Ce cri de la mer et des océans se conjugue avec le cri de nombre de femmes et d’hommes dans cette crise mondiale de société. Crise où les analyses de l’état des lieux peuvent diverger radicalement selon que l’on vise l’instant présent ou plutôt l’avenir. Faut-il privilégier la relative quiétude de l’instant ou voir plus loin ? Le déni du changement climatique et de ses causes par certains grands de ce monde interpelle face au consensus scientifique international. De vraies machines à produire du déni sont financées par des lobbies industriels, économiques et idéologiques. Cette stratégie est proche de celle qui fut organisée sur le déni des dangers du tabac pendant plusieurs décennies.
« Ce sont nos lunettes qu’il faut changer pour renouveler en profondeur notre intelligence, en libérant notre regard des prismes de la modernité. » écrivait un des fondateurs du mouvement Écologie Humaine*. Il disait aussi « Notre problème est que nous ne parvenons pas à sortir de la vision du monde imposée par la modernité. Il ne s’agit donc pas d’améliorer la vision des temps modernes ou de boucher les trous. Il s’agit de concevoir autre chose. » Ainsi, il faut savoir changer de regard. La Charte de l’Environnement fête ses 20 ans en France, elle nous rappelle fort opportunément que l’homme fait partie de l’environnement et que nos choix d’aujourd’hui conditionnent l’habitabilité de notre planète demain.
En 2025, la France célèbre l’année de la Mer dans une dynamique de sensibilisation et d’action pour un avenir maritime durable. Mieux comprendre, mobiliser et protéger cet écosystème vital de la planète bleue. Moment phare de l’année avec la troisième conférence des Nations unies sur l’Océan (l’UNOC) qui s’est tenue à Nice en juin. La FFESSM y était présente pour une conférence. Ce sommet mondial a réuni tous les États du monde autour de certains défis majeurs comme « Préserver la biodiversité marine, préserver les grands fonds, mieux lutter contre la pêche illégale et les pollutions, accélérer la transition énergétique maritime. »
L’ADN de notre FFESSM depuis sa création en 1948 est l’engagement comme acteur de sensibilisation et d’éducation des publics à notre environnement subaquatique. Nous sommes depuis 2021 reconnus par l’Office français de la Biodiversité comme « Partenaire engagé pour la Nature ». Dans le cadre de cette année 2025, la fédération a été labellisée « la Mer en commun » par le ministère de la Transition écologique et « Parlons santé mentale » par le ministère de la Santé au travers d’un clip initié et coordonné par le président de la FFESSM intitulé « Océan, le cœur bleu de la Terre » et qui traduit nos engagements.
Il nous faut dépasser le dualisme qui oppose nature et culture et qui relève d’une pure convention sociale. Le concept actuel « One Health » (une seule santé pour les êtres vivants et leurs écosystèmes), c’est repenser la santé à l’interface entre celle des animaux, de l’Homme et de leur environnement. Il a été adopté progressivement par les Nations unies et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Notre fédération s’est impliquée dans ce courant en mettant en avant les relations entre la biodiversité, la pratique de la plongée et la santé mentale. La validation récente d’un grand projet européen Erasmus + Jeunesse porté par la FFESSM en est un des témoins. Mon intervention récente aux 1res rencontres nationales « Sport et Biodiversité » en raison de notre position de précurseur en est un autre.
Soyons attentifs aux événements qui nous transforment plutôt que d’essayer de rester dans le moule. Sortir des sentiers battus permet de poser un nouveau regard et de se mettre en mouvement. Individuellement nous ne faisons pas le monde, mais nous y contribuons.
* Gilles Hériard Dubreuil, spécialiste des crises environnementales et du développement durable, co-fondateur et, jusqu’à son décès en 2023, président du Courant pour une Écologie humaine.