RENCONTRE AVEC CAMILLE HEITZ

le 29/04/2015

UNE CHAMPIONNE SIMPLE ET VOLONTAIRE

Éric Traverso

Éric Traverso

Championne de nage avec palmes, leader incontestée de l’équipe féminine tricolore depuis des années, Camille Heitz se maintient au plus haut niveau avec une constance, une ténacité et une détermination qui ne peuvent que convaincre. Pourtant, au-delà des records, des médailles et des podiums, la championne a tout aussi bien réussi ses études que le début d’une carrière d’ingénieur prometteuse. Ce constat mérite que l’on s’y arrête un petit peu ! Propos recueillis par Pierre Martin-Razi.

Subaqua Pour un athlète, la concrétisation du double projet n’est pas chose facile. Réussir à la fois sa carrière sportive, ses études puis sa vie professionnelle exige un engagement total. On a envie de demander s’il existe une recette…

Camille Heitz Une recette ? Non je ne crois pas ! (Camille rit, un rire cristallin, franc, sans chichi. Un rire sain.). Je pense que chacun évolue et concrétise en fonction de son caractère, de ses envies et de son entourage. Plutôt que de parler de recette, je préfère évoquer trois ingrédients qui sont la volonté, le soutien de sa famille et de son entraîneur et peut-être aussi la chance de trouver très tôt les bonnes voies qui évitent les pertes de temps et d’énergie. Ce sont pour moi les trois clés essentielles de la réussite sportive. On est peut-être moins guidée dans la vie professionnelle, moins soutenue, mais dans la vie tout court, c’est la même chose. Et puis, un parcours sportif réussi est extrêmement positif, constructeur. Il ne peut qu’aider à faire sa place dans le monde du travail ni simple ni facile. Au départ, ma nature était plutôt timide, introvertie. Grâce à mon entraîneur, Sébastien Roverati, puis Michel Kichev – pour moi le meilleur du monde ! – j’ai acquis un statut de championne. Cela m’a donné une force de caractère utile dans le monde masculin du BTP dans lequel je travaille aujourd’hui et où je me sens bien. Au fond, c’est peut-être ça la recette : savoir quel est le bon train, avoir mais surtout savoir se donner les moyens de grimper dans le wagon…

Subaqua Pour vous, comment cela s’est-il passé ?

Camille Heitz Quand on regarde en arrière, les événements semblent s’enchaîner avec une grande logique ! Enfant, j’habitais à Saint-Raphaël et pour faire comme mon frère, j’ai demandé qu’on m’inscrive dans un club de natation classique. J’avoue : je détestais ! À 12 ans, j’ai découvert la nage avec palmes qui m’a emballée. Les sensations, la puissance, la vitesse… Tout me semblait extraordinaire. Par hasard, j’ai participé à une compétition, ma première et je l’ai gagnée. Forcément, j’ai trouvé ça pas mal et, du coup, cela m’a donné envie de voir un peu plus loin. La vérité, c’est que depuis, je n’ai plus arrêté… Cela fait dix-sept ans !

Subaqua Les études, la charge d’entraînement, les choix à faire, tout cela doit peser lourd alors que l’on n’est encore qu’une adolescente ?

Camille Heitz Franchement, jusqu’au bac, cela ne m’a pas été le plus dur. La vie était simple, réglée sur les entraînements et ma famille était bien présente. Il y avait cependant comme une pression sociale difficile à gérer : 17 ans, la liberté, les sorties… Après le bac, sur les conseils de mes parents, j’ai choisi de suivre les cours de l’Institut national des sciences appliquées, l’INSA à Toulouse, qui propose des cursus spécifiques pour les sportifs de haut niveau. Je suis entrée en Génie civil. J’avais 17 ans et je me suis retrouvée entourée de kayakistes, de nageurs classiques, de joueurs de rugby. Je me retrouvais dans un univers où tout le monde vivait au même rythme, celui des entraînements quotidiens et où il me semblait que je n’étais pas la seule à faire des sacrifices. Pendant un temps, il y a même eu un nageur avec palmes espagnol… Mais je me suis un peu laissé vivre et j’ai planté ma première année…

Éric Traverso

Éric Traverso

Subaqua Vous étiez déjà vice-championne du monde en entrant à l’INSA…

Camille Heitz Oui ! La semaine de la rentrée était celle du championnat du monde junior. Naturellement je suis rentrée avec huit jours de retard mais pas aussi heureuse qu’on pourrait le croire. Vice-championne c’est un beau titre, pourtant j’étais mortifiée d’avoir raté la consécration de si peu. En effet, j’arrivais à la compétition avec la meilleure performance mondiale junior de l’année sur 100 m immersion. Ma palme était cassée, mais la pression nous (l’équipe technique et moi-même) a fait manquer d’analyse et je ne m’en suis pas rendu compte objectivement. Ce genre de chose vous démolit pendant un moment et puis, il faut vite passer à autre chose sinon c’est fini. Michel me l’a bien fait comprendre !

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