L’eau douce et les écosystèmes aquatiques continentaux sont très importants mais aussi très fragiles. L’hypoxie est le terme barbare qui désigne le seuil de concentration d’oxygène dissous dans l’eau en dessous duquel les organismes aquatiques peuvent mourir. Généralement on utilise le seuil de 2 mg O2 L-1. Sous cette valeur, l’oxygène manque donc cruellement au développement de la vie, exception faite peut-être de certains micro-organismes. L’hypoxie due aux activités humaines implique actuellement des conséquences écologiques graves : diminution de la biodiversité, altération des réseaux trophiques et parfois la mort en masse des organismes. Pourtant, il n’existait pas jusqu’à présent de reconstitution de la dynamique de l’hypoxie à l’échelle globale pour les lacs.
Si l’hypoxie des milieux aquatiques peut être d’origine « naturelle », comme observé par exemple dans le lac Pavin en Auvergne au cours des derniers millénaires, son développement généralisé en domaine marin-côtier pendant les 50-100 dernières années résulte en revanche de la contamination en nutriments d’origine humaine.De plus, le réchauffement climatique est également une cause de la diminution de l’oxygène : l’augmentation des températures conduit à l’augmentation de la respiration, à la diminution de la solubilité de l’oxygène et à la diminution de la ventilation par cause d’intensification de la stratification.
Si les processus et les forçages (disons les causes) impliqués actuellement dans le développement de l’hypoxie sont bien connus, la part respective des uns et des autres au cours des derniers 300 ans n’avait pas encore été étudiée.
Seul un suivi à long terme du taux d’oxygène d’un lac peut permettre d’en éclaircir les causes, mais ce type de suivi est rarement disponible.
L’étude conduite par l’équipe du Centre Eau Terre Environnement de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) est donc très originale et tente de donner un recul historique sur les causes principales de l’hypoxie grâce aux archives sédimentaires lacustres.