En 1558 paraît, à Lyon « L’Histoire entière des poissons », traduction en français de deux ouvrages, rédigés en latin par le même auteur, parus en 1554 et en 1555. Cet auteur se nomme Guillaume Rondelet, médecin ami et condisciple d’un certain François Rabelais ! C’est d’ailleurs à Montpellier, ville de naissance de Guillaume Rondelet, que François Rabelais est venu étudier la médecine.
Cet ouvrage est une première : jamais auparavant on n’avait eu la volonté de publier un livre – imprimé – présentant autant d’espèces animales marines. Et en plus, chaque espèce est illustrée par une gravure !
On date de 1450 environ l’invention de l’imprimerie moderne en Europe, par Gutenberg. En France, le premier livre est imprimé en 1470, à Paris, mais il s’agit d’un livre en latin. Le premier livre en français a été imprimé à Lyon vers 1476. Lyon est d’ailleurs une grande ville d’imprimerie : c’est pour cette raison que Guillaume Rondelet, tout comme François Rabelais, fait imprimer ses ouvrages à Lyon.
Dans « L’Histoire entière des poissons », Guillaume Rondelet dénombre 440 espèces vivantes et parmi elles 241 espèces de poissons. Avant lui, Aristote n’en avait présenté que 117. Rondelet ne s’est donc pas contenté de faire une simple compilation, comme le faisaient la très grande majorité de ses prédécesseurs qui avaient, depuis l’Antiquité, publié des ouvrages sur les animaux. En homme de la Renaissance, il a voulu se frotter lui-même à l’objet de ses études et il a beaucoup voyagé pour réaliser des observations de terrain et pour rencontrer d’autres scientifiques de son époque. Il a d’abord bien sûr beaucoup observé les êtres vivants de la Méditerranée, proche de son lieu de naissance, mais il s’est rendu également sur les côtes de l’Atlantique et de la mer du Nord pour y découvrir leur faune spécifique.
Pour illustrer ses ouvrages, Rondelet a fait réaliser 490 figures au trait qui ont été, tout comme dans les ouvrages modernes, incorporées dans le texte. La plupart de ces illustrations sont extrêmement précises. Celle du hareng, par exemple, n’a rien à envier aux dessins que l’on peut trouver dans les guides naturalistes d’aujourd’hui.