Bien qu’elle soit connue depuis le XIXe siècle, la prolifération des algues filamenteuses n’a été mise en évidence que depuis les années soixante-dix. Ce n’est toutefois que dans les années quatre-vingt, période durant laquelle le phénomène s’est accru et a inquiété les plongeurs sous-marins, les apnéistes et les pêcheurs, que le processus a été davantage pris en compte. Ce phénomène à l’ampleur croissante pourrait même, dans quelques années, inquiéter les touristes même si le gel constitué des algues qui le composent et d’un probable mucus (les avis scientifiques divergent encore) est absolument sans aucun danger pour l’Homme. Ce dernier élément est consensuel.
Les études ne sont que très rares. Il n’en existe même qu’une seule pour l’instant (Pr Couté, comm. pers) et de nombreux manques de connaissances demeurent. La science pourra un jour dévoiler si des crédits sont alloués par les instances financières ! Un fait est avéré : depuis les années quatre-vingt, le phénomène est davantage récurrent et a lieu chaque année au printemps. Il peut se prolonger en été si des phénomènes de fortes houles ne viennent pas nettoyer la couverture épaisse d’algues filamenteuses jaunâtres. Il ne se produit pas partout mais dans des secteurs plus ou moins étendus de Méditerranée occidentale en particulier : le Nord-Est, la Corse, la mer Tyrrhénéenne et l’Adriatique.
Le phénomène se présente sous la forme d’une couverture plus ou moins lâche de filaments d’algues qui vient se déposer et dont les cellules se multiplient rapidement sur les organismes benthiques et sessiles (fixés sur le fond et sédentaires). Si la durée de présence est importante, des nécroses peuvent apparaître sur certains êtres vivants notamment les gorgones, particulièrement concernées par ce phénomène. Mais nombre d’autres espèces peuvent aussi être impliquées comme les éponges, les autres anthozoaires (animaux fleurs) et tous les animaux filtreurs tels que les moules ou les ascidies par exemple.
Pour des temps de résidence moins longs, il n’y a pas d’impact négatif visible. Il semblerait même que ces « touffes » puissent servir à certains organismes qui s’en nourrissent accessoirement comme les saupes. Elles en consomment et absorbent en particulier les polysaccharides (sucres complexes) produits par ces algues.
Ce phénomène s’amplifie mais aucune hypothèse scientifique n’a encore été validée de manière consensuelle même si les scientifiques pensent que ce processus :
> N’est pas lié à une pollution locale car elle peut se produire dans des eaux éloignées des émissaires en mer (canalisations rejetant les eaux usées plus ou moins traitées par les stations d’épuration) et d’autres sources de pollutions anthropiques (dues à l’homme). Ce n’est pourtant pas une raison totalement valable car les courants existent en mer et pourraient transporter des eaux enrichies en éléments nutritifs à des distances importantes.
> Dépendrait plutôt d’un enrichissement global en nutriments (éléments nutritifs dissous) des eaux côtières de la Méditerranée par des apports croissants et continus des pays riverains (émissaires, fleuves et rivières de plus en plus riches en nutriments notamment les nitrates et les phosphates, manque de stations d’épuration dans les pays du Sud de la mer Méditerranée).
> L’augmentation des sels nutritifs pourrait provenir aussi de phénomènes d’upwelling (remontée d’eaux froides et riches en nutriments selon les vents, courants et topographie sous-marine) ce qui expliquerait leur prédominance en zone de coralligène où les upwellings se font sentir.
> Pourrait être lié au changement climatique en favorisant la stagnation des eaux chaudes en surface ou en zone euphotique en particulier (zone où la lumière permet encore la photosynthèse).
Plusieurs de ces causes pourraient agir en synergie.
Le gel pourrait (c’est à étudier) gêner la respiration, la nutrition et la photosynthèse de beaucoup d’organismes méditerranéens et avoir un impact certain sur la valeur esthétique et paysagère des fonds pour la plongée. Ceci a aussi été le cas lors de l’envahissement par la Caulerpa taxifolia qui montre maintenant des signes évidents de régression.