La faune du Cap Vert, du Sénégal donc, se trouve à la jonction de trois zones dont la confluence explique la grande diversité : l’Atlantique Nord tempéré, la Méditerranée occidentale, l’Afrique équatoriale et le Golfe de Guinée. Les échanges entre ces trois zones, au gré des saisons, sont à l’origine de l’exceptionnelle richesse et de la diversité des peuplements de cette côte.
En commençant par la première forme de vie qui interpelle les plongeurs, on remarque tout de suite que nombre d’entre eux ne nous sont pas inconnus. Combien de fois ai-je entendu cette exclamation en sortant de l’eau : « Mais ce sont des poissons méditerranéens… ! ». Réaction normale de ceux qui ont fréquenté nos côtes du sud de l’Europe, du Portugal à l’Algérie, en passant par le littoral français. La vérité, c’est qu’en Méditerranée les poissons sont… atlantiques !
Notre Mare Nostrum, au cours de son histoire mouvementée, s’étant trouvée quasi asséchée a dû se refaire une population à partir de l’océan… Donc, évitez de dire à un Sénégalais que le mérou brun que vous avez aperçu est un mérou de Méditerranée… au mieux, il ne vous comprendra pas, au pire, il va vous prendre pour un chauvin ignorant.
Ces poissons familiers constituent environ un tiers de ceux rencontrés en plongée. Pour beaucoup de scientifiques, ils diffèrent tout de même légèrement et constituent des sous-espèces… La logique a peu de choses à voir dans l’affaire… si l’on se place chronologiquement, on peut raisonnablement penser que ces sous-espèces devraient se trouver… en Méditerranée.
Un autre tiers de nos poissons ouest-africains a des affinités avec ceux des côtes est américaines : Brésil, Antilles. C’est assez logique, les deux continents n’ayant été séparés que depuis quelques dizaines de millions d’années, un clignement d’œil géologique, les deux populations ont beaucoup en commun. On peut aussi penser que certaines larves ayant une longue vie pélagique, les courants marins en permettent la dispersion sur de grandes distances.
Un dernier tiers, approximativement, ne se rencontre que sur les côtes ouest d’Afrique et se trouve présent toute ou partie de l’année. La température de l’eau oscillant, en fonction de la saison, entre 15 et 30 °C, on assiste en période froide à une prédominance d’espèces à affinité « nordique » et, en été (appelé ici… hivernage) à la remontée de poissons en provenance du golfe de Guinée et des régions plus au sud. C’est un principe assez logique, mais les poissons ne lisant pas Subaqua, ils ont un malin plaisir à n’en faire qu’à leur tête et à braver les saisons… ce qui réserve parfois des (bonnes) surprises. Pas de classification, au sens strict, dans ce petit inventaire, juste un regroupement entre espèces fréquentant le même milieu, encore que beaucoup d’entre elles soient assez éclectiques et se rencontrent aussi bien dans quelques mètres d’eau, sur fonds rocheux et à plus de 100 mètres sur fonds meubles. C’est particulièrement vrai pour les prédateurs qui sont là où la nourriture se trouve.
Bien entendu, je me limiterais à quelques espèces… sur la centaine présente couramment. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous engage à venir sur place, chaque année un stage d’exploration photo bio est organisé à Dakar, avis aux amateurs… et amatrices, il y a encore beaucoup de choses à découvrir !