Boissin : 50 nuances d’Élie…

le 25/04/2016 publié dans le 266 de Subaqua
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Pierre Martin-Razi
par Pierre Martin-Razi

Malgré les années, l’apnéiste Élie Boissin conserve une fraîcheur proprement sidérante, une fraîcheur sans doute liée à un optimisme affirmé doublé d’un goût pour la mer jamais pris à contre. Ancien scaphandrier, moniteur de plongée libre, chercheur de trésors, cinéaste, publicitaire, auteur de théâtre, comédien, journaliste, marin, peintre, écrivain (nous en oublions très probablement…), il publie cette année son cinquantième ouvrage… De quoi oser un titre clin d’œil qui, aux dires du personnel féminin fédéral, lui va comme un gant… Propos amicalement recueillis par Pierre Martin-Razi.

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Subaqua Tu publies cette année ton cinquantième livre. Comment t’est venu le goût de l’écriture ?

Élie Boissin En réalité, ce n’est pas mon cinquantième bouquin. C’est le cinquante-deuxième ! Mais deux n’ont pas été édités… En 1959, je venais d’avoir un accident de plongée scaphandre que je raconte quelque part et Georges Beuchat m’avait recommandé au Club Méditerranée comme moniteur de plongée libre. Ce qui, à l’époque, signifiait grosso modo savoir faire la différence entre un fusil sous-marin et un club de golf ! Surtout si on jouait de la guitare… Moi, je voyais les choses différemment. Dès mon arrivée à Santa Giulia, en Corse du Sud, j’ai pris l’école en main. J’ai changé l’enseigne « chasse sous-marine » par « plongée libre » en expliquant à mes collègues moniteurs que la chasse n’était qu’une des disciplines de la plongée libre. J’avais une bonne équipe avec notamment Teri Pujol, un Tahitien qui vit aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie et avec qui je garde des contacts par Skype… L’informatique, c’est formidable ! Bon, le résultat de tout ça, c’est que nous avions 150 apprentis apnéistes chaque semaine et que les moniteurs de voile et de ski nautique faisaient la gueule ! Ce succès m’a donné l’idée d’écrire un manuel de formation que j’ai commencé à rédiger pendant l’été… Cela n’a pas été facile car, jusqu’alors, je m’étais contenté d’écrire des vers de mirliton pour des jeunes filles avec des tresses !

Subaqua D’où venaient tes connaissances de la mer ?

Élie Boissin Je suis originaire de Mazargues, un quartier du Sud de Marseille où j’habite toujours. Mon père est mort pendant la guerre et ma mère a élevé dignement ses trois rejetons en travaillant comme une forcenée. Si j’ai un regret aujourd’hui, c’est qu’elle ne soit plus là pour fêter ce cinquantième bouquin parce que, sous des dehors de dilettante, je lui dois mon goût du travail et de la persévérance. Tous ces livres, elle y a plus que largement contribué… Quant à la mer… C’est un voisin, Jules Rossi qui me l’a offerte. J’avais dix ans quand il m’a pris sous son aile. C’était un pêcheur sous-marin exceptionnel. Il avait la science et le respect inné de l’eau et des poissons. Il m’apprenait à remettre les pierres… On oublie que ce qui se dit aujourd’hui, on le racontait déjà voici soixante-dix ans, mais alors, ça intéressait dégun*. Jules, c’était aussi le genre de type qui te faisait marcher pieds nus dans les calanques pour économiser tes sandales… Vraiment, c’est lui qui m’a appris ce qu’est la vie. Qu’il ne fallait jamais se plaindre, toujours se satisfaire de ce que l’on a… en espérant avoir mieux en travaillant. Finalement, je réalise aujourd’hui que ma mère et Jules m’ont donné les clefs du bonheur. J’ai fait la somme de ce qu’ils m’ont appris et ce que j’aurais aimé qu’ils m’apprennent. Et voilà… j’étais paré !

ITV 266-2Subaqua Revenons-en à l’ABC de la chasse sous-marine… Il est finalement publié ?

Élie Boissin Oui, en rentrant à Paris, en fin de saison, je contacte un premier éditeur qui saute sur l’occasion. C’était une bonne opération puisqu’il y a eu 17 rééditions successives avec des tirages de 20 000 exemplaires… Le livre a même été traduit et édité en Italie sans mon autorisation !

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 266 Abonnez-vous

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