Les espèces invasives sont une menace écologique majeure pour les écosystèmes naturels pouvant induire de profondes altérations dans leurs fonctionnements et in fine dans le maintien de leurs usages pour les sociétés humaines. Le rythme de ces invasions biologiques tend à augmenter exponentiellement au cours du temps du fait de l’augmentation de la connectivité entre les différents écosystèmes et des activités humaines favorisant leurs déplacements. Actuellement, pas moins de 148 espèces non-natives sont recensées dans les eaux douces françaises ayant différentes potentialités d’induire des désordres écologiques. Citons à titre d’exemples le moustique tigre (Aedes albopictus), la moule zébrée (Dreissena polymorpha) ou encore le silure (Silurus glanis). Ce risque biologique grandissant pourrait compromettre les actions de restaurations écologiques menées par les gestionnaires d’écosystèmes pour conserver la qualité écologique des milieux naturels.
Les grands lacs alpins constituent un patrimoine naturel de première importance à l’échelle nationale et européenne soutenant une activité économique directe et indirecte majeure pour les territoires (plusieurs dizaines de millions d’euros annuels). D’importants travaux d’assainissement des eaux ont été menés au cours de la seconde moitié du XXe siècle pour lutter contre l’eutrophisation (enrichissement en nutriments) afin de conserver/restaurer leur qualité écologique (de l’ordre de 350 millions d’euros investis pour l’épuration des eaux du lac du Bourget pour donner un exemple). Ces actions ont permis le retour d’une très bonne qualité d’eau du fait des diminutions importantes des concentrations en phosphore favorisant le développement de poissons emblématiques tels que le corégone ou l’omble chevalier.
La crevette rouge sang, Hemimysis anomala, est un petit crustacé mysidacé (taille maximale = 15 mm) originaire de la région Ponto-Caspienne (figure 1) qui possède d’importantes tolérances vis-à-vis des conditions environnementales (amplitude thermique tolérée fluctuant de 2 °C à 28 °C et tolérance à des eaux saumâtres présentant une salinité jusqu’à 18‰)