Le mouvement sportif est en mutation, tiraillé entre l’héritage du passé, les défis du présent et les espérances du futur. Le sport est un levier de transformation sociétal. Mais l’héritage des JO est de plus en plus incertain comme le souligne le CNOSF, au vu du budget nettement en baisse pour le sport dans la loi des finances, même si le pire a été évité. Néanmoins, une nouvelle réforme d’envergure des certifications professionnelles Jeunesse et Sport est en cours. À l’origine, la loi de 2018 « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel ». Le Grenelle de l’emploi et des métiers du sport visait à renforcer l’emploi sportif, la qualité et l’attractivité de la filière sport. Ceci a abouti au cadre de la réforme générale de 2024 des diplômes professionnels.
Cette réforme d’envergure de la formation professionnelle s’applique à tous les brevets professionnels et diplômes d’État de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et du Sport, ainsi qu’à leurs certificats complémentaires. Ces travaux ont été lancés depuis l’été dernier dans chaque filière sportive avec France Compétences, les partenaires sociaux, syndicats et organismes patronaux d’employeurs, les fédérations concernées et les organismes de formation. Avec, pour programme, une réécriture totale de ces brevets dans toutes les filières du sport ainsi que de l’animation. Il ne s’agit pas d’un simple toilettage mais de modifier en profondeur le paysage des diplômes professionnels du sport et de l’animation socio-culturelle.
Les enjeux consistent à créer des filières métiers en cohérence avec la charte interministérielle du Grenelle, avec une mise en conformité avec le Code du travail concernant l’autonomie professionnelle, avec une ingénierie précise selon les critères stricts d’enregistrement de France Compétences. L’emploi sportif est fragile, il connaît un turnover élevé et en même temps les structures rencontrent des difficultés à recruter. Le monde de la plongée n’échappe pas à cet état des lieux. La diversification des pratiques sportives, le développement des usages numériques, l’IA générative, l’autonomie des pratiques sont des éléments de cette mutation à prendre en compte. Un des axes de ce Grenelle a été la décision de mettre en cohérence toutes les certifications dans le champ du sport et de l’animation en créant un référentiel commun permettant des correspondances entre tous les diplômes pour fluidifier les parcours professionnels.
Pour la plongée subaquatique, depuis l’automne 2024, nous sommes confrontés à cette nouvelle cohérence d’architecture de notre propre filière métier. Avec un rendu en ce début d’année des référentiels d’activités, de compétences et d’évaluation de nos BPJEPS* avec et sans scaphandre. Incluant notamment l’objectif d’une autonomie « entière » du BP plongée scaphandre (prérogatives de directeur de plongée) à la demande de France Compétences. En soi, une belle révolution (!), à condition de ne pas télescoper l’actuel DE pour lequel nous sommes très vigilants. L’exercice va se prolonger ainsi toute l’année 2025 pour l’avenir du DEJEPS**, avec cette logique de blocs de compétences transverses (BC) pour remplacer les anciennes unités capitalisables (UC). Point primordial, à ce stade des travaux et ce pour toutes les filières, ne sont pas abordées les notions d’équivalences partielles ou d’allègements avec les diplômes fédéraux des fédérations délégataires. La notion de CC formation au tutorat dans le futur DEJEPS serait amenée à disparaître par contre du champ référentiel des diplômes du sport.
Tous les diplômes sont constitués de deux blocs de compétences généraux transversaux à tous les métiers du sport et de l’animation, prédéfinis et non discutables (BC1 et BC2) et d’un ou deux blocs de compétences propres à l’activité. Pour les activités de plongée sans scaphandre (plongée libre tous milieux sans limite de profondeur), un BC3. Et pour les activités de plongée avec scaphandre, il a été acté de disposer de 2 BC distinctifs notamment en raison de notre environnement spécifique (BC3 et BC4).
Pour exemple, voici les intitulés du BP JEPS plongée subaquatique avec scaphandre, avec une logique encadrement, enseignement et direction de plongée sur des espaces d’évolution de 0-20 mètres. Cette amélioration de son employabilité sera une ouverture.
• BC1 : concevoir et mettre en œuvre des projets d’animation dans le cadre de l’organisation de travail d’une structure du champ du sport ou de l’animation.
• BC2 : valoriser les activités et les projets d’une structure du sport ou de l’animation.
• BC3 spécifique à la filière sportive : concevoir, conduire en sécurité et évaluer des séances et des cycles de séances de découverte, d’initiation des activités de plongée subaquatique et d’apprentissage en plongée avec scaphandre.
• BC4 pour cette filière : gérer une direction de plongée à l’air et au nitrox (20 mètres).
Loin des discours édulcorés du Grenelle, l’application actuelle se fait au pas de charge, après la parenthèse des JOP de Paris. Cette refonte en cours des qualifications professionnelles représente une transformation majeure du paysage des filières du sport et de l’animation. À notre échelle, nous essayons néanmoins de conserver lisibilité et simplification de la filière plongée métier.
Frédéric Di Meglio,
président de la FFESSM