La logique culturelle de nos brevets fédéraux de pratiquants se décline en niveaux 1, 2, 3, 4 de plongée à l’air s’inscrivant dans l’histoire de notre fédération. C’est la base de nos habitudes et usages traditionnels. Disposer d’un niveau précis permet de justifier ainsi d’un certain nombre de compétences. Mais l’expérience acquise du plongeur, son carnet de plongée, sa dernière plongée, son nombre de plongées, son profil, les conditions de pratique au jour J participent aussi à l’évaluation du directeur de plongée (DP) qui fixe les caractéristiques de la plongée.
La logique d’aptitudes dans la pratique de la plongée subaquatique de loisir apparaît dans l’arrêté du 18 juin 2010 puis surtout en 2012 comme un pilier central du Code du sport dans la partie réglementaire de la plongée loisir. Elle a permis d’intégrer les brevets étrangers quel que soit l’organisme certificateur des pratiquants. Ce pilier régit l’activité dans les EAPS* qui organisent la pratique et dispensent l’enseignement de la plongée. Les aptitudes sont ainsi identifiées par le directeur de plongée, fonction des aptitudes à évoluer en étant encadré (PE) ou en autonomie (PA), avec référence à une profondeur maximale d’évolution. Exemple comme vous le savez bien, un niveau 2 est une qualification de plongeur autonome à 20 m et une qualification de plongeur encadré à 40 m.
Depuis l’arrêté du 6 avril 2012, nous nous sommes bien habitués à ces notions de PE 12, PE 20, PE 40, PE 60, PA 12, PA 20, PA 40, PA 60 pour la plongée à l’air, où le pratiquant doit justifier auprès du directeur de plongée les aptitudes qui y sont détaillées (Annexe III 14a* du Code du sport). Nos traditionnels brevets FFESSM de niveaux ainsi que ceux de la CMAS, de l’UCPA, de la FSGT et des syndicats ANMP et SNMP s’y sont intégrés (Annexe III 14b du Code du sport). Puis nous avons progressivement vu la délivrance de certifications par la FFESSM calquées directement sur ces notions d’aptitudes PE ou PA, comme pour les autres membres de l’École française de plongée.
Cette logique d’aptitudes est bien au cœur même de la pratique de la plongée depuis plus d’une dizaine d’années. Elle s’est imposée à travers les références du Code du sport. Ainsi le directeur de plongée (Art 322-72) fixe les caractéristiques de la plongée, forme les palanquées et établit une fiche de sécurité comprenant notamment les aptitudes des plongeurs et leur fonction dans la palanquée. D’ailleurs, comme cela est précisé par la réglementation, en l’absence de justification de brevet voire le cas échéant de carnet de plongée, le DP peut organiser l’évaluation des aptitudes d’une personne à l’issue d’une ou plusieurs plongées (check dive que l’on trouve aussi à l’international).
De même pour la terminologie « Personne encadrant la palanquée » (Art 322-74) dont la qualification minimale pour l’exploration correspond pour nous et nos partenaires au guide de palanquée, comme cela est noté dans l’annexe III-15b. Lequel est chargé de diriger une palanquée en immersion en l’encadrant, cette notion a remplacé celle de plongeur capacitaire niveau 4 qui datait de 1989. Notre ancien capacitaire est devenu guide de palanquée pour encadrer les plongées d’exploration entre 0 et 40 m. Il est devenu responsable du déroulement de la plongée en s’assurant que ses caractéristiques sont adaptées aux circonstances et aux aptitudes des plongeurs, à savoir leurs compétences réellement démontrées sous l’eau, au-delà des brevets détenus. En soi, le terme de plongeur P4 ou niveau 4 tend à disparaître au profit de celui exclusif de guide de palanquée.
Quelle évolution pour notre filière plongée ? Il faut réfléchir en aptitudes et non pas seulement en habitudes de niveaux. Le prérequis au futur de l’entrée en formation du guide de palanquée ne sera plus le niveau 3 mais le PA 40. Et l’entrée en formation du MF1 serait alors le guide de palanquée + le PA 60. Cette réflexion est déjà lancée auprès de notre commission technique nationale, avec aussi une réappropriation des réalités de formation des niveaux 3 à la décompression pour être un vrai PA 60. L’émergence des travaux sur le BEPPA* sorte de « MF1 plus » qui pourrait intervenir en sécurité dans la zone 40-60 m participe à cette évolution. Dans le contexte actuel, comme initié dans notre Projet sportif de développement fédéral de l’olympiade, la fédération se doit de repenser certains points de son dispositif de formation plongée. « Sous l’eau, un nouveau souffle », nous vous souhaitons un été plein de belles immersions.
* EAPS : établissement d’activité physique et sportive.
* Annexe III 14a : description des aptitudes des pratiquants à utiliser de l’air en palanquée encadrée ou en autonomie, dans le Code du sport.
* BEPPA : brevet d’enseignement profond de la plongée à l’air.