L’halieutique ou l’exploitation des ressources vivantes aquatiques : Une science protéiforme

Stephan Jacquet
Publié le 22 févr. 2017
La dégradation des écosystèmes exploités requiert une science halieutique plus protéiforme. Ça veut dire quoi ? Hilaire Drouineau (Irstea), secrétaire de l’Association française d’halieutique (AFH) et l’ensemble du bureau de l’Association* (issus de divers instituts de recherche tels que l’IFREMER, l’IRSTEA, l’IRD** ou encore l’Agrocampus Ouest - Université Bretagne Loire) nous éclairent.

L’Association française d’halieutique réunit environ 200 scientifiques français de divers organismes d’enseignement supérieur et de recherche, de diverses disciplines, tous intéressés par l’halieutique (la science de la pêche, mais aussi des ressources aquatiques exploitées, des écosystèmes qui les supportent et des systèmes d’exploitation). Tous les deux ans, l’association organise un colloque scientifique de trois jours. Le dernier a eu lieu en juillet 2015 à Montpellier. L’occasion de faire un point sur les grandes tendances et les grands défis auxquels fait face la communauté. Cet article repose en grande partie sur les présentations faites au cours de ce colloque et qui sont consultables en ligne :

association-francaise-halieutique.fr/conferences/

Les écosystèmes aquatiques sous la menace des changements globaux

Une simple statistique résume l’importance des écosystèmes aquatiques pour la population mondiale : selon la FAO*, les poissons procurent près de 17 % des apports en protéines animales pour la population mondiale. Cette proportion dépasse même les 20 % pour 2,9 milliards de personnes. La pérennité de ces ressources est donc essentielle pour les sociétés actuelles et les générations futures. Elle est pourtant largement menacée par la dégradation des écosystèmes aquatiques, marins ou continentaux, sous l’effet des changements globaux induits par les activités humaines. Le changement le plus connu du grand public est indéniablement le dérèglement climatique qui se traduit par une multitude de modifications à tous les niveaux des écosystèmes marins. Ses effets sur la production primaire, qui est à la base des réseaux trophiques, et sur l’acidification des océans liée au piégeage du carbone atmosphérique, pourraient avoir des répercussions très fortes sur le fonctionnement global de l’océan mondial et sur la production halieutique qui en est issue. Le réchauffement climatique n’est pourtant pas la seule menace : la fragmentation des écosystèmes, l’arrivée d’espèces invasives, les apports massifs de contaminants, d’azote et de phosphates et la surexploitation des ressources sont autant d’autres composantes des changements globaux. Face à ces menaces, quelles sont les grandes évolutions observées dans la science halieutique française et mondiale ?

Une science qui travaille à toutes les échelles biologiques

Historiquement, l’halieutique a travaillé prioritairement à l’échelle des populations. Au travers de modèles de dynamiques des populations, les scientifiques fournissaient, et fournissent encore aujourd’hui, des diagnostics sur l’état des stocks exploités et des avis à destination des gestionnaires des pêches. En Europe par exemple, ces avis scientifiques interviennent en amont de la fixation des quotas de pêche. L’halieutique a ainsi derrière elle une longue expérience de recherche finalisée au service notamment des politiques publiques de gestion des pêches.

Illustration d'un ordinateur de plongée
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