Handisub® : pratique, règles, matériel… les évolutions de la plongée adaptée

Pascal Chauvière
Publié le 3 nov. 2020, modifié le 18 sept. 2024
Il est loin le temps où la commission médicale de mon comité régional me menaçait d’exclusion (ainsi que d’être dégradé de mon tout récent MF2 !) au prétexte que je proposais à des personnes amputées de plonger. Nous étions dans les années soixante-dix et tout restait à faire. Heureusement, la plongée pour les personnes en situation de handicap a depuis décollé, grâce notamment à Handisub®. Tant et si bien qu’en quelques années, cette initiative a grandement évolué. Par Pascal Chauvière, instructeur national et référent handicap FFESSM.

Depuis 2011, le concept Handisub® a réalisé des avancées spectaculaires, à l’instar de la loi « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », dite loi handicap et votée en 2005.

L’accueil des pratiquants en situation de handicap a progressé de manière évidente, de plus en plus de clubs et centres de plongée s’ouvrent à la plongée adaptée à la fois pratiquement (locaux et navires aménagés) et en formant leurs moniteurs. Et puis, rares sont, au niveau de la FFESSM, les départements qui n’ont pas encore nommé un référent Handisub®. Les dix ans de Handisub® méritent bien que l’on fasse un point sur le chemin parcouru, d’autant que ces dix années riches en (r)évolutions ne seront pas les dernières.

L’évolution des pratiques

Actuellement, la plongée sous-marine n’est plus la seule pratique ouverte à Handisub®. Toutes nos activités fédérales peuvent être proposées. Bien sûr, la commission technique se taille la part du lion, mais elle est suivie par l’apnée, le tir sur cible, la PSP et la NAP(1). Les commissions culturelles sont aussi présentes avec l’archéologie, la photo vidéo ou encore la biologie. Le développement de ces autres activités subaquatiques a été rendu possible grâce à la concertation et à l’autorisation donnée par les fédérations délégataires du handicap que sont la Fédération française du sport adapté (FFSA) et la Fédération française handisport (FFH).

Autre point, l’accueil d’un pratiquant Handisub®. Lui aussi s’est considérablement amélioré de manière concrète, à travers l’acquisition de dispositifs de mise à l’eau (potence, etc.) et autres matériels spécifiques. Mais au-delà de l’aspect pratique, la clé de la réussite est l’adaptation car il n’existe pas une formule standardisée pour recevoir un handiplongeur : l’accueil doit être personnalisé, pour ne pas dire sur-mesure. Une des raisons est que les prescriptions médicales conduisant vers une pratique Handisub® sont extrêmement variables. Ainsi un plongeur diabétique sera orienté vers une activité adaptée tout comme le sera une personne porteuse d’une hernie discale ou amputée des quatre membres. Personnellement, j’aime enseigner la plongée avec l’objectif de permettre à mon élève de retrouver une autonomie partielle. Ma devise est d’ailleurs « le handicap se dissout dans l’eau » !

Bien entendu, cette recherche d’une certaine liberté sera plus ou moins grande selon le niveau de handicap et la personnalité - le caractère - du pratiquant (à ce sujet justement, lire les témoignages des handiplongeurs en pages 44 à 49). Il n’y a donc pas une démarche unique à suivre : les encadrants d’un club feront selon les moyens techniques (potence de mise à l’eau, etc.) et physiques disponibles, tout en composant avec les souhaits du plongeur, sans oublier leurs convictions !

Au sujet de cette nécessité d’adaptation, je me souviens d’une discussion avec Jean-Luc Bertoncello de la FFH. Je lui affirmais que la majorité des plongeurs en situation de handicap était paraplégique. Mais lui, qui office à Annecy, m’affirmait que ses plongeurs étaient surtout tétraplégiques. J’en étais surpris, mais son explication a été convaincante : les blessés médullaires paraplégiques, habitant dans la région d’Annecy préfèrent pratiquer… le ski. Logique quand on vit au pied des montagnes. Sauf que pour un tétraplégique, la pratique du handiski est beaucoup moins accessible. C’est pour cette raison que ces derniers se tournaient vers la plongée dans le lac d’Annecy. Au final, si en bord de mer, la plongée adaptée concerne une majorité de pratiquants paraplégiques et donc ayant une certaine indépendance, ce n’est pas le cas en intérieur, dans les régions proches des stations de ski. Les pratiques Handisub® de nos clubs vont donc différer sensiblement pour s’adapter au niveau d’autonomie des personnes majoritairement rencontrées.

L’évolution de la réglementation

Un mot, maintenant, sur l’avenir de nos formations, principalement en plongée sous-marine. Sur l’échelle de la prise en compte du handicap de cette activité, les extrêmes sont faciles à gérer. Un plongeur atteint d’un handicap passager réintégrera un cursus valide dès qu’il a aura récupéré tous ses moyens, alors qu’à l’autre bout de cette échelle, un pratiquant tétraplégique ne verra, malheureusement pour lui, pas d’amélioration de sa condition et continuera à plonger toute sa vie selon les recommandations Handisub®. Mais, entre ces deux marqueurs, les choses doivent-elles rester figées ? On ne compte plus les plongeurs en situation de handicap, au demeurant pour certains devenus d’excellents pratiquants, qui nous demandent quelles possibilités s’offrent à eux afin de dépasser le PESH 40(2) afin de devenir autonomes voire enseignants.

Sensible à cette requête, l’équipe Handisub® étudie et réfléchit à des solutions, en partenariat avec les fédérations sœurs, FFH et la FFSA.

Illustration d'un ordinateur de plongée
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Illustration d'un mérou brunIllustration d'un rocher