Au centre des Philippines, l’archipel des Visayas regorge de véritables merveilles terrestres et sous-marines. Considérés comme une des destinations les plus riches en espèces sous-marines, les Visayas offrent d’infinies possibilités de rencontres. Quel meilleur moyen que la discrétion d’un recycleur, lors d’un safari itinérant, pour découvrir toute cette incroyable biodiversité ? Un reportage, texte et images, de Fabrice Dudenhofer.
Malapascua, Cabilao et Camotes : trois îles qui se trouvent au cœur des Visayas. Cadre idyllique pour bon nombre de plongeurs, la région offre énormément de possibilités : de belles plages, des décors verdoyants, des sites de plongée variés et une biodiversité remarquable. Tous ces atouts sont parfaitement connus d’Abyssworld. Cela fait bientôt 30 ans que le voyagiste organise des safaris plongée. À mi-chemin entre la croisière et le séjour, la formule permet d’associer découvertes sous-marines et terrestres dans un esprit des plus authentique.
Il était des plus logiques que pour une première édition réservée à la pratique du recycleur, un tel séjour soit organisé ici, aux Philippines. « Cela faisait quelques années que certains de nos clients étaient désireux de ce genre de voyage », explique Laurent Touret, spécialiste Tek et recycleur chez Abyssworld. « C’est pourquoi nous avons décidé d’équiper notre plus grand bateau, le Sagana, en conséquence, de façon à être complètement autonomes en ce qui concerne les gaz. » (lire par ailleurs). Mais si le recycleur a de nombreux avantages, il nécessite néanmoins une logistique importante qui prend de la place. « Pour pallier ceci, c’est-à-dire conserver notre confort et bénéficier d’un maximum d’espace à bord, précise Vincent Brocas, manager Abyssworld Philippines, nous avons volontairement réduit la capacité à douze plongeurs au lieu de dix-huit normalement. »
Une fois hommes et recycleurs embarqués, les trajets entre les différents sites de plongée ont été optimisés grâce à la compétence de l’équipage philippin. Bruce et son équipe ont une parfaite connaissance de chaque recoin de l’archipel, qu’ils sont fiers de partager avec l’ensemble des participants.
Malapascua constitue la première étape de ce safari. L’île fait 2,5 km de long et ne dépasse pas 1 km de large. L’endroit est touristique mais reste paisible et agréable. Tout est à échelle humaine. On se sent bien à Malapascua, l’ambiance est saine et détendue, on y vient pour profiter de la douceur du soleil et de la tiédeur de l’eau, pour plonger, bien entendu, et tenter d’observer un animal réputé, le requin renard. Ainsi, très tôt chaque matin, une armada de bankas quitte la côte de l’île pour rejoindre le haut-fond de Monad Shoal. Une trentaine de minutes de navigation plus tard, voilà que les « recycleux », à peine réveillés, s’immergent dans les eaux encore sombres, les premiers rayons du soleil n’effleurant que timidement la surface de la mer… S’élevant des profondeurs, une silhouette oscille lentement. La luminosité est encore faible mais il est là, je le reconnais, grâce à sa caudale presque aussi longue que son corps et à sa robe argentée……………
La Sardaigne n’est pas avare en vestiges engloutis. Notamment de navires de la Seconde Guerre mondiale. C’est depuis le port de Villasimius que le photographe Gilles Di Raimondo s’est aventuré, en recycleur bien sûr, jusqu’à près de 100 mètres de fond pour explorer deux de ces épaves les plus emblématiques, le Bengasi et le Lorendan. Il en a ramené de superbes clichés qu’il partage dans ces pages. Texte Olivier Clot-Faybesse, images Gilles Di Raimondo.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, si une grosse partie des combats maritimes eut bien lieu dans l’Atlantique, la Méditerranée n’a pas été en reste, ses flots bleus ayant été le théâtre de nombreux affrontements. En particulier lorsque les forces de l’Axe (Allemagne et Italie) et les Alliés (Américains et Anglais) s’affrontèrent pour la conquête de Malte et de l’Afrique du Nord. Alors qu’en Atlantique, les fameux U-Boote allemands terrorisaient les convois alliés (lire en pages 94 à 98), en Méditerranée, ce sont surtout les sous-marins anglais qui étaient, à juste titre, redoutés. À l’exemple du submersible HMS Truant, qui infligea de nombreuses pertes à la flotte italienne pendant la guerre.
