Tour complet de Gaspésie, nous entamons ce long périple en choisissant l’itinéraire 100 % bord de mer. Très vite, nous sommes presque pris de vertige en dévalant les reliefs vallonnés de cette route, surplombant successivement falaises abruptes, prairies verdoyantes et baies sauvages.
Sous un grand soleil, cette région nous dévoile ses petits villages de pêcheurs et ses maisons de bois nuancées de toutes les couleurs entre lesquelles des cordes tirées sèchent le linge dans le bleu du vent. En suivant les lignes de l’horizon défilant à perte de vue, nous admirons un panorama façonné avec le souffle du grand large, déployé à l’infini entre ciel, montagne et océan. Une petite pause-café nous apprend que l’esprit des habitants s’est forgé une identité dans l’amour d’une nature démesurée. Baie-des-Sables, Capucins, Les Méchins, Cap-Chat, Cap-au-Renard, L’anse-Pleureuse, Manche-d’Épée, Pointe-à-la-Frégate, Cloridorme, L’anse-au-Griffon, Cap-des-Rosiers… nous traversons des dizaines de villages aux noms plus originaux les uns que les autres.
Sous ses airs de bout du monde, notre circuit atteindra l’ultime prolongement des Appalaches : Cap Gaspé. Nous sommes ici dans le parc national de Forillon, l’extrémité orientale de la Gaspésie, où de curieux porcs-épics nous accueillent. Les ours noirs ne sont pas loin, de même que les imposants orignaux.
Coin-du-Banc, un dernier virage, il surgit devant nous. Une apparition monumentale et massive, un objet inébranlable sculpté de la forme d’un grand orgue, cette merveille du monde semble émerger de la nuit des temps. On peut facilement deviner que le nom de cette ville, Percé, a pour origine ce fameux rocher. C’est dans les échos de ce pays marin que débutera notre aventure subaquatique.
Comme souvent dans nos navigations en mers nordiques, quel beau spectacle que de partager les vagues avec marsouins et rorquals : on ne s’en lasse pas !
Toutes nos immersions se feront autour du parc national de l’île-Bonaventure, où se déploie un tumultueux nuage de fous de Bassan frôlant constamment la paroi rocheuse de leurs ailes. Les cousins guillemots, drôles de petits pingouins pas plus hauts que trois pommes, virevoltent par milliers dans l’air salin, puis se rangent dans les fissures horizontales tels des livres dans une bibliothèque. Nous n’avons pas encore traversé cette frontière entre air et eau que quelques joyeux pinnipèdes nous font signe de leurs mains palmées.
C’est avec grande quiétude que ces phoques ont élu domicile dans une échouerie où ils sont pleinement protégés. Les plongeurs, quant à eux, auront la chance d’explorer une vingtaine de sites disséminés autour de l’île, choisis en fonction de l’humeur de la mer. Briefing en français de notre hôte Steven Melanson du Club nautique de Percé, teinté d’un accent enjoué typiquement local, une bascule arrière et la surface verdâtre de 12 °C vient d’être transpercée par notre scaphandre autonome. Enveloppés de nos combinaisons humides de 7 mm doublées d’une surveste de même épaisseur, la température est finalement très supportable, après 1 heure d’immersion le froid ne nous aura pas incommodés. La bonne visibilité nous surprend, il est possible de voir le fond environ 12 m sous les palmes. La plupart de nos bulles sur ces sites se consomment sur une hauteur d’eau variant entre 6 et 20 m, profondeurs où la vie abonde.
Nous avons le bonheur d’évoluer au milieu d’une flore et d’une faune excessivement riches et diversifiées : méduses crinière de lion, anémones plumeuses, étoiles de mer, éponges, soleils de mer, crabes, homards…