Plus d’espèces ont été recensées que ce à quoi nous nous attendions… Nous sommes passés de 230 000 à 250 000 animaux ou végétaux découverts en l’espace de 10 ans, mais on s’attend à ce qu’il en reste au moins trois fois plus, que ce soit dans l’Arctique, l’Antarctique ou le Pacifique oriental.
Même si les insectes représentent 50 % de ces espèces nouvelles à eux seuls, les plantes 13,4 %, les crustacés et mollusques scorent à 4 % et 3,4 %, ce qui représente respectivement 7 070 et 5 949 espèces. Vous serez certainement surpris, mais les poissons représentent 2 % des découvertes avec 3 395 espèces. Les phylums exclusivement marins nous offrent plus de 11 % de l’ensemble des ”nouveautés”. Il faut être conscient que la plus grande partie du plancher marin n’a jamais été explorée, soit 95 % de la surface des océans.
En 2009, l’étude du golfe du Mexique a permis de recenser 8 332 espèces de poissons ou de mammifères dans la zone touchée par la fuite de pétrole…
En moyenne plus de 300 à 400 nouvelles espèces de poissons sont découvertes chaque année depuis l’année 2000, ce qui est considérable même en comparaison avec les 9 000 espèces d’insectes. Plus de 700 pour les crustacés et entre 500 et 850 pour les mollusques (avec les effets possibles de pics pour les années d’expéditions de Philippe Bouchet du Muséum national d’Histoire naturelle ; Lifou 2000, Panglao 2004 et Santo 2006).
Globalement 19 % des espèces marines connues sont des crustacés, arrivant devant les mollusques (17 %), les poissons (12 %), les algues 10 % et les anémones et méduses 5 %.
Ces données sont aujourd’hui difficiles à collecter, aussi en ce qui concerne les espèces marines, des bases informatiques sont en développement, comme AlgaeBase, WORMS (World Register of Marine Species) et Taxatoy pour ne citer que celles qui nous concernent le plus. Peu de catalogues complets existent sauf pour les arachnides, les plantes à fleurs et les poissons. Il reste tellement d’espèces à découvrir… Imaginez que rien que pour les espèces microbiennes marines la biodiversité est évaluée à 20 millions d’espèces. TaxaToys est un logiciel interactif développé par le laboratoire de biologie marine de Wools Hole (http://taxtoys.ubio.org). Il permet de naviguer dans l’histoire de la découverte des espèces et d’en extraire des données statistiques année par année. Ces dernières montrent les fluctuations, notamment avec les interruptions générées par les guerres. Le Pr Chapman, qui fait référence, dans son rapport de 2009 estimait le nombre d’espèces décrites à 1 899 587 en 2007.
Si l’on continuait sur un rythme de découvertes de 170 000 espèces par an, il faudrait 588 ans pour faire le répertoire complet. Mais l’environnement change, avec l’extinction de certaines espèces, l’invasion par d’autres, les changements climatiques, la dégradation des habitats, ce qui fait que ce type de calcul à l’échelle de siècles perd alors tout son sens.
Les fonds mondiaux engagés pour les études de biodiversité (650 millions de dollars sur 10 ans) ont permis d’apprendre bien des choses : ainsi, ”la Méditerranée serait le centre du monde pour les espèces immigrées”, noté par un expert du règne marin. Avec l’accélération du trafic maritime au XIXe siècle et l’ouverture du canal de Suez, la Méditerranée est devenue le carrefour de multiples espèces ”étrangères” (600 au total), arrivant surtout de la mer Rouge.
Les régions d’Australie et du Japon, comptent respectivement 80 % et 70 % des espèces qui n’ont pas encore été décrites, et sont de loin les plus riches en biodiversité avec 33 000 espèces marines chacune, suivies par la Chine, la Méditerranée et le golfe du Mexique.
Ces deux dernières régions sont aussi les plus menacées par la surpêche, la destruction des habitats et les pollutions. L’Indonésie et les Philippines sont encore en cours d’étude mais on peut prédire qu’elles rivaliseront avec l’Australie en termes de richesse. Certaines régions du globe sont de véritables réservoirs de biodiversité ; ainsi la Nouvelle Guinée qui a révélé plus de 1 000 nouvelles espèces en dix ans, dont une grenouille avec des crocs, un serpent aveugle et un dauphin à tête arrondie, et 71 espèces de poissons.
L’une des plus sympathiques découvertes est certainement le ”crabe yéti” aux pinces poilues, mais aussi un poisson lumineux vivant dans les grandes profondeurs, là où l’obscurité est reine. Citons aussi une espèce de crevette que l’on croyait éteinte depuis la période jurassique. Un calmar de plus de 7 mètres de long…
Dans le même temps, 12 % des espèces marines sont menacées d’extinction dans le Pacifique Est-tropical, d’après l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Les raisons majeures sont la surpêche, la destruction des habitats et une augmentation des impacts du phénomène el Niño, avec pour conséquence le déclin de nombreux poissons commerciaux, poissons de récifs, coraux, mangroves et herbiers.
Les études sur la biodiversité jouent un rôle fondamental auprès des gouvernements afin de collecter les fonds nécessaires pour les études les plus pertinentes et là où il est le plus urgent d’agir.
C’est pourquoi les aires marines protégées se développent autant sur notre littoral (une dizaine en prévision), que dans le Pacifique. Citons l’île de Clipperton qui apparaît comme une urgence tant le nombre d’espèces menacées est élevé (sachant que les 4 autres îles environnantes sont déjà placées sous une protection intégrale).