KAş La nature & l’histoire rencontrent la plongée

Yves Kapfer
Publié le 26 avr. 2019, modifié le 18 sept. 2024
Nous avons quitté Istanbul il y a une heure. L’Airbus A321 se glisse entre les sommets et descend progressivement dans la vallée. Nous survolons un grand lac de barrage. Dans quelques minutes nous atterrirons à Dalaman. Une voiture nous attend pour nous conduire à Kaş où nous arriverons après un peu plus de deux heures de trajet, coupé par une pause-café dans l’une des nombreuses stations-service qui jalonnent le parcours. Sur les trente derniers kilomètres la route longe le bord de mer et nous profitons ainsi d’un magnifique coucher de soleil. Il fait encore jour lorsque nous arrivons à l’hôtel Aqua Princesse situé en bord de mer face à la baie. Un reportage d’Yves Kapfer.

Une région chargée d’histoire

Situé tout au sud de la Turquie, sur la côte de l’ancienne Lycie, dans une région escarpée, au pied des monts Taurus, le petit port de Kaş n’était accessible que par la mer jusque dans les années cinquante et c’est seulement dans les années soixante-dix que la route côtière a atteint la ville. Cette situation isolée a freiné le développement immobilier et le tourisme récent est principalement axé sur la pratique des sports nautiques et de pleine nature : kayak de mer, plongée, randonnée, VTT, parapente. Cette région « à l’arrière pierreux et au devant humide » si l’on devait tenter de traduire en français les mots qui ont formé le nom de Kaş, en a conservé une nature sauvage, encore en grande partie intacte et un patrimoine culturel et historique d’une grande richesse, visible tant sur terre que sous l’eau. De nombreux tombeaux lyciens, dont le « sarcophage du roi », sont visibles en ville et dans les environs, ainsi que des restes de muraille et un amphithéâtre grec, toujours utilisé de nos jours. Les amoureux y viennent admirer le coucher du soleil un verre à la main.

Depuis l’Antiquité et au fil des siècles, ce petit port protégé par sa position en fond de baie, a été dénommé Port Habessos par les Lyciens en 2000 avant J.-C., est ensuite devenu Port Anthiphellos après l’invasion d’Alexandre le Grand, puis Andifli. Port de commerce important à l’époque antique, la pêche était et reste pratiquée essentiellement pour la consommation locale. Aujourd’hui, ce sont les touristes que les marins locaux promènent à la journée sur leurs embarcations, à la découverte des paysages côtiers et de l’archipel, ou pour se rendre à Meis, l’île grecque voisine, la plus grande de l’archipel qui ferme la baie.

Non loin de Kaş, l’île de Kekova, est un autre lieu chargé d’histoire. On y trouve les ruines d’une riche citée lycienne datant du IVe siècle avant J.-C., engloutie vers l’an 1000 des suites d’un tremblement de terre. Elle se découvre en bateau, en kayak, à pied et partiellement en PMT. Elle est dominée par la forteresse de Simena construite à l’époque des croisades par les chevaliers de Malte. De nombreux autres sites grecs, romains, lyciens et villages Turkomans sont à découvrir.

Une nature riche et préservée

La géographie, formée de roches karstiques escarpées, ne retient pas l’eau de pluie qui s’infiltre rapidement dans le sol. La végétation abondante est un maquis où poussent chênes et oliviers. Le printemps voit fleurir une grande variété de fleurs habillant le paysage de couleurs vives. Elle abrite une multitude d’oiseaux, dont de nombreux rapaces, que l’on peut observer lors de randonnées à la journée sur des sentiers bien balisés.

Une vie sous-marine en évolution

Sous l’eau, le paysage se modifie sensiblement. De grandes étendues de sable blanc proches de la côte nous conduisent à des fonds atteignant 120 m. La visibilité peut atteindre 50 m. La baie et les abords de l’archipel sont parsemés de secs, canyons, tombants et grottes. Les remontées d’eau douce sont nombreuses aux abords de la côte, créant à leurs emplacements une fine couche d’eau plus fraîche. La température de l’eau atteint 29 °C l’été et ne descend pas au-dessous de 17 °C l’hiver. La vie marine s’est adaptée à cet environnement. Elle offre la particularité d’accueillir plus d’une centaine d’espèces lessepsiennes. Certaines, comme le poisson lion, maintenant très présent, entrent directement en concurrence avec les espèces méditerranéennes, n’ayant pas encore trouvé de prédateurs.

Illustration d'un ordinateur de plongée
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Illustration d'un mérou brunIllustration d'un rocher