RENCONTRE : Michèle DION Juge-Arbitre Internationale

le 01/03/2017
COTE SPORTS 268-M DION-1Première femme nommée juge-arbitre d’une compétition internationale (lors du Championnat du monde de nage avec palmes juniors d’Annemasse), Michèle Dion répond à nos questions.

Subaqua Être la première femme juge-arbitre d’une compétition internationale de toute l’histoire de la CMAS, ça fait quoi ?

Michèle Dion Franchement je ne l’ai pas mesuré. J’ai découvert cela quand la commission nationale a proposé ma candidature auprès de la CMAS alors que nous étions en pleine préparation des Championnats du monde juniors d’Annemasse et mes soucis étaient ailleurs. Bien sûr, il arrive un moment où la charge et la responsabilité vous tombent sur les épaules. Mais je suis un des juges français les plus présents à l’étranger et la compétition récente de Vols s’est suffisamment bien passée pour que je sois rassurée… J’ai contacté les juges qui s’étaient proposés pour officier afin de monter le collège des juges, et les connaître tous. Je savais qu’il y avait une très bonne équipe, je tiens d’ailleurs à les remercier du travail effectué. Cela dit, être reconnue et appréciée par les entraîneurs étrangers est franchement agréable. Quand j’ai appris ma nomination, j’ai tout de suite proposé à Jean-Louis Blanchard et par l’intermédiaire de notre président de la commission nationale de nage avec palmes, Claude Philippe, d’inviter 6 juges étrangers à Annemasse. Je tenais à cette présence car n’avoir que des juges du pays organisateurs dans une compétition internationale ne me semble pas être une bonne chose. Cela ouvre la porte à des comportements partiaux, inadéquats… En Pologne par exemple, j’étais la seule juge étrangère… C’est une des grandes qualités de la FFESSM que d’être précurseur dans ce domaine. Claude Philippe va du reste saisir la CMAS pour imposer ce quota minimal de juges étrangers…

Subaqua La langue ne constitue-t-elle pas un problème ?

Michèle Dion Non car tous les juges internationaux parlent au moins deux langues dont le français, l’anglais ou l’espagnol. On se comprend toujours !

Subaqua Comment devient-on juge-arbitre ?

Michèle Dion C’est un long cheminement et un total engagement. Je suis venu à la nage avec palmes par la plongée que j’avais découverte au début des années quatre-vingt-dix en Crète. J’ai tout de suite intégré le club des Dauphins de Nogent où j’ai rencontré mon mari qui était lui-même juge de NAP. J’ai passé mon N3 tout en m’initiant à la NAP.

Il faut savoir que les clubs qui présentent plus de 8 nageurs en compétition régionale ont l’obligation de fournir un juge or mon mari est malheureusement décédé. Les Dauphins n’avaient plus de juge et j’ai naturellement suivi les formations pour le devenir. J’ai donc passé les 3 niveaux successivement, c’est-à-dire juge régionale, fédérale 1er puis 2e degré. Je suis juge internationale depuis 2012 avec mon nouveau Club Potes Bulles qui m’a poussé à évoluer et responsable national des juges de NAP.

Subaqua Que fait un juge-arbitre ?

Michèle Dion Il met en place et gère le collège des juges. C’est lui qui reçoit les réclamations et assume les décisions par exemple lorsqu’il s’agit de disqualifier un athlète. Je dois ici remercier sincèrement Francis Merlo qui m’a donné des supports pour pallier un des soucis que nous avons rencontré à Annemasse.

Après ce qui s’était passé à Volos et les déchirures de combinaison consécutives à une mauvaise série de matériel, nous avions prévu le scénario catastrophe et muni tous les chronométreurs de serviettes. Une solution informatique a également été mise en place pour que les séries puissent être interverties afin de ne pas perdre un temps précieux. Cela a parfaitement fonctionné malgré la survenue de 12 déchirures… D’ailleurs, du point de vue des 28 juges présents, ce Championnat du monde Juniors d’Annemasse a été une réussite…

COTE SPORTS 268-M DION-2

Subaqua 28 juges ! C’est une grosse équipe. Quelle en sont les fonctions ?

Michèle Dion Elles sont multiples. On trouve les chronométreurs, des juges de départ, des juges d’arrivée, ceux qui sont concernés par le style,
d’autre part les virages. Il y a également ceux qui s’occupent de la chambre de prédépart, très efficaces à Annemasse. Tout s’est d’ailleurs vraiment bien passé. Les réclamations ont disparu et les applaudissements qui nous ont été adressés prouvent le respect de la part des nageurs et des entraîneurs. Cela n’a pas toujours été le cas et cette tendance doit bien sûr continuer…

Subaqua Tu es également très impliquée dans la lutte contre le dopage…

Michèle Dion Comme juge-arbitre bien sûr mais aussi comme responsable des escorts chargés des contrôles. C’est heureux, nous rencontrons rarement de problème dans ce domaine et les rares cas étaient plutôt le fait d’une méconnaissance de la part de l’athlète plutôt qu’une volonté de tricher. Il faut vraiment augmenter les vecteurs de communication pour informer les entraîneurs comme les sportifs en particulier de l’AUT, l’autorisation d’usage thérapeutique qui permet de prendre des médicaments prohibés à des fins thérapeutiques. Cela éviterait bien des déboires.

Subaqua Être une femme juge-arbitre à un niveau international pose-t-il des problèmes ?

Michèle Dion Même si, étonnamment je suis la première femme à avoir été nommée, le mode des juges de NAP est celui de la parité. La majorité des responsables régionaux est constituée de femmes. Non, il faut savoir résister à la pression, se donner une ligne de conduite et s’y tenir. Être un homme ou une femme dans ce contexte ne change pas la donne !

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