Connaissez-vous le Médicosport ? Il s’agit d’une sorte de dictionnaire recensant à l’usage des médecins quelles activités sportives adaptées peuvent être préconisées ou prescrites sur ordonnance dans le cadre du sport santé. Dans sa toute nouvelle édition (2020), le référencement des sports sous-marins y est effectif. Selon le contexte médical, les activités sportives adaptées sont déclinées en deux niveaux. Pour la FFESSM, le niveau 1 « Palmer vers son bien-être » s’adresse à un public large sédentaire et en baisse d’autonomie. Quant au niveau 2, « Palmer vers sa santé », il concerne les personnes porteuses de maladies dites de longue durée avec des limitations fonctionnelles. Ce référencement donne une visibilité et une reconnaissance des multiples bénéfices des activités sous-marines de loisir. Il permet d’intégrer notre pratique et notre expérience historiques de la plongée pour les personnes en situation de handicap, concrétisée à travers l’initiative Handisub® lancée en 2011 dans le cadre plus général du sport santé. Handisub® intègre les pratiques de l’apnée, de la nage avec palmes, du hockey subaquatique et de la plongée sportive en piscine.
Qu’il soit valide ou non, un pratiquant tirera de l’activité plongée des bénéfices d’ordres physique, psychologique et psychique, bénéfices qui d’ailleurs, bien souvent, s’influencent positivement entre eux. Cependant, le plongeur en situation de handicap (PESH) y gagnera des avantages spécifiques en lien avec sa condition physique ou mentale.
> Les bénéfices physiques
Sous l’effet de la poussée d’Archimède, l’immersion diminue les effets de la pesanteur, permettant ainsi une évolution dans un espace à trois dimensions sans efforts importants.
Cette sensation de liberté retrouvée pour les personnes ayant perdu l’usage de leurs membres, quels qu’en soient la cause et le degré d’atteinte, peut être une source émotionnelle intense (à ce sujet lire les témoignages récoltés en pages 44-49). La possibilité d’utiliser parfois le peu de force musculaire restant, sans les fortes contraintes de résistance du milieu ambiant, agit comme une kinésithérapie douce et progressive. L’immersion offre aussi de renforcer, par l’entraînement progressif, la respiration et les fonctions cardiaques. Elle lutte également contre l’ankylose des articulations non sollicitées et permet un renforcement musculaire.
Soulignons qu’il est parfaitement établi maintenant que la sédentarité et l’inactivité entraînent une déshabituation à l’effort et génèrent leurs propres complications et risques pour la santé. Il n’est donc pas surprenant que le Médicosport classe les sports sous-marins comme ayant un gain très important de la condition physique générale par le travail sur la coordination motrice, la précision, l’adresse, la proprioception.
> Les bénéfices psychologiques
Les activités subaquatiques diminuent de manière importante le stress et l’anxiété alors que de l’autre côté, elles améliorent le bien-être psychique. Ces apports positifs sont probablement liés à la conjonction de plusieurs phénomènes : perte instantanée des repères sensoriels usuels, modification du mode de ventilation avec de courtes apnées entre chaque phase d’inspiration et d’expiration (que l’on retrouve dans les techniques de méditation et de « respiration en pleine conscience ») et baisse du rythme cardiaque.
À noter que ces bénéfices psychologiques obtenus semblent spécifiquement liés à la plongée. En effet, leur effet persistant ne se retrouve pas à travers la pratique d’autres sports. C’est la raison pour laquelle la pratique de la plongée et de l’apnée est actuellement étudiée dans la gestion du stress post-traumatique, avec un certain succès notamment chez des survivants de l’attentat du Bataclan.
> Les bénéfices psychiques
Plusieurs équipes médico-sportives utilisent de longue date la plongée comme outil d’accompagnement thérapeutique dans les troubles psychiques. Le milieu aquatique est un moyen privilégié dans l’apprentissage de la gestion des émotions avec des séquences pédagogiques très progressives. Une séance peut d’ailleurs débuter sans même envisager une immersion, simplement par l’action de mettre un pied dans l’eau. C’est ce que font justement les docteurs Daclin avec de jeunes autistes à Sète, ainsi qu'Henri Brosseau qui privilégie une approche psychanalytique et symbolique de l’eau. Ces vécus dans l’instant favorisent l’ouverture de portes de communications sensorielles pour des personnes qui vivent cloîtrées dans un monde intérieur et pour lesquelles les intrusions de l’extérieur peuvent être particulièrement stressantes.
> Les bénéfices cognitifs
Deux types d’apport sont reconnus. Tout d’abord, au niveau de la concentration, de la mémoire et de l’orientation spatio-temporelle (apports considérés comme très importants). Quant à ceux classés comme importants, ils concernent l’analyse de situation, la prise de décision et l’apprentissage.
> Le bien-être psychosocial
La reprise d’une activité physique, avec la dimension « aventure » de la plongée associée à la symbolique du monde sous-marin, amène au dépassement de soi et participe au renforcement de sa propre image. La pratique au sein d’un club de plongée permet de retisser du lien social et de s’extraire d’un univers dont les limites sont celles de l’autonomie restante. Les modalités de la pratique avec ses règles et procédures de sécurité, l’éducation au respect de l’environnement, la relation de confiance établie avec l’encadrant, l’intégration dans une vie associative sont autant de facteurs éducatifs sociaux qui participent fortement au bien être psycho-social. Enfin, la plongée permet de participer à des voyages dans une dynamique et une sécurité offertes par le groupe. De découvrir des horizons d’autonomie et de liberté insoupçonnés et, pour certains, de devenir d’authentiques globe-trotters de la plongée.
Ils regardent en particulier les blessés médullaires (BM), exposés à diverses fragilités. Ces dernières peuvent être cutanées, urinaires, thermorégulatoires, ventilatoires, algiques, orthopédiques, cardiovasculaires et médullaires. Dans le cursus de formation Handisub®, les encadrants y sont, bien sûr, sensibilisés.
> Les fragilités cutanées
Elles comprennent les escarres, plaies, hématomes, et autres brûlures. En immersion, la conjonction du déficit sensitif et de la mobilité réduite crée des situations à risque cutané en raison de la température, du milieu liquide qui modifie les propriétés cutanées et de la pression exercée sur les zones d’appui. Une escarre peut survenir en quelques dizaines de minutes et nécessiter des soins et un alitement de plusieurs mois. La prévention est donc primordiale. En plongée, on fait particulièrement attention aux moments de l’habillage, si la personne doit s’allonger, à tous les moments en position assise (conserver dans ce cas le plus possible le coussin anti-escarre), mettre des mousses et protéger plus particulièrement le sacrum pour la mise à l’eau et la sortie d’eau.
> Les fragilités urinaires et l’hydratation
Risque mécanique, infection urinaire (complication la plus fréquente avec l’escarre), déshydratation, hyper-réflexie autonome (risque vital par hyper-réactivité sympathique sous lésionnelle)…