De nos jours, les occasions de tremper ses palmes dans un endroit hors du commun sont rares. À moins d’être membre d’une expédition scientifique partie explorer les fonds du fin fond de la Papouasie (Expédition Lengguru de l’IRD en 2014), une passe tahitienne remplie de poissons en chaleur (Mission mérous en 2015) ou encore de passer sous la banquise (Under The Pole, Le piège blanc ou Adélie). Pour les frileux et ceux plus hédonistes que scientifiques, une autre option existe : le Mexique. Il est vrai que côté plongée, la réputation de ce pays d’Amérique Centrale est solidement établie. Sa côte Caraïbes abrite quelques merveilles, dont notamment la réserve marine de l’île de Cozumel et ses eaux tièdes voient défiler toute l’année du « gros » (requins bouledogues et espadons(1) l’hiver, requins-baleines en été).
Son rivage Pacifique n’est pas en reste avec, entre autres, baleines et otaries de La Paz(2). Cependant l’aventure à la fois rare et fabuleuse qu’offre cette destination ne se trouve pas dans de l’eau salée.
La piste à suivre mène, bien entendu, vers les fameux cénotes, ces puits d’eau douce qui parsèment le sol calcaire des forêts de la péninsule de Yucatán. Il suffit de se rendre à proximité des plus célèbres d’entre eux (Angelita, El Pit, Chac-Mool, Car Wash, etc.) pour apprécier le fort pouvoir d’attraction qu’ils exercent auprès des plongeurs du monde entier.
À la réflexion, les raisons d’un tel engouement sont des plus compréhensibles : dans une visibilité exceptionnelle, des concrétions millénaires, par endroits spectaculaires, sont à observer. Le mélange entre le monde minéral et le monde végétal, la sensation d’apesanteur procurée par la transparence de l’eau, les jeux de lumière quand le soleil est de la partie (ce qui est bien souvent le cas) contribuent à créer aussi une ambiance remarquable. Bref, s’immerger dans des endroits si singuliers représente un véritable régal. Une expérience qui pourrait être encore plus marquante si en raison justement de leur succès, il n’y avait pas parfois un relatif embouteillage à la mise à l’eau comme pendant l’exploration.
L’expédition mise en place par le centre Phocea Mexico a pour but de remédier à ce (relatif) problème de fréquentation en proposant un séjour original basé à Mérida, capitale du Yucatán. Accompagnés de Tristan, spécialiste de la plongée souterraine, nous explorons quelques joyaux, tels les cénotes Kankirixche, Noh Moson, Dzombakl, Yaaldudzil ou encore Nayah. Des plongées en petit comité à chaque fois car, en dehors de notre groupe, nous ne croisons personne.
À nous seuls, dans de l’eau tiède et cristalline, des descentes au fond de puits naturels, plus ou moins larges et hauts, et dans lesquels plongent les racines des arbres proches. Toutes ces cavités constituent autant de points de départ vers des galeries englouties, riches en stalactites, stalagmites et autres colonnes. Le dernier jour, direction Kanum. Notre guide nous annonce qu’avec ce cénote, il nous a réservé le meilleur pour la fin.