Bob Lataste, champion international de Nage en eau vive

le 01/03/2017
À 22 ans, Bob Lataste, est un jeune homme fonceur avec la tête sur les épaules, plongeur-démineur de profession. C’est au GPD Manche, au cœur de l’Arsenal de Cherbourg, que nous avons découvert cet amateur de sensations fortes qui recherche les poussées d’adrénaline que procure l’eau vive apprivoisée le temps d’une descente. À l’heure où la nage en eau vive se structure à l’international, au sein de la CMAS, Bob Lataste possède l’étoffe d’un champion.

Bob est tombé sur un flotteur à l’âge de 7 ans, une rencontre avec son entraîneur, Christian Bousquet, responsable de l’équipe fédérale puis avec Romain Février (nage avec palme, président CIALPC). Son rêve : représenter un jour la France. S’accrocher à ses rêves pour les réaliser, c’est cela le caractère de Bob qui rapidement se retrouve licencié FFESSM avec tout de suite un esprit de compétition amical, local puis régional. En 2010 et 2015, lors de rencontres non officielles (cf. encadré) en Indonésie puis au Guatemala, Bob termine respectivement à la première et à la deuxième places après de rudes batailles. Il était accompagné dans ses challenges par son employeur, la Marine nationale, AM Paris et Face Level Industrie.

Dans la vie professionnelle comme en compétition sportive, Bob vise la plus haute marche du podium. Après un bac STI génie mécanique, une préparation militaire marine à Bordeaux, il prépare le concours de la très sélective classe préparatoire de Conflans-St-Honorine, intitulée « Maintenance en milieu subaquatique ». Une formation élitiste qui ne propose que 12 places par année et dont le concours est réputé difficile. La simplicité n’étant pas dans son vocabulaire, Bob a mis les bouchées doubles et a réussi ce concours en septembre 2011. Un souvenir qui fait encore briller ses yeux. Le début de la marche vers son rêve professionnel. Une année « magique » me dit-il, au lycée Simone Weill à Paris, en internat. Une cohésion et esprit d’équipe très fort entre ces 12 élèves qui travaillaient « tout le temps ». Ils ont entre 18 et 23 ans et s’accrochent à leurs objectifs, la réussite de ce concours n’étant que la première marche. À l’issue de cette année de classe préparatoire, les élèves intègrent la Marine nationale avec un contrat de 4 années qui débute par l’intégration dans la formation « plongeur de bord » pour ensuite présenter les présélections « plongeurs-démineurs » ou « fusillers marins ». Bob a un but en tête : il sera démineur et à l’image de sa volonté en compétition, il s’accroche à son objectif et met tout en œuvre pour y parvenir. La petite phrase à la mode qui circule « du rêve à la réalité, il y a l’action » lui correspond bien. Il entre à l’école des plongeurs-démineurs pour 9 mois, à l’issue desquels il choisit l’affectation au GPD en juillet 2013 avec pour objectif le concours d’officier.

Un métier en accord avec ses ambitions

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Et ensuite ? « Mon modèle c’est le Commandant en second. » Le commandant en second, c’est Nicolas Febvay, de la base de GPD Manche Atlantique de Cherbourg. Plongeur civil, Nicolas Febvay a intégré en 2005 la première promotion de sous-officiers plongeurs-démineurs via l’école de maistrance et la formation de plongeur de bord. Sa première affectation en tant que plongeur-démineur fut le GPD de Brest où il a passé le concours pour devenir officier, il a alors enchaîné les affectations sur des chasseurs de mines, un navire océanographique, etc. À présent Nicolas est le Second du GPD Manche et a sous ses ordres 30 plongeurs-démineurs dont trois officiers, un médecin hyperbare, une infirmière et un infirmier et sept métiers soutiens, tels que secrétaire, mécanicien, électricien. Une belle complicité entre les deux hommes et tout le GPD est derrière Bob pour ses compétitions ! Les photos sont affichées sur les murs dans le centre de vie. Le GPD c’est d’abord un état d’esprit, une relation de confiance exceptionnelle entre ces hommes, indispensable à la réalisation des missions où ils mettent leurs vies en danger. « Fier d’en être et fier d’en avoir été » est la devise des PLD* qui passent par le GPD Manche. Parfois également, on est PLD de père en fils.

