Nouvelle année, nouvelles perspectives. Une étude sur les modèles économiques des fédérations sportives vient d’être réalisée par le CNOSF*, un sondage d’une centaine de fédérations auquel a participé la FFESSM.
Une forte dépendance aux licences et aux subventions publiques est signalée par la majorité des fédérations.
Ce sont leurs deux principaux piliers économiques. Pour notre FFESSM, nous dépendons à plus de 70 % des recettes licences, mais par contre à seulement 5 % des subventions de l’État. Comme nombre d’autres fédérations, la crise sanitaire et économique depuis 2 ans a largement impacté nos produits fédéraux, nous faisant passer d’une base habituelle de 140 000 licenciés à 133 000 en 2020, 108 000 en 2021 et 128 000 en 2022. Indépendamment de cette crise, la licence classique dite sportive semble être dépassée compte tenu de l’évolution des pratiques. Les attentes ont évolué, nous avons besoin de proposer d’autres types de produits. Nous sommes à une période charnière vis-à-vis du changement des références que nous connaissons depuis longtemps.
Notre éditorial de Subaqua de septembre traitait d’ailleurs des quatre types d’évolutions en cours dans le mouvement sportif : mutation de la demande sociale de pratique sportive (pratique autonome, digitalisation et diversification), nouvelles offres en réponse aux problèmes de société (agilité de l’offre et bien-être), logique économique du secteur sport (crise du bénévolat, filière professionnelle), contrainte environnementale croissante (pour les sports de nature).
Des inquiétudes importantes pour les fédérations : suite à l’impact Covid, 78 % des fédérations estiment ne plus avoir les moyens financiers nécessaires pour traiter leurs enjeux stratégiques et 74 % sont inquiètes. Les principales craintes sont l’implication des bénévoles et les aides financières. Se diversifier et se réinventer sont des préoccupations partagées. En un mot, s’adapter en faisant plus avec moins. Plus de 90 % d’entre elles explorent de nouvelles sources de financement. Les principales sources potentielles sont les suivantes pour les fédérations nationales : partenariats privés (85 %), formations (60 %), mécénat (50 %), évolution du modèle licence (55 %), événementiels (40 %), merchandising (20 %), subventions européennes (15 %). Nous sommes depuis six mois dans cette recherche de nouveaux axes FFESSM tels un partenariat sport santé, la recherche de mécénat (éducation à l’environnement, inclusion), création de nouvelles formations, la diversification de l’adhésion (voir plus loin), un projet européen Erasmus sport validé…
Ne faudrait-il pas parler aussi de modèle d’adhésion plutôt que de modèle de licence ? La licence traditionnelle n’est pas considérée comme la racine d’un modèle d’avenir pour 41 % des fédérations. La plupart cherchent une diversification de leurs modèles économiques. À notre échelle depuis plus de 10 ans, nous avions intégré des ATP** produits d’appel de découverte, certains avec succès et d’autres sans résultats. Notre activité loisir est concurrencée par d’autres acteurs et organismes privés. Des pratiquants parfois sceptiques vis-à-vis d’un engagement annuel demandent une formule d’abonnement segmenté type estival ou vacances.
Dans la recherche de nouveaux modèles d’adhésion, en six mois nous avons renouvelé l’ATP pass découverte en le simplifiant et toujours à tarif promotionnel, créé la toute récente licence aidant accompagnant (sans pratique d’activité subaquatique) à tarif réduit répondant à certaines demandes, lancé la réalisation d’un e-learning pour nos débutants. Le projet en cours de pass pratiquant et pass animateur pour la découverte ciblée d’une activité spécifique culturelle ou sportive se met aussi en place pour 2023. Vous connaissez les engagements politiques notables qui sont mis en œuvre pour le rajeunissement de nos filières fédérales en particulier celle sur la plongée. Nos diverses approches proposées visent à une démarche plus flexible et personnalisée.
Les évènements de ces deux dernières années pourraient donner le tournis devant l’empilement des difficultés issues du passé. Il faut se poser des questions pour le futur en se frottant aux réalités du monde. Néanmoins ces mutations sont également porteuses d’inventions et de solutions en gardant nos valeurs, afin de composer en tâtonnant le monde de demain. En tout cas, en ce début d’année 2023, outre les meilleurs vœux traditionnels la fédération vous souhaite sincèrement que le plaisir sous l’eau soit avec vous.
Frédéric Di Meglio, président FFESSM
*CNOSF : Comité national olympique et sportif français
**ATP : autre titre de participation, sans besoin de licence