Basse Californie l’eldorado aquatique

Portrait Olivier Clot-Faybesse
Olivier Clot-Faybesse
Publié le 22 févr. 2017, modifié le 18 sept. 2024
Pas de vestiges mayas, ni de villes coloniales. Point non plus de tiède Caraïbe avec ses cohortes de touristes. La Paz, ses archipels et sa mer de Cortèz, c’est une nature omniprésente et encore préservée. Âpre à terre, foisonnante sous l’eau. Bienvenue en Basse Californie ou l’autre Mexique. Texte d’Olivier Clot-Faybesse. Images de Gilles Di Raimondo et Fabrice Dudenhofer.

Décidément, ils auront été partout ou presque. La liste des endroits où Cousteau et sa dévouée équipe de baroudeurs ont effectivement trempé leurs palmes avant tout le monde, est aussi longue qu’impressionnante. Découvrir une statue du Commandant sur le front de mer de la petite ville mexicaine de La Paz, capitale de Basse Californie du Sud, n’en est pas moins une surprise. Cette sculpture de métal grandeur nature immortalise notre héros national, bonnet vissé sur le crâne, bi bouteilles sur le dos, appareil photo en bandoulière et masque à la main. Le visage est rivé sur le large. En y prêtant attention, le promeneur se rendra compte que le regard de Cousteau porte en fait vers une bande de terres posées à l’horizon : l’archipel d’Espiritu Santo.

L’œil du Commandant ne se trompe pas. Les plongées les plus intéressantes se trouvent en effet tout autour d’Espiritu Santo. Au départ de La Paz, il faut compter une heure de navigation pour atteindre la pointe la plus proche de cet écosystème protégé et classé au patrimoine mondial par l’Unesco. Ce qui dans d’autres endroits du monde aurait pu être ennuyeux à la longue ne l’est pas ici. Bien au contraire. Chaque traversée, chaque trajet passé à sillonner la mer de Cortèz révèle son lot de surprises. Baleines majestueuses, bancs de mobulas s’envolant au-dessus de la surface, dauphins jouant dans le sillage du bateau… C’est simple, il y a presque autant à découvrir à la surface de l’eau que dessous.

Le royaume des « petites oreilles »

La raréfaction des requins, si elle est condamnable et déplorable, profite au moins à un animal : l’otarie. Débarrassées de leurs prédateurs naturels, les colonies d’otaries de Californie (Zalophus Californianus) ne se sont jamais aussi bien portées. Le plus grand regroupement se trouve dans l’archipel d’Espiritu Santo, sur l’îlot maintenant bien réputé de Los Islotes. S’immerger en présence de ces mammifères est sans conteste une expérience originale, à vivre au moins une fois dans une vie de plongeur. Car un rendez-vous avec les otaries de La Paz se distingue de la quasi-totalité des autres rencontres marines possibles. Tout d’abord, pour espérer les voir, il ne sera pas nécessaire d’adresser au préalable son lot de prières à Neptune ou de croiser les doigts à s’en faire des entorses. Pas même d’ouvrir les yeux. Car en arrivant sur site, entre des narines chatouillées par une odeur que l’on pourrait qualifier pudiquement de forte, et des oreilles sollicitées par le vacarme de leurs cris, leur présence est évidente. Qu’on se le dise, les otaries de La Paz se trouvent si bien sur leurs rochers qu’elles y résident toute l’année.

Ensuite, ces animaux bousculent les codes. Avec l’expérience, le plongeur s’est habitué à ce que les espèces marines s’enfuient, ne s’approchent qu’après mille précautions, ou au mieux, restent indifférentes à sa présence. Dans les eaux « lapaziennes », un sacré changement l’attend. Ici, les otaries, les plus jeunes notamment, sont curieuses de l’homme. Parfois même un peu trop joueuses, n’hésitant pas à saisir dans leur gueule l’extrémité d’une palme ou mordiller le haut d’une cagoule, voire une sangle baladeuse. Des interactions de nature plus humaine qu’animale qui réjouissent. Attention toutefois : pour des rencontres réussies avec les « petites oreilles », du mot grec dont dérive le nom d’otarie, certaines règles sont à suivre (lire l’encadré dédié par ailleurs).

Est-il possible de se lasser du spectacle de ces espiègles danseurs ? Pas vraiment. Mais tout plongeur peut ressentir à un moment le besoin d’élargir quelque peu son horizon biologique. Pas besoin pour cela d’aller bien loin, juste un peu plus profond. Les alentours immédiats de Los Islotes donnent à admirer, autour d’un paysage géologique à base d’arche et de grosses roches, des bancs de poissons colorés, des mérous en nombre et du passage de pélagiques. De plus, avec une bonne douzaine d’autres sites au compteur, l’extérieur de la baie de La Paz offre diverses alternatives à l’otarie : coraux durs et macro à Swanee reef, pinacles rocheux gorgonés à foison à Muellecitos ou encore épaves. Oui, si le métal vous tente histoire de varier les plaisirs, ce ne sera pas vraiment un problème.

Naufrages à La  Paz

Car les eaux de La Paz abritent de quoi satisfaire aussi les accros à la tôle. Avec tout d’abord, les vestiges du Salvatierra.

Illustration d'un ordinateur de plongée
Ne ratez aucune info
Inscrivez-vous à notre newsletter mensuelle pour ne rien rater de votre magazine
Illustration d'un mérou brunIllustration d'un rocher