proliférations de microalgues et impacts sur les mammifères marins

Stephan Jacquet
Publié le 25 août 2017
Au mois de mai 2017, un rapport scientifique de 22 pages de la commission baleinière internationale est paru et est passé relativement inaperçu. J’ai décidé de le résumer ici. Son intérêt et son originalité sont, à mes yeux, qu’il faisait le point sur la relation entre développements phytoplanctoniques et toxines associées et le risque avéré ou encouru par les mammifères marins. Photos Vincent Maran.

Rappelons tout d’abord que le phytoplancton est le premier maillon de la chaîne alimentaire marine et que, en tant que végétal réalisant la photosynthèse, son importance dans le fonctionnement global de l’océan est primordiale. Il produit de l’oxygène (autant que les végétaux terrestres) et sert de proie pour les maillons trophiques supérieurs. Pas de phytoplancton, pas de vie pour faire simple.

Il arrive toutefois que le phytoplancton se développe en masse. Il prolifère. On parle alors de prolifération algale, d’efflorescence, fleur d’eau ou encore de bloom (terme anglo-saxon couramment employé). La dominance d’une espèce unique, outre le fait d’engendrer une perte de diversité notable, conduit généralement au dysfonctionnement (trophique et donc écologique) du système, sa désoxygénation, jusqu’à la mort de certains organismes (typiquement les poissons). Comme si cela ne suffisait pas, beaucoup de ces espèces qui prolifèrent (et cela peut d’ailleurs les y aider) produisent de puissantes toxines de différentes natures.

La prolifération nuisible des microalgues toxiques est bien connue, partout dans le monde, même si on ne sait pas toujours bien expliquer les causes, mécanismes, et autres raisons de ces efflorescences et encore moins combien elles seront toxiques ou pas. On constate toutefois que leurs occurrence, durée, expansion sont grandissantes. Le rapport fait donc état de ces espèces phytoplanctoniques susceptibles de proliférer, des toxines qu’elles peuvent produire et des conséquences connues ou possibles sur le fonctionnement des écosystèmes avant de s’intéresser à l’impact sur les cétacés et autre pinnipèdes.

L’idée n’étant pas de traduire l’ensemble du rapport mais de focaliser notre attention sur le dernier point évoqué ci-dessus, voici ce qu’il faut retenir.

Tout d’abord, les microalgues productrices de toxines dans les milieux aquatiques appartiennent à un nombre limité de groupes, les cyanobactéries, les dinoflagellés et les diatomées, mais le nombre d’espèces toxiques dans chacun de ces groupes peut être, lui, relativement important. Les toxines sont aussi variées. Il existe des toxines neurologiques, hépatiques, gastriques ou encore dermatologiques. On comprend dès lors que suivant la présence de telle ou telle espèce, son abondance, le type de toxines produites et leur concentration, l’impact sur les mammifères marins peut être variable et suivre différentes routes (via la chaîne alimentaire, par contact direct ou indirect, par inhalation/aspiration, par ingestion accidentelle).

Illustration d'un ordinateur de plongée
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Illustration d'un mérou brunIllustration d'un rocher