Carnet de voyage polynésien

PROLOGUE

Après ma traversée de l’Argentine en Peugeot 403 sur la fameuse Ruta 40, le vol en escadrille du Breguet 14 – avion de collection de la guerre de 1914-1918 – de Toulouse à Tarfaya/Cap-Juby au Maroc, sur les traces des pionniers de l’Aéropostale, me voilà en route pour une nouvelle aventure :

Ce mardi de septembre, nous volons en direction de Tahiti Nui, la grande île. L’avion pose les roues et, quelques instants plus tard, nous foulons le tarmac. Souvenirs… Après la traditionnelle offre d’une fleur de tiare et un chant polynésien au son du ukulélé, après les formalités de police et le passage de la douane, nous retrouvons nos amis de la fédé.

Le voyage préparé depuis des mois démarre réellement. Nous profitons des premiers jours pour régler certains détails pratiques en rencontrant notamment Emmanuel de e-Tahiti Travel. Très chaleureux, il nous ouvre les portes de Topdive, cette grande entreprise de plongée très présente en Polynésie aujourd’hui, en concurrence directe avec les autres clubs.

Nous avons choisi le mois d’octobre, la saison des baleines. Nous ne sommes pas déçus, elles nous attendent ; ce seront nos compagnes de voyage.

As-tu vu les baleines ? Où sont-elles ? Combien ? Voici les questions de tous les instants. Que de changements en quelques années ! Les voir ici même à Tahiti… incroyable !

Six d’entre elles sont tout simplement rentrées dans le port de Papeete, pour le plus grand plaisir de tous. Certains les observent depuis leur jardin ou leur pirogue, alors que d’autres les cherchent au loin.

 

TAHITI NUI : BALEINES ET RECYCLEURS

Du centre Topdive, au bord du lagon de l’Intercontinental Tahiti, à quelques kilomètres de l’aéroport, nous partons pour notre première sortie « baleines ».

Après un excellent briefing de Stéphane, à bord, nous scrutons la surface, de l’horizon à la côte, profitant du magnifique paysage des montagnes de Tahiti Nui. Nous passons la pointe Vénus, non loin de la plage où ont débarqué les premiers navigateurs et missionnaires européens au XVIIIe siècle.

Nous jouons à « cache-cache » avec les baleines. Le lendemain, dès 7 h 30, nous repartons à leur recherche. La chance est avec nous et, avec Julien et Teiki le marin, nous rencontrons une mère et son petit dès la sortie du port. Après un round d’observation nous nous mettons à l’eau sans bruit. Elles sont juste là. La visibilité exceptionnellement médiocre nous permet davantage de les deviner que de les voir et seulement de les entendre. Pour attirer les femelles, les mâles alentours s’époumonent !

Dès le retour à la base de plongée de Topdive, Cyrille de Te Honu Diving nous initie à la plongée avec recycleur. C’est mon baptême. Après un briefing très complet nous plongeons à l’Aquarium et je découvre une nouvelle approche de la plongée ; à poursuivre…

Samedi. Nous plongeons avec mon « club de la première heure », Scubatek, celui de mon ami Pascal, que dirigent Arnauld et Jérôme aujourd’hui. C’est une ambiance plus familiale où aiment à se retrouver les résidents, un club dont la vocation première est l’école de plongée. Allez : le matin une petite plongée de remise en forme sur les gorgones à 45 mètres ; à TCI, le midi nous assistons à une remise de diplômes MF1 où nous rencontrons les responsables des clubs participant aux examens et à notre périple.

Nous repartons ensuite avec Scubatek pour les baleines, quel bonheur ! Après deux heures d’infructueuses recherches du côté de la pointe des Pêcheurs, Nono décide de mettre le cap sur Moorea ; pas question de rentrer bredouille chez ce passionné au grand cœur et à la voix haute, question d’honneur !

Nous tentons de nous immerger de nouveau avec quelques grands mâles, mais ceux-ci avancent toujours d’une longueur supplémentaire chaque fois que nous nous approchons.

Nono lance le signal de fin de plongée. Nous rentrons à vive allure, heureux. Zen, nous dégustons avec modération une savoureuse pression Hinano ambrée. Nos amis repartent aussitôt assister au succès de leur équipe de Beach Soccer en championnat du monde à Papeete. L’équipe fait des miracles, l’ambiance est grande parmi le peuple polynésien.

Dimanche, changement d’activité. Je profite de ma passion de la marche et de la montagne pour découvrir un nouveau canyon, avec mes amis de l’association Sports Montagne Te Taura Hirere ; descentes de cascades en rappel, traversées de rivières et sensations fortes sont de la partie, ceci en toute sécurité avec des cadres compétents et passionnés. Sous cet angle, les vues et paysages sont magnifiques : une autre facette de cette surprenante Polynésie.

Lundi, deuxième plongée avec recycleur avec Dominique de Tek Dive Expérience : nouveau système, nouveau briefing, nouvelle remise en question. Nous sommes accueillis à Eleuthera Plongée et partons à la vallée Blanche jouer avec les pressions partielles.

• La mise à l’eau effectuée, je tente quelques inspirations afin de mettre en route le dispositif. Après quelques minutes inconfortables, je commence à atteindre la bonne ppO2 et à apprécier la plongée. Je me « détends » aussi. 

• Je retrouve les sensations des premières plongées à l’air, de mon BE avec Pascal… humilité ! Une étrange sensation m’envahit, indéfinissable, irréelle. Nous restons en mode « plongée » durant 90 minutes, entre 15 et 20 mètres, et l’eau est limpide. 

Nous croisons de nombreux requins, tortues, bécunes et bonites, indifférents à notre présence. Une sensation de liberté extrême m’envahit devant ce temps de plongée infini. La bouteille ne se vide pas ! Sans aucune bulle j’apprécie totalement ce nouveau monde du Silence.

De retour au club, nous repartons avec Dan, de Nouvelle-Zélande et Dominique, pour une troisième plongée avec recycleur et tank side à la Source. Je prends de l’aisance et m’habitue à cette nouvelle respiration. Je commence à me sentir plus poisson que plongeur.

Les fonds sont superbement agencés de structures coralliennes en forme de champignons, fréquentées par de tout jeunes requins pointes blanches. Nous plongeons sans bulles, un Napoléon s’approche bien plus près que d’habitude… Sur le bateau nous retrouvons Régis qui a assuré la sécurité en surface. Pour notre retour au club, le soleil s’enflamme sur Moorea.

Merci à Cyrille et Dominique pour ces plongées spéciales avec recycleur, à découvrir sans aucune modération dans la mesure de ses moyens.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 255 Abonnez-vous