illustrations ne pourront que vous engager à visiter — après un apprentissage incontournable — les merveilles que la terre recèle. Ce hors-série donnera également matière à réfléchir à tous les plongeurs “classiques” qui s’aventurent inconsidérément dans les épaves ou les grottes sous-marines, c’est-à-dire qui s’adonnent sans trop en mesurer les risques et les contraintes à une forme de plongée délicate : l’immersion sous plafond. Les faits-divers nous rappellent, hélas trop souvent, que cet accès à la beauté possède ses propres clefs. Avec l’envie et le goût, notre but est de vous en fournir le premier trousseau. Bonne lecture !

Pierre Martin-Razi

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