LES MACROALGUES PROLIFÉRANTES, UNE RESSOURCE POUR LA POLYNÉSIE ?

le 27/08/2015 publié dans le N°262 de Subaqua
RECHERCHE 262-UNE
Stephan Jacquet
par Stephan Jacquet

Caractériser la réponse des populations et des peuplements face aux principaux forçages d’origine naturelle et anthropique, avec une attention toute particulière sur les espèces proliférantes et/ou invasives, est un sujet d’étude important, notamment dans les écosystèmes littoraux des zones tropicales et subtropicales.

Mayalen Zubia est maître de conférences en Écologie marine à l’université de la Polynésie Française et travaille sur l’analyse de la diversité de la flore marine pour améliorer notre compréhension du fonctionnement et de la réponse des écosystèmes. Elle a publié récemment un article sur le problème posé par la prolifération de macroalgues mais aussi sur la valorisation économique de cette ressource, de prime abord indésirable. Contactée, elle a gentiment accepté de nous en résumer les grandes lignes.

 RECHERCHE 262 CENTRE

Depuis les années 1980, on assiste en Polynésie française, à la prolifération de deux grandes algues brunes, Sargassum pacificum et Turbinaria ornata, en particulier dans les lagons des îles hautes où les activités humaines sont les plus importantes. Le constat est alarmant : on est passé d’une structure dominée par les coraux à celle dominée par des macroalgues au sein des écosystèmes coralliens en l’espace d’une vingtaine d’années. Pourquoi ? Parce que, dans un premier temps, ces algues ont su profiter de la mortalité importante des coraux pour occuper l’espace rendu vacant. Puis, la diminution des herbivores (typiquement les poissons-perroquets Naso unicornis) liée à la surpêche, mais aussi l’augmentation de la pollution nutritive dans le lagon liée au développement des activités humaines, ont également été des facteurs favorables au développement de ces algues. Et force est de constater aujourd’hui que la progression est importante avec des proliférations observées à Tahiti, Moorea, Raiatea… mais aussi dans certains atolls des Tuamotu. En 1985, Turbinaria ornata est apparue dans les Tuamotu Nord (Makatea, Mataiva, Rangiroa) et en 1990, elle a été observée à Moruroa dans les Tuamotu du Sud. Cette espèce est donc devenue invasive et la colonisation de ces nouvelles îles a été assurée par les algues flottantes qui dérivent au gré des courants et assurent ainsi une dispersion efficace sur de longues distances. Au cours de l’année, après des épisodes de fortes houles mais également lors des faibles houles, de nombreuses algues brunes sont en effet arrachées à leur substrat de fixation et flottent à la surface du lagon grâce à la présence de flotteurs. Ces thalles libres se concentrent alors dans certains endroits du lagon où ils forment ce que l’on appelle des radeaux. Ces radeaux peuvent ainsi occuper de très grandes surfaces dans le lagon. Ils se dispersent ensuite au gré du vent, de la houle et du courant puis sont évacués dans l’océan par les passes et y dérivent au gré des courants jusque dans certains atolls des Tuamotus.

Ceci est un extrait du Dossier paru dans le numéro 262 Abonnez-vous

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