Laurent Ballesta : Elles étaient multiples en effet. Il y avait d’une part la vision du biologiste. On ne possède pas le même regard d’une plongée à l’autre et l’idée d’observer un cycle complet au fil des différentes marées et des changements de courants, de constater de visu les modifications comportementales des poissons sans sortir de l’eau était le premier des moteurs. Après, bien sûr, il y avait le challenge technique et humain. Avec Jean-Marc Belin, nous y pensions depuis des années. Nous ne voulions pas que sur les 24 heures, une large part d’entre elles se passent au palier. L’idée simple mais géniale de Jean-Marc d’une déco à l’héliox puis à l’air pur a permis de limiter le problème et cela nous a incités à tenter l’aventure à Fakarava…
Laurent Ballesta : Je ne suis pas le premier plongeur qui a passé 24 heures dans l’eau. Mais nous voulions une vraie plongée saturante qui débouche sur de l’observation. J’aurais pu passer 24 heures dans une fosse mais quel intérêt pour un naturaliste ? Je ne suis pas certain que l’ennui ne m’aurait pas gagné dans un tube de béton… À Fakarava, j’ai vécu 24 heures de pure fascination. C’est un lieu idéal, complexe, changeant, d’une richesse inouïe. Et nous commençons à peine à en comprendre les mécanismes.
Laurent Ballesta : Pas très bon je dois l’avouer. Il y avait des risques bien sûr mais ils étaient parfaitement circonscrits. Avant de m’immerger à 15 heures, j’ai fait une sieste dont je suis ressorti pétri d’angoisse avec un mal de dos inhabituel, une migraine et un torticolis terribles.