Une de ses victimes a été le transport mixte (passagers et fret) Bengasi. Construit en 1912 par le chantier naval d’Ancône, ce navire, long de 84,5 mètres et large de 11 mètres, a été coulé le 6 mai 1941 lors d’un trajet de Naples à Cagliari, à un mile nautique environ de l’île de Cavoli. Reposant à grande profondeur, près de 100 mètres au sable, son épave est peu visitée. Elle reste surtout préservée des chasseurs ou pilleurs de souvenirs en tous genres. En témoignent ses cales encore remplies en 2019 de vaisselle et donnant à admirer des centaines d’articles de toutes sortes et dimensions (verres, bouteilles, vases, flacons, plats, etc.) ! Le Bengasi affiche également un excellent état de conservation pour un navire ayant passé près de 80 ans sous l’eau. De plus, ce vieux paquebot italien est mis en valeur par la visibilité qui règne, remarquable malgré la distance avec la surface. Une visite à haute valeur historique fascinante…
Changement de décor pour le Loredan, un autre navire italien. En effet, l’épave de ce cargo, long de 72 mètres, repose près de la réserve marine du cap Carbonara…………
Entre le 1er et le 25 juillet dernier, quatre plongeurs ont vécu confinés dans une station bathyale. Autorisant la plongée à saturation, ce système de caissons pressurisés leur a permis de sillonner pendant presqu’un mois la côte méditerranéenne, entre Marseille et Monaco. Leur seule liberté ? Sortir en recycleur pendant quelques heures d’affilée dans les profondeurs de chaque site sous-marin, soit une vingtaine visitée. Cette expédition scientifique a permis d’en dresser, avec succès, un état des lieux, en particulier de leurs écosystèmes méconnus. Compte rendu des principaux résultats obtenus. Par Julie Deter, directrice scientifique de Gombessa V - Planète Méditerranée. Images Laurent Ballesta, Andromède Océanologie, Gombessa V
À travers 31 plongées, pour 400 heures de sortie au total, Antonin Guilbert, Thibault Rauby, Yanick Gentil et Laurent Ballesta ont exploré, dans le cadre de l’expédition Gombessa V, les fonds méditerranéens entre - 60 et - 144 mètres pour réussir trois types de défis : un défi technique en plongée, un défi d’images et un défi de sciences. En alliant pour la première fois à des fins d’exploration, la plongée autonome en recycleur et la plongée à saturation, des immersions libres de trois à quatre heures sans pallier de décompression ont été possibles. Ce temps long en comparaison à une plongée classique a permis d’étudier les écosystèmes profonds en réalisant des protocoles scientifiques établis avec des partenaires de divers organismes de recherche français et étrangers.
À ce jour, le premier bilan des résultats obtenus peut se détailler comme suit. Tout d’abord, le mariage du recycleur et de la plongée à saturation est une réussite. Cette association repousse la limite des possibilités un peu plus loin pour de futures missions d’études et de travaux dans la zone mésophotique jusqu’à - 150 mètres. Ensuite, presque chaque plongée a permis de récolter des photos et vidéos inédites, d’espèces ou de comportements animaliers jamais illustrés jusqu’à présent. Comme l’anthias-perroquet, la morue cuivrée, la cardine tachetée, les parades nuptiales des murènes ou encore les accouplements et la ponte du calamar veiné…
Un inventaire des poissons présents sur six sites est en cours à partir de l’ADN environnemental extrait de l’eau prélevée de la surface jusque - 120 mètres. Sur ces profils de profondeur, les variations de composition des communautés de poissons seront étudiées pour éventuellement mettre en évidence des populations particulièrement profondes d’espèces de surface (effet refuge des profondeurs) ou des seuils thermiques en deçà desquels certaines espèces ne sont plus présentes (effet physiologique). La composition des espèces présentes dans les habitats remarquables tels que les champs de laminaires ou les massifs profonds sera examinée afin de déterminer l’importance écologique de ces derniers.
Une espèce, l’uranoscope, a été échantillonnée afin d’en extraire et séquencer son ADN pour compléter la base de référence qui permettra, à terme, d’identifier les 250 espèces de poissons côtiers de Méditerranée nord-occidentale à partir de leur empreinte génétique laissée dans l’eau………