Lundi 1er juillet, 14 heures, au large de Marseille. Quatre hommes s’apprêtent à embarquer vers l’inconnu. Ils partent vivre en saturation pendant près d’un mois. Un séjour aussi long représente un défi inédit dans l’histoire de la plongée sous-marine. Mais le but de cette expédition, intitulée Gombessa V « Planète Méditerranée », n’est pas de battre un record de durée. Il s’agit avant tout d’une mission scientifique destinée à étudier les grands fonds de notre Grande Bleue, à savoir la zone dite crépusculaire à la limite de l’accès à un homme en scaphandre.
Autour du chef d’expédition L. Ballesta, et degauche à droite, Y. Gentil, A. Guilbert et T. Rauby. © A. Ruoppolo
Cette équipe d’explorateurs est composée d’Antonin Guilbert, Thibault Rauby, Yanick Gentil et Laurent Ballesta, ce dernier étant le chef de cette expédition. Il est vrai que pour ce biologiste et photographe chevronné, n’ayant pas hésité à descendre jusqu’à - 140 mètres pour chercher (et trouver !) un « poisson fossile », en l’occurrence le cœlacanthe, avant de passer quelques années plus tard toute une nuit sous l’eau à assister à la chasse de 700 requins le long d’une passe tahitienne, plus rien ne semble trop déraisonnable ou trop extrême.
Le projet Gombessa V est le fruit du mariage de deux techniques : la plongée à saturation (confinement dans un espace maintenu sous pression) et la plongée sportive profonde (utilisation de scaphandres recycleurs). Là où une incursion à - 120 m d’une dizaine de minutes nécessite en contrepartie quelques heures de décompression, plonger à saturation donne aux membres de l’équipe la liberté d’explorer des espaces encore jamais visités pendant des heures
Ainsi, après chaque sortie, direction non pas la surface mais la tourelle de plongée à saturation, module pressurisé de 5 m2, pour se réchauffer, se nourrir et dormir. Après 24 jours d’exploration des fonds marins de la Méditerranée entre Marseille et Monaco (du 1er au 24 juillet), et quelques plongées à plus de 140 mètres de profondeur, suivis de 4 jours de décompression, le quatuor a pu, dimanche 28 juillet, quitter la modeste tourelle de l’INPP (Institut national de la plongée professionnelle) et retrouver l’atmosphère terrestre. Toute l’équipe est en bonne santé.
Et si le travail mené est en cours d’analyse, les actions réalisées sont impressionnantes :