50 nuances de dalmatiens !

le 27/06/2018 publié dans le N°279 de Subaqua
DORIS UNE
Vincent Maran
par Vincent Maran

En raison de la 50e chronique « DORIS » paraissant ici dans les pages de Subaqua, nous avons souhaité rendre un hommage appuyé à notre limace préférée, très joliment dessinée par Dagmar Daugy à la création du site, mis en ligne en 2006, pour qu’elle en devienne l’emblème, non seulement par le nom, mais aussi par l’image.

Elle ou lui ?

DORIS 2

Pour commencer, faut-il dire doris dalmatienne ou doris dalmatien pour l’animal ayant pour nom scientifique Peltodoris atromaculata ? Il y a déjà eu quelques débats et écrits à ce sujet… Les plongeurs les moins jeunes se souviennent que ce double nom a d’abord été employé (et peut l’être encore par certains) au masculin. Les premières éditions (à partir de 1992) des guides réputés de Steven Weinberg, dans la série « Découvrir », mentionnent d’ailleurs ce nom au masculin. Dans un article de la revue Plongeurs international, Steven indique ensuite les raisons de son changement d’avis : employer le féminin (sujet qui était d’ailleurs en discussion au sein de l’équipe Doris). En effet, « Doris » est un nom d’origine mythologique désignant une nymphe marine, il s’agit donc bien d’un prénom féminin, d’où la féminisation du nom des limaces Doris. Les scientifiques l’avaient bien considéré, puisque les noms d’espèces des Doris se terminent par « a » (atromaculata, magnifica, lineolata). Oui mais, la première personne ayant donné un nom français à cette espèce qui n’avait auparavant « que » son nom scientifique, a choisi de la nommer « chiot dalmatien ». Cette personne : Jacques Laborel (scientifique qui n’est hélas plus de ce monde mais qui a été un soutien très enthousiaste à Doris) rédigeait en effet des articles de vulgarisation dans la revue Océans. C’est dans le N° 112 de septembre 1982 que tout est dit, et de jolie manière d’ailleurs, dans un article intitulé « Le chiot dalmatien ». Ni Jacques Laborel, ni le rédacteur en chef de la revue à l’époque, ne nous en voudrons de la longue citation qui est rapportée ici et qui reprend le tout début de l’article :

« Que faut-il faire lorsqu’un animal, très commun, joli et sympathique, ne possède pour tout nom qu’un vocable latinisé, bien pratique pour le zoologiste mais aussi rébarbatif que possible pour le non-initié ? Au risque de scandaliser les puristes, il importe de lui trouver un nom. Aussi le Peltodoris atromaculata, petite limace de mer arrondie, boulotte, me fait penser, surtout lorsqu’il se trouve « en famille » par groupes de nombreux individus sur la même éponge, à ces « 101 dalmatiens » mis en images par le bon Walt Disney il y a quelques années. »

Ainsi donc, dans l’esprit des plongeurs qui ont lu cet article et qui ont diffusé ensuite le nom français de cet animal qui n’en possédait pas auparavant, c’est le masculin, présent dans le titre de l’article pour désigner la limace, qui l’a emporté. Pour les noms scientifiques, la règle de l’antériorité s’applique. Globalement, c’est le premier nom choisi qui doit être conservé pour une espèce qui aurait reçu, par erreur, plusieurs noms. En ce qui concerne les noms français, ceci est bien sûr discutable, mais on peut comprendre les raisons (qui peuvent être fortement marquées par l’usage, par les souvenirs, par l’affectif…) qui poussent une personne à utiliser un nom plutôt qu’un autre ! Vive donc les doris dalmatiennes et les doris dalmatiens !

Profitons-en pour rappeler ici, une fois de plus, que lorsque l’on parle de la limace on peut écrire son nom en minuscules, mais lorsque l’on parle du site Internet DORIS, il faut alors employer uniquement des majuscules, puisqu’il s’agit d’un acronyme pour lequel nous avons choisi cette écriture, afin de bien le distinguer du prénom Doris(1).

Un animal emblématique

DORIS 3

Notre limace préférée, emblème d’un site devenu référence en Europe, est sans doute le premier nudibranche vu en plongée par ceux qui s’initient aux activités subaquatiques en mer Méditerranée. Ce mollusque sans coquille présente plusieurs qualités pour ne pas passer inaperçu : il se promène fréquemment à découvert sur les tombants de coralligène, il est relativement abondant, de grande taille et sa teinte blanche parsemée de belles taches brun foncé est des plus visibles. Autre atout pour cette limace emblématique : son nom commun français est très facile à retenir. On peut en effet facilement l’associer à une race de chien connue de tous et emblématique elle-même grâce au dessin animé déjà cité. Voilà pourquoi « doris dalmatienne » ou « doris dalmatien » est souvent inscrit, même par des plongeurs débutants, sur leur carnet de plongée. C’est aussi une bénédiction pour le moniteur de plongée ou le guide de palanquée qui, même s’il n’est pas (encore !) trop féru de biologie marine, pourra montrer un bel animal au plongeur non expérimenté qu’il emmène pour ses premières immersions. Un bémol toutefois : il n’est pas si fréquent d’avoir la possibilité d’admirer ce mollusque dans toute la beauté de sa morphologie. En effet,

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 279 Abonnez-vous

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