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Derrière son bureau Bob prépare la mission de demain, quelques plis sur son front. Le terrain d’intervention du GPD Manche va de la frontière belge au Mont Saint Michel et plus au large encore puisque les équipes partent également régulièrement s’entraîner en Islande avec les autres nations européennes. Leurs actions sont variées : déminage de colis piégés sur la base de l’arsenal de Cherbourg, déminage lors de découvertes de munitions sur l’estran par des promeneurs ou par des professionnels de la mer comme les activités de pêche, ostréicoles ou portuaires avec par exemple le grand chantier d’extension du port de commerce de Cherbourg mais aussi les archéologues de l’André Malraux, le renflouement d’épaves, etc. Dans ces villes bombardées pendant la Seconde Guerre mondiale, le travail ne manque pas, entre les munitions du passé, les alertes actuelles et les tentatives d’intrusion. Plongeur-démineur au GPD est un métier sans routine « au GPD on ne sait jamais quand commence ni s’arrête la journée, on vit à la demi-heure près ». Un métier qui demande une bonne condition physique, ce qui est compatible avec la discipline d’athlète sportif de Bob.

Un entraînement quotidien est nécessaire : course à pied, nage avec palmes, renforcement musculaire. Bob s’était blessé en juin dernier à la cheville, or la rencontre internationale se tenait le 10 octobre ! Mais il fut remis sur pied grâce au centre européen de rééducation sportive de Cap Breton qui vient de signer une convention avec les armées pour recevoir les unités d’élite blessées et les remettre sur pied rapidement.

Comparé à la plongée scaphandre, en nage en eau vive, l’équipement est plus léger : une combinaison souple, des palmes en fibre créées spécialement pour la nage en eau vive, un casque, un gilet-compétition kayak et le flotteur-standardisé pour la compétition. C’est un sport qui se pratique en club, Bob conseille les clubs plutôt qu’une base d’eau vive. Il est licencié au Bordeaux palmes aventure et à Paris Villeneuve-la-Garenne.

La mission s’achève. Nous rentrons et Bob prépare sa valise pour s’envoler vers une compétition. Aujourd’hui il pense à passer du côté entraîneur pour transmettre et partager sa passion. Nul doute qu’il mènera les jeunes vers la plus haute marche du podium ! Et à son retour, il reprendra les soirées studieuses pour préparer le concours officier ! 

Katell Henry

*N.D.L.R. : PLD sigle pour Plongeurs Démineur

Précision

La FFESSM est délégataire de plusieurs disciplines sportives parmi lesquelles la nage avec palmes possède le statut de haut niveau. L’expression internationale de ces disciplines (championnats d’Europe, championnats du monde, Jeux mondiaux, etc.) passe obligatoirement par la Confédération mondiale des activités subaquatiques (CMAS) dont la FFESSM est membre fondateur.

Depuis octobre 1986, la CMAS est reconnue par le Comité international olympique (CIO). À ce titre, c’est dans nos champs d’activités (NAP, apnée, hockey subaquatique, orientation, plongée sportives et tir sur cible), la seule organisation habilitée à mettre en place des Championnats d’Europe ou des Championnats du monde qui voient se rencontrer des équipes nationales officiellement et légalement constituées. Seules ces compétitions aboutissent à la délivrance des titres de Champion d’Europe et de Champion du monde.

À l’heure actuelle, cette situation souffre une exception : la nage en eau vive qui n’est pas encore structurée au sein de la CMAS. Cette extension internationale via la CMAS de la NEV est en cours de construction.

En conséquence, la promotion, le classement sportif et l’articulation de la NEV fédérale ne sont réalisés, jusqu’à maintenant, qu’à l’échelon national et pas au-delà. Le budget alloué chaque année à la commission sportive nationale NEV de la FFESSM est construit pour accompagner l’ensemble de ses actions nationales. Ainsi, il n’y a pas encore, stricto sensu, d’équipe de France de nage en eau vive.

Un championnat international, s’il a lieu d’exister, devra être mis en place par une organisation elle-même membre du CIO, encadré par tout un arsenal de procédures réglementaires : sélection des équipes, contrôle anti-dopage, déclaration au ministère des Sports, des Affaires étrangères, etc. qui doit être respecté.

C’est ce qui explique pourquoi la FFESSM, tout en saluant le déplacement, la belle réussite et le talent exceptionnel de Bob Lataste lors de ces rencontres internationales, ne fait pas la promotion de ce type de manifestations nées d’actions individuelles hors cadre réglementaire.

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