Un héritage transformé en mirage… une gueule de bois post JOP !

Éteinte la flamme des JOP de Paris en termes d’héritage. Tout le monde s’accorde à dire que le sport est un bien commun et un investissement pour l’avenir. Le sport partout et pour tous fait vivre des valeurs essentielles et tisse des liens sociaux qui participent au futur. Le mouvement sportif serait sacrifié au prétexte d’économies budgétaires que l’on comprend certes, mais les politiques publiques de l’État semblent avoir oublié ce qu’apporte le sport en termes de cohésion sociale, d’inclusion et de santé publique. D’autant que les collectivités locales, premiers financeurs du sport en France, sont, elles aussi, mises au régime sec. En France, le sport demeure depuis toujours le parent pauvre de la culture. Contrairement aux pays anglo-saxons qui prônent le principe d’un esprit sain dans un corps sain.

Les belles paroles se sont envolées, les ambitions politiques sportives et les actes n’ont pas suivi. « Faire de la France une nation sportive » en consacrant 1 % du budget national au sport d’ici 2030 était le message des Jeux. Comme le souligne le CNOSF (Conseil national olympique et sportif français) dans un communiqué de presse de mi-janvier « Le projet de loi de finances 2025 prévoyait déjà une réduction de plus de 100 millions d’euros de budget du ministère des Sports (hors crédits exceptionnels liés aux Jeux) portant un coup dur à un budget qui peine déjà à atteindre 0,2 % du budget de l’État. Mi-janvier, le gouvernement a décidé d’aggraver la situation en déposant un amendement pour réduire de 34 millions d’euros supplémentaires pour un budget devenu très marginal. » Pour donner suite à la mobilisation importante du mouvement sportif, le Sénat a retoqué massivement ce dernier amendement, vu le budget du sport déjà sérieusement amoindri.

Un cri d’alarme porté par tout le mouvement sportif pour des décisions qui méprisent des millions de bénévoles, d’éducateurs et de sportifs. C’est pour cela que nombre de fédérations sportives ont créé pour leurs réseaux sociaux une image de leur sport incluant un grand « carton rouge à Bercy », comme l’a fait la FFESSM. Le sport, principal sacrifié sur l’autel de l’austérité. En janvier la FFESSM a été l’une des nombreuses fédérations sportives à avoir signé par son président le manifeste de l’ANDES (Association nationale des élus en charge du sport) qui exhortait l’État à tenir ses engagements. Certaines figures emblématiques du sport français, comme le quintuple champion olympique de judo Teddy Riner, s’indignent « à peine les jeux terminés, le budget pour le sport chute de 33 %. Ne laissons pas cette flamme s’éteindre, elle est essentielle pour le futur ! ». Nous sommes bien loin des 1 % du budget national envisagé il y a quelques mois encore.

L’héritage des Jeux n’existera pas comme pilier futur de notre société. La grande cause nationale 2024 s’est dégonflée, elle qui était censée être « le relais sociétal pour porter l’héritage immatériel de ce rendez-vous historique avec pour objectif d’améliorer l’éducation, la santé, l’inclusion et de rendre notre société plus solidaire ». Le mouvement sportif demandait pourtant que le sport finance le sport. Et que le produit de la taxe sur les paris sportifs soit intégralement réinvesti dans le sport !

Dernière minute avant bouclage de Subaqua. Un signe pour les acteurs du sport ? L’exécutif n’a rien entrepris pour contrecarrer le projet de transfert vers le sport voté par les sénateurs (de façon trans partisane) de crédits prévus pour le Service national universel (80 millions), lequel n’a pas fait sa preuve depuis sa création. Il semblerait que tout se jouera après la commission mixte paritaire réunissant 7 députés et 7 sénateurs. « L’héritage » des JOP pourra-t-il se faire en partie